La Chronique Agora

Des biscuits en polystyrène

Injecter de la fausse monnaie dans le système économique pour lutter contre la crise, cela revient à donner à un homme affamé des biscuits en polystyrène…

Ces derniers jours, nous avons vu que la vraie science… avec ses doutes et ses limites… est facilement mise de côté au profit de la fausse science.

Cette « science » permet aux gens de « savoir » des choses impossibles à savoir… ou de croire des choses qui ne sont pas vraies.

Et – un peu comme la religion, avant qu’elle ne perde son statut – elle est utilisée par les élites pour assommer les masses, afin qu’elles restent à leur place.

Des fantasmes risibles

Ce n’est nulle part plus visible que dans la « science économique », où, ex cathedra, des gens intelligents se livrent à des fantasmes que même un enfant considèrerait comme risibles.

L’un de ces fantasmes est sous les feux de la rampe cette semaine – un renflouage de plus, actuellement débattu au Sénat US : l’idée qu’on peut aider un homme affamé en lui donnant des biscuits en polystyrène.

Les autorités n’ont pas de véritable argent. Tout ce qu’elles ont, c’est de la fausse monnaie qui, dans le meilleur des cas, fausse des signaux de prix essentiels, étouffe les taux d’épargne réelle, réduit les investissements de long terme et sape la santé de l’économie.

Il n’y a jamais eu de cas, de toute l’Histoire, où la fausse monnaie a aidé une économie.

Ma foi, la Réserve fédérale compte dans ses rangs plus de 400 économistes diplômés. Ils doivent savoir ce qu’ils font, non ?

Mauvaise nouvelle pour les électeurs

Hélas, ces derniers jours, les rois du renflouage ont bégayé. Les démocrates voulaient plus d’argent. Les républicains en voulaient moins.

C’était une mauvaise nouvelle pour les électeurs. S’il y a bien une chose sur laquelle les électeurs démocrates et républicains tombent d’accord, c’est celle-ci : ils veulent tous être renfloués – ils veulent tous plus d’argent des autres.

Quelle autre source y aurait-il ? Chaque dollar appartient actuellement à quelqu’un. S’il va à Paul, il doit venir de Pierre.

Cela montre jusqu’où la république américaine a sombré… au point où quatre électeurs sur cinq sont des sangsues éhontées, prêtes à vivre aux crochets des autres.

Mais les charlatans nous disent qu’ils ont de la magie à leur disposition… une connaissance qui surpasse la compréhension humaine… et qui permet de faire apparaître de la richesse – à partir de rien.

« Ne vous inquiétez pas pour Pierre », disent-ils. « Ni pour Paul, d’ailleurs. Cet argent est gratuit ! »

Une habitude difficile à perdre

Plusieurs programmes d’aide doivent se terminer fin décembre. Les gens vont devoir recommencer à payer leur loyer, par exemple.

Ils se sont habitués à l’argent gratuit, cependant. Ils pensent que les autorités sont là pour eux. Comme des investisseurs boursiers, ils s’attendent à un « renflouage » quand c’est nécessaire. Quel bazar ce serait si les renflouages n’arrivaient pas !

Les prix des actions chuteraient – probablement de moitié – et ne se remettraient pas. Le prolétariat – dont certains touchent actuellement plus d’argent en étant au chômage que lorsqu’ils travaillaient – devrait rapidement se remettre au travail.

Nous avons également vu hier ce qu’il s’est passé quand les autorités ne sont pas intervenues.

Durant la dépression de 1921, elles ont plus ou moins laissé les gens se débrouiller. L’économie US s’est donc rapidement débarrassée de ses entreprises faiblardes, de ses industries obsolètes et de ses mauvais investissements. En 24 mois, elle avait retrouvé la prospérité.

Par comparaison, les secours envoyés par les autorités après la crise des subprime de 2008-2009 ont stimulé les cours boursiers et rendu les riches plus riches. L’industrie – l’épine dorsale de l’économie de la classe ouvrière –, en revanche, ne s’est jamais remise.

Qui plus est, les renflouages ont ajouté quelque 20 000 Mds$ de nouvelle dette – pour les ménages, les entreprises et le gouvernement – qui rendent désormais quasi-impossible une reprise vigoureuse.

Un four complet

Ces 11 dernières années, les diplômés de la Fed ont travaillé dur. Utilisant des outils qui n’avaient jamais été entièrement opérationnels – comme l’assouplissement quantitatif (QE) – ils ont pu relancer comme jamais.

Ils ont quintuplé les fondations monétaires de la nation – le bilan de la Fed.

Ils ont mis leur taux directeur – celui qu’ils appliquent aux banques membres lorsqu’ils leur prêtent de l’argent – à zéro. En termes réels, il y est resté pendant plus d’une décennie.

Ils ont si bien renfloué Wall Street que le Dow est passé d’un plancher de 6 547 en mars 2009 à plus de 30 000 points cette année.

Pourtant, en termes d’utilité pour l’économie réelle et le ménage moyen – mesurés par la croissance du PIB –, le renflouage était un four. Toute cette relance a produit la reprise la plus faible depuis la Deuxième guerre mondiale.

Du pain et des jeux

Il nous semble clair, d’après cette expérience, que les mesures de « relance » sont une fraude. La « science » qui les sous-tend n’est que du charlatanisme. La théorie est ridicule. En pratique, les relances ne fonctionnent pas…

… Et, à la fin, tant Pierre que Paul seront dépouillés par l’inflation.

Peu importe : si les gens veulent du pain et des jeux… ils auront du pain et des jeux.

Ils ont été dressés à avoir un gouvernement clownesque – mais généreux. Désormais, ils en dépendent.

Si l’impasse politique autour du plan de relance se poursuit, nous verrons très probablement une panique – dans l’économie réelle ou sur les marchés. Peut-être les deux.

Ensuite… sortez les biscuits en polystyrène !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile