La Chronique Agora

Un Black Friday morose

Fed Inflation

A l’approche de noël, les consommateurs semblent avoir renoncé aux achats frénétiques propres à la période de fêtes… Mais que s’est-il passé ? 

Il semblerait que la fièvre acheteuse post-Thanksgiving n’ait pas été aussi forte que prévue. The Wall Street Journal : 

« Les ventes en magasin à l’occasion du week-end de Thanksgiving se sont révélées inférieures à leur niveau d’avant la pandémie et inférieures aux volumes de ventes enregistrés l’an dernier à la même période. Cela montre une fois de plus que le Black Friday ne représente plus le coup d’envoi de la saison des courses de Noël. 

Auparavant, les gens faisaient la queue à partir de minuit devant les magasins, qui ouvraient à 4 heures ou 5 heures du matin… » 

Que s’est-il passé ?  

La presse reprend un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) des Nations unies. Ce rapport nous dit que pour la première fois depuis le début du 21ème siècle, les travailleurs du monde entier s’appauvrissent : 

« Le rapport 2022 de l’OIT sur les salaires dans le monde montre que, pour la première fois depuis le début du siècle, les salaires réels ont reculé en termes réels alors que la productivité a continué à croître. En effet, l’année 2022 révèle l’écart le plus important depuis 1999 entre la croissance de la productivité réelle des travailleurs et la croissance des salaires réels dans certains pays à hauts revenus. Si l’érosion des salaires réels affecte tous les salariés, elle a un impact encore plus fort sur les ménages à faibles revenus, qui dépensent une part plus importante de leurs revenus disponibles pour les biens et les services essentiels, dont les prix augmentent plus vite que les biens non essentiels dans la plupart des pays ». 

L’économie réelle à sang

 Un des thèmes que nous abordons de manière récurrente est le « massacre de la classe moyenne ».” Tout le monde sait que la classe moyenne souffre énormément en période d’inflation. Elle dépense la majeure partie de son argent dans des articles de consommation et comme les prix augmentent, elle perd du pouvoir d’achat.   

L’inflation détruit également la valeur du temps de la classe moyenne. Cette dernière vend son temps pour gagner de quoi vivre. Généralement, lorsque les taux d’inflation augmentent, les salaires réels baissent. Les pays avec des taux d’inflation élevés, comme l’Argentine, le Venezuela et la Turquie, sont généralement pauvres, avec une classe moyenne qui s’appauvrit. À l’inverse, les pays avec des taux d’inflation faibles, à l’instar de la Suisse, ont des classes moyennes prospères.   

L’été dernier, nous avons publié un article expliquant que les États-Unis étaient en train de subir une érosion des salaires sans précédent depuis 20 ans, avec une baisse des revenus de la classe moyenne de 2,8% (en rythme annuel) entre les mois de mars et mai. Pour obtenir ce résultat, il faut soustraire le taux d’inflation du taux de croissance des salaires nominaux. 

Visiblement, cette soustraction de niveau CE1 était trop compliquée pour la plupart des journalistes. Pas plus tard que la semaine dernière, ils déclaraient que les salariés avaient vu leurs salaires augmenter de 5,1%. C’est ridicule. Il fallait soustraire le taux d’inflation actuel de 7,7% pour avoir une idée objective de la situation. On pouvait alors voir que le marché du travail était en mauvaise santé, pas en bonne santé. Les bas salaires reculaient, au rythme de 260 points de base (2,6%) par an. En octobre, pour le 20ème mois consécutif, la classe moyenne s’est appauvrie.  

KO debout

Et maintenant que les consommateurs de la classe moyenne sont à court d’argent, c’est toute l’économie qui vacille. CNBC :      

« Les dépenses des ménages américains ont augmenté de 10% par rapport à l’an dernier, à cause de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt, a déclaré le PDG de JP Morgan, Jamie Dimon. Ils doivent désormais puiser dans leur épargne pour payer leurs dépenses.  

Le taux d’épargne des ménages, qui exprime l’épargne des ménages en pourcentage de leurs revenus disponibles, s’est replié à 2,3% en octobre, un chiffre largement inférieur au taux de 9% qui prévalait avant la pandémie. 

L’inflation érode tout », a déclaré Dimon sur CNBC. L’épargne des ménages, qui s’élève à 1500 milliards de dollars, se sera tarie, d’ici la mi-2023 ».   

Qui la récession frappe-t-elle le plus brutalement ? La classe moyenne, bien entendu. Ils perdent des emplois et des revenus, et leur principal actif corporel (leur logement) perd de la valeur. De la même manière, la stagflation est fatale à la classe moyenne. Les ménages de la classe moyenne voient leurs revenus diminuer, tandis que le coût de la vie augmente. 

Mais, si l’inflation, la récession et la stagflation font mal aux consommateurs de second rang, rares sont ceux qui osent demander pourquoi cela est monnaie courante. Après, la classe moyenne est la classe qui représente « le peuple » dans toute sa splendeur. Et si le gouvernement fédéral souhaitait agir dans l’intérêt de la majorité, il mettrait immédiatement un terme à l’inflation.  

Mais l’inflation se poursuit.   

Ce n’est pas sorcier de contrôler l’inflation. Il suffit d’arrêter de dépenser l’argent que l’on n’a pas. Il suffit d’arrêter de prêter de l’argent à des taux d’intérêt inférieurs au taux d’inflation. Il suffit d’arrêter de faire tourner la planche à billets pour combler les insuffisances budgétaires.    

Mais la plupart des gouvernements continuent à dépenser sans compter et à faire tourner la planche à billets. L’inflation accélère presque partout. Et pour la première fois dans l’histoire moderne, la majeure partie de la classe moyenne (les gens qui font tourner le monde), dans tous les pays ou presque, sont confrontés à une période morose de forte inflation et d’érosion des conditions de vie. 

Quelles sont les véritables causes de ce phénomène ? 

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