▪ A son retour d’un voyage au Myanmar (Birmanie), Archibald Colquhoun a décrit avec enthousiasme les opportunités que présente le pays. Il a d’ailleurs à ce sujet écrit un livre, Burma and the Burmans : Or, « The Best Unopened Market in the World » [« La Birmanie et les Birmans ou ‘le meilleur marché fermé au monde' », NDLR].
Colquhoun décrit avec verve les ressources pétrolières du pays, son jade, son or, son cuivre et son charbon. Il y a trouvé des forêts de tecks luxuriantes, des zones de pêche non polluées et des vallées fertiles. Sans oublier le potentiel que représente la réouverture des anciennes routes commerciales reliant la Chine et l’Inde.
Le fait est que, il a écrit tout cela en 1885.
Mais Colquhoun avait raison. Dans les années 1920, la Birmanie était un centre régional relativement riche. Mais après cette croissance d’avant-guerre, le Myanmar a traversé une longue période de déclin et d’isolement, entretenue par un Etat oppressif. Aujourd’hui, le Myanmar est à nouveau sous le feu des projecteurs car le pays a entrepris de grandes réformes et s’ouvre au monde extérieur. Un marché de 60 millions d’habitants s’apprête à entrer dans l’économie mondiale. La Birmanie est un grand pays, plus grand que la France, riche en ressources naturelles et avec un potentiel encore inexploité.
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Voici quelques points intéressants extraits d’un rapport d’UBS intitulé « Sur le sol du Myanmar ». Plus particulièrement, l’auteur de ce rapport, Ian Gisbourne, dresse certaines comparaisons avec la Thaïlande, pays qui était quasiment au même niveau il y a 80 ans et dont les populations sont proches aujourd’hui :
– plus de touristes entrent en Thaïlande en une semaine qu’au Myanmar en une année ;
– rien qu’à Bangkok on compte plus de chambres d’hôtel que dans tout le Myanmar ;
– la consommation actuelle d’énergie par habitant n’est que de 5% de celle de la Thaïlande ;
– on ne compte que 300 000 véhicules au Myanmar, alors qu’il y en a 5,4 millions en Thaïlande ;
– Yangon, ancienne capitale et plus grande ville du pays, ne compte que 740 immeubles d’habitations ; il y en a 15 000 à Bangkok ;
– le taux de pénétration des téléphones mobiles au Myanmar est de 1%. En Thaïlande, il est de 115% (certaines personnes en possèdent plusieurs) ;
– l’espérance de vie au Myanmar est de 10 ans de moins qu’en Thaïlande ;
– la Thaïlande utilise 43 fois plus d’engrais que le Myanmar.
Comme on peut le voir à partir de cette liste non exhaustive, il existe des opportunités dans le tourisme, l’hôtellerie, la production d’électricité, les voitures, la téléphonie mobile, la santé et l’agriculture. Le Myanmar est comme un marché figé dans le temps. Mais les choses changent.
▪ Nouvelle loi, énergie et agriculture…
Au moment où j’écris ces lignes, le gouvernement est encore en train de plancher sur une nouvelle loi sur les investissements qui sortira le pays de son isolement et clarifiera les règles du jeu.
Actuellement, la plus grande source d’investissements étrangers est le pétrole et le gaz. Le gaz naturel représente la plus grosse exportation du Myanmar (il fournit à la Thaïlande 21% de son gaz naturel.) Cependant, la totalité des exportations du Myanmar ne représente que neuf milliards de dollars — comparés aux 225 milliards de dollars de la Thaïlande. Il y a beaucoup à faire dans le domaine du pétrole et du gaz. Le Myanmar est en fait l’un des plus anciens producteurs de pétrole au monde. Le pays a exporté ses premiers barils dès 1853.
Dans le domaine de l’agriculture, le Myanmar est le deuxième exportateur mondial de riz. Les deltas riches en alluvions du fleuve Irrawaddy sont idéaux pour la culture du riz. Déjà en 1882, le journaliste écossais Sir James George Scott s’émerveillait de la fertilité de ces terres et de la facilité avec laquelle le riz était cultivé. « Les plus paresseuses des exploitations agricoles sont les marécages », écrit-il, « où les pluies ordinaires suffisent à produire le sol détrempé nécessaire à la culture du riz ». Il continue :
« Le sol [de Birmanie] est si riche qu’il suffit de le gratter pour faire pousser en abondance… La mousson du sud-ouest, qui commence début juin, réduit rapidement le sol à une douce mer de boue ».
Aujourd’hui encore, la plupart des habitants du Myanmar travaillent dans des exploitations agricoles où sont cultivés plus de soixante produits différents — blé, haricots, caoutchouc, sucre et graines oléagineuses.
▪ … sans oublier le tourisme et l’immobilier
En outre, le Myanmar possède plus de 3 000 km de littoral. Des plages de rêve s’étendent à l’infini, quasiment vierges de toute trace humaine. Seuls quelques bâtiments sont sortis de terre (il existe des règlements curieux et amusants, comme celui qui exige qu’aucun immeuble ne soit plus haut que les cocotiers). Plus de 800 îles restent encore inexplorées dans la mer d’Andaman. Le pays est une source importante de poisson frais et de fruits de mer. Rien qu’à lui seul, il représente l’une des plus importantes sources de bois dur dans le monde.
L’immobilier offre également de grandes opportunités. J’ai déjà mentionné les hôtels. Mais il n’y a quasiment eu aucune construction d’aucune sorte à Yangon (l’ex-Rangoun). Gisbourne remarque qu’un seul centre commercial à Bangkok offre plus de magasins que sur tout Yangon — une ville de quatre millions d’habitants ! De même, un immeuble de bureaux sur Sathorn Road à Bangkok a une plus grande superficie que tous les bureaux de Yangon.
A mesure que se développe l’économie, la demande pour des hôtels, des bureaux et des centres commerciaux augmentera énormément. Sans oublier la demande pour des chemins de fer, des autoroutes, des pipelines et des raffineries, des tours de téléphonie cellulaire et des centrales électriques.
Naturellement, de telles prévisions peuvent s’avérer totalement fausses ou prendre beaucoup plus de temps à se réaliser que prévu. J’ai lu le grand classique de Norman Lewis Terre d’or, voyage en Birmanie. Ce livre est sorti dans les années 1950. Il décrit de façon fort enthousiaste les perspectives de la Birmanie. Pourtant un coup d’Etat militaire a eu lieu moins de 10 années plus tard, qui plongea la Birmanie dans une période sombre de son histoire pendant près de 50 ans.
On ne peut jamais savoir. Néanmoins, le meilleur moment pour s’intéresser à des régions comme celles-ci c’est lorsque qu’elles commencent juste à s’ouvrir. C’est le moment maintenant. Selon moi, la thèse d’Archibald Colquhoun datant de 1885 est en train de se jouer actuellement. La Birmanie, aujourd’hui appelée Myanmar, est le meilleur marché fermé du monde.