La Chronique Agora

Bitcoins et autorités politiques

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▪ « Euh… Tu as vendu ces bitcoins comme je te l’avais conseillé ? »

Votre correspondant a quatre fils. Plusieurs ont investi dans les bitcoins. Ils pensaient que c’était la monnaie du futur.

« Attention », a averti leur père. « Les gouvernements essaient toujours d’anticiper l’avenir… pour l’empêcher de se produire. Or on a là un avenir que les autorités veulent tout particulièrement stopper. Elles ont le monopole de l’argent. Elles n’abandonneront pas sans lutter ».

On a appris cette semaine que la bataille avait commencé. Le Financial Times nous en dit plus :

« Coup dur pour Bitcoin avec la saisie de 3,6 millions de dollars ».

Les autorités ont attaqué par le flanc. Elles ont fermé le « Silk Road » — décrit comme étant un « bazar » et un « marché noir ».

Un marché noir nous semble être une bonne chose. Moins de zombies à surveiller. Juste des escrocs, des crapules et la canaille habituelle.

Mais un marché noir semble aussi la sorte de chose à laquelle les autorités voudraient mettre bon ordre. Qui lève des impôts sur un marché noir ?

Dans la mesure où c’est sur le Silk Road que de nombreux partisans de Bitcoin transformaient leur argent en biens et en services, sa fermeture réduit considérablement la valeur de la nouvelle devise.

▪ Echec… ou manoeuvre ?
Vous en avez probablement assez de nous entendre énumérer tous les échecs des autorités. L’assouplissement quantitatif n’a pas engendré de reprise. Les renflouages n’ont pas créé d’entreprises solides. Les taux zéro ne mènent pas à des investissements utiles. Les déficits ne relancent pas l’emploi.

Toutefois, ces arguments sur la réussite ou le succès des politiques de la Fed ne sont rien que du vent tant que l’on n’a pas compris ce que ces politiques sont vraiment censées faire. Une reprise ? Le plein emploi ? Des investissements ? Les autorités s’en fichent complètement.

Si l’on prend l’emploi, par exemple, il serait tout à fait facile de créer des postes. Une conversation d’hier explique pourquoi :

– « Savais-tu que la France n’avait quasiment pas de chômage durant les 30 années d’après-guerre ? » a commencé Elizabeth. « Ensuite, depuis Mitterrand, le taux de chômage a toujours été élevé ».

– « Hmmm »…

– « Sarkozy, Chirac… tous les présidents promettent de créer des emplois. Apparemment, ils n’y parviennent pas vraiment. Ce n’est pas étonnant. Mitterrand a mis en place une telle quantité de lois pour protéger les travailleurs. Qui veut embaucher, maintenant ? C’est terriblement cher ».

– « Hmmm »…

– « Ils auraient dû réaliser ce qui se passe. Il y a quand même un lien évident entre l’augmentation du coût de l’embauche et le taux de chômage. S’ils voulaient vraiment réduire le chômage, ils aboliraient quelques-unes de ces lois ».

▪ Le véritable but des autorités
L’une des illusions les plus sottes des activistes de type Tea Party, c’est de penser que les autorités sont stupides. Ce n’est pas le cas. Elles ont seulement l’air stupide. Parce que leurs politiques sont généralement en porte-à-faux avec leurs buts déclarés. Plus on met en place de lois protégeant les travailleurs, par exemple, plus ces derniers voient leur situation empirer. C’est facile à constater aux Etats-Unis, notamment, où les revenus moyens, réels, disponibles d’un homme en âge de travailler sont désormais inférieurs à ce qu’ils l’étaient il y a 50 ans. Les opposants disent donc que les autorités ont « échoué ».

Ils sont à côté de la plaque. Toute activité politique a pour but de 1) gagner du pouvoir… 2) garder ce pouvoir… et 3) l’utiliser pour transférer la richesse, le statut et plus de pouvoir encore vers les initiés. Peu importe qu’on appelle ça de la « création d’emplois » ou de « l’aide étrangère ». Le but réel est toujours identique — même si nombre des initiés eux-mêmes ne s’en rendent pas compte.

Bitcoin représente une menace pour la capacité des autorités à escroquer les gens en manipulant la valeur de la devise. Ce « privilège exorbitant », comme l’appelait De Gaulle, vaut des milliers de milliards de dollars… et il est essentiel pour de nombreux autres programmes politiques — notamment la gestion des taux d’intérêt, le contrôle de la masse monétaire et le contrôle de l’inflation. L’IPC tel que calculé par les autorités leur permet de manipuler leurs coûts — la Sécurité sociale, les ajustements à l’inflation etc. — ainsi que la valeur de la monnaie elle-même.

Et vous pensez que les dirigeants allaient abandonner ça à une bande de geeks ? Aucune chance que ça arrive

Les autorités ont-elles échoué ? Non, au contraire… Elles sont désormais le groupe le plus prospère de la planète.

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