La Chronique Agora

Blé, maïs, coton, soja, café… Acheter aujourd'hui un "panier agricole", une idée rentable ? (2)

Nous poursuivons l’étude entamée hier de notre "panier softs". Après le blé, le soja et le sucre, passons au café, au coton et au maïs. La question est de savoir s’il faut investir dans un panier agricole avec une optique d’investissement de 12-18 mois.

▪ La tendance du coton depuis un an est résolument haussière
Ceci avec un cours en hausse de 100% en un an. Ce qui le ramène à une encablure du pic atteint début 2008. La récolte américaine (2009/2010) est la plus faible enregistrée depuis 20 ans. Or les Etats-Unis sont le second plus gros producteur mondial de coton (20% de l’offre mondiale) et de très loin (40%) le plus gros exportateur. La production mondiale devrait alors chuter sur la saison en cours de 15%.

Face à l’offre en berne, la demande s’affiche en forte hausse, le redémarrage de l’industrie du textile aidant. La Chine, plus gros importateur de la planète, s’est ruée sur le marché international pour combler son déficit de production, faisant flamber le cours. Cette année, le marché sera déficitaire et le stock mondial de coton de fin de saison devrait plonger de 13%.

Notre souci ici est que l’essentiel de la hausse est clairement derrière nous. Le potentiel haussier nous paraît aujourd’hui limité. Car les cours pourraient se retourner, surtout que l’on s’attend à une production en forte hausse la saison prochaine, les arbitrages des agriculteurs en faveur du coton devant jouer à plein. Attention, prudence.

Du côté du café, la tendance est haussière
Cette saison, le marché est fortement déficitaire, étant donné la chute importante de la production mondiale (toujours les caprices d’El Niño). Ce qu’il faut retenir ici, c’est que la demande devrait atteindre 145 millions de sacs (60kg) d’ici cinq ans, soit un rythme de croissance de 2% à 3% l’an, alors que l’offre devrait stagner autour des 125 millions de sacs par an. Ce qui finira par creuser le déficit et accroître la volatilité des cours. Hausse du coût du travail, du prix des engrais, faiblesse du dollar, restriction de crédit, l’offre aura du mal à suivre la demande. Les cours devraient donc rester à des niveaux élevés, voire progresser encore.

▪ Reste le maïs. Et là, encéphalogramme plat
Son cours évolue en range, non loin de ses plus bas. Les Etats-Unis, de loin le plus gros producteur mondial (40% de l’offre), s’attendent à une récolte 2009/2010 exceptionnelle. La production mondiale devrait être abondante.

Parallèlement, la demande est attendue en forte hausse (+4,5%), et la saison devrait même se solder par un déficit, donc par une ponction sur le stock mondial, relativement bas. Voilà un élément de soutien au cours. Sachez également que le cours du maïs est corrélé à celui du pétrole. Plus ce dernier grimpe, plus l’éthanol devient compétitif.

En outre, le secteur de l’éthanol est soutenu par le plan Obama, n’oubliez pas. La demande de maïs devrait aussi être soutenue par la hausse de la consommation mondiale de viande — une grande partie de la production de maïs servant de fourrage au bétail –, aussi bien dans les pays émergents dont le pouvoir d’achat des ménages augmente, que dans les pays de l’OCDE si la sortie de crise est avérée. En résumé : tendance potentiellement haussière de la demande sur les 12 prochains mois, stock relativement étroit, et niveau d’offre qu’il sera difficile de répliquer la saison prochaine (2010/2011). Les cours devraient donc rester faibles jusqu’à l’automne, mais nous tenons un potentiel de hausse dans les mois qui suivent. Hausse mesurée. Ne nous emballons pas.

▪ Finalement, vous aviez raison. Le flottement que vous ressentiez était justifié
A horizon d’un an, investir dans un panier agricole n’est probablement pas une idée très rentable. Même si à long terme, c’est clairement une tout autre histoire !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile