La Chronique Agora

La BNS choque les marchés

▪ »La Suisse lâche l’euro », me disait Simone Wapler avant-hier…

… « et je parie qu’Angela Merkel surveille avec attention le processus », a-t-elle continué.

L’événement de la semaine qui vient de s’écouler a bien entendu été l’annonce choc, par la Banque nationale suisse, de l’abandon du cours plancher du franc suisse — en place depuis 2011. Cette décision a pris les marchés par surprise, surtout que, comme le rappelle Les Echos, « le mois dernier, la BNS avait même pris de nouvelles mesures pour défendre le plancher du franc ».

Que s’est-il donc passé pour que nos voisins changent aussi soudainement d’avis ?

Cécile Chevré avançait une réponse hier dans Les Marchés en 5 Minutes :

« Cette semaine, l’euro est même tombé au plus bas depuis sa création en 1999. Face à cette chute, la BNS avait deux solutions :

Poursuivre l’impression monétaire, et de manière encore plus massive pour tenter de maintenir cette fameuse parité. Ce qui serait revenu à s’attacher fermement à un désespéré bien décidé à sauter du pont…

– Soit laisser filer le franc par rapport à l’euro.

C’est cette solution qui a été privilégiée par la BNS. J’imagine qu’elle a ses raisons. Avant de prendre sa décision, j’imagine que la banque centrale suisse a fait appel à tout un panel d’économistes et d’analystes pour leur demander leur sentiment quant à l’avenir de l’euro et de la Zone euro.

Ceux-ci ont dû rappeler que la Zone euro était fragilisée des deux côtés par la Grèce et l’Allemagne, deux pays qui ont quelques raisons de vouloir claquer la porte du projet européen.

Ils ont dû aussi souligner que les perspectives économiques de la zone n’était pas particulièrement réjouissantes… et que selon toutes probabilités, la BCE allait annoncer la très attendue naissance d’un quantitative easing européen (EQE) le 22 janvier prochain.

Or qui dit QE dit impression monétaire et donc affaiblissement de la monnaie. Nul besoin d’être économiste ou analyste pour tirer de tout cela une très logique conclusion.

[…] La BNS, sur les constatations des économistes, a dû en conclure que l’euro n’était :

1. pas près de relever la tête
2. qu’il allait certainement s’enfoncer encore…
3. … et qu’il était grand temps pour la Suisse de prendre le large.

Evidemment, la Bourse suisse n’a pas particulièrement apprécié la nouvelle puisqu’une envolée du franc va pénaliser les exportations helvètes. Un rapide coup d’oeil sur le site de la Banque mondiale m’apprend ainsi que les exportations de biens et services représentaient 72% du PIB suisse en 2013. On comprend mieux le vent de panique qui a soufflé sur les indices suisses…

[…] Mais pourquoi le CAC 40 (et les autres indices européens) ont-ils décroché après la décision de la BNS ? Je ne suis pas dans la tête des marchés mais je suppose qu’ils ont pris peur devant le constat qui sous-tend l’annonce de la BNS, à savoir que cela ne va pas bien pour la Zone euro ».

Décidément, 2015 s’annonce comme une année extrêmement agitée, sur tous les plans… Nous vous en reparlerons très prochainement, car nous sommes en train de mettre sur pied un nouveau rapport spécial consacré aux banques — qui sont exposées en ce moment à des risques extrêmes. Analyses, conseils et solutions sont à venir d’ici la fin du mois, restez à l’écoute.

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Le mot de la fin revient à mon collègue américain Dan Amoss :

« Nous assistons en ce moment à l’érosion de 500 ans de système financier suisse sain ».

Pendant un demi-millénaire, les Suisses se sont fièrement tenus à une finance saine, une épargne et des investissements prudents. Ils étaient les intendants des actifs financiers. Un homme sain d’esprit enfermé dans un asile psychiatrique.

A présent, avec des taux d’intérêt négatifs, ils ont abandonné et ont pris une camisole ».

Ne faites pas comme eux, cher lecteur : gardez la tête froide !

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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