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Biotech, l'avenir de votre portefeuille

▪ La biotech, tête chercheuse de la pharmacie, est un bon stimulant pour vos investissements : 38% de hausse depuis le début de l’année pour l’indice Amex, qui regroupe le fleuron de la biotechnologie américaine. Dans un univers où il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus, notre sélection de fonds et d’ETF vous permettra d’adopter le bon compromis risque/rendement.

Vous avez subitement de la fièvre et des courbatures. Vous toussez. Grippe saisonnière ou grippe A, votre médecin vous prescrira du Tamiflu. Roche peut se frotter les mains, même si le mérite revient surtout à son découvreur, la société de biotechnologie américaine, Gilead Sciences.

Aujourd’hui, Roche est-il encore un pharmacien ou est-il devenu une biotech ? Ses succès tels que l’Avastin ou l’Herceptin (traitements en cancérologie), avec des ventes supérieures à cinq milliards de dollars, sont les trouvailles de son partenaire depuis vingt ans, la biotech américaine Genentech.

Aujourd’hui, 20% des médicaments mis sur le marché sont des biomédicaments, fabriqués à partir d’organismes biologiques vivants — bactéries, cellules de hamster ou de carottes… En 2015, ce sera la moitié, avance le Time. "La distinction entre pharmacie traditionnelle, chimique, et société de biotechnologie n’a guère plus de sens", analyse Xavier d’Ornellas, gérant du fonds CCR Actions Biotech.

Entre les deux, partenariats et acquisitions se multiplient. Entre biotechs également : entre août et mi-octobre, une cinquantaine d’accords ont été signés, selon l’association BioWorld.

La biotech, incubateur d’idées
"Le top 50 des sociétés de biotechnologie a dépensé environ 16,66 milliards de dollars en recherche-développement l’an dernier, issus de leurs revenus, contre 14,59 milliards de dollars en 2007", rappelle une étude de pharmalive.com. Pour certains leaders américains, ce budget représente entre 20 et 30% de leur chiffre d’affaires, alors que, dans la pharmacie traditionnelle, ces dépenses sont stables, à environ 12 à 15% des revenus (Euler Hermes Sfac).

La biotech est à l’avant-garde de la science médicale. Les grands groupes pharmaceutiques — les big pharmas — l’ont bien compris, eux qui sont confrontés à de multiples défis : tombée de nombreux brevets dans le domaine public dès 2010 ; concurrence pressante des génériques ; évolution des systèmes de santé — comme le montre l’épineux Obamacare aux Etats-Unis. "Dans un tel contexte, les grands laboratoires ont vu leur marge d’exploitation reculer de près de 28% en 2002 à 24% en 2007 et à 23,5% anticipés pour 2010", note L’Agefi, citant une étude d’Euler Hermes Sfac.

Pour reconstituer leurs pipelines — leurs portefeuilles de produits en développement –, les pharmaceutiques multiplient les rachats de biotechs : Roche a jeté son dévolu sur Genentech (mars 2009, pour 47 milliards de dollars), Merck sur Serono… Que cherchent les big pharmas ?

Des produits d’abord, afin de répondre à des domaines attrayants sur le plan commercial ou à des besoins non satisfaits. Dans l’oncologie, les maladies métaboliques (diabète, obésité…), la virologie et les maladies infectieuses, les vaccins, les besoins thérapeutiques sont importants.

En revanche, pour les maladies rares, même si le chiffre d’affaires total est limité par le nombre de patients, le bénéfice peut être très élevé, explique Rudi Van Den Eynde, gérant chez Dexia. Bien souvent, la marge brute est égale à environ 85%. Faites le calcul pour un traitement comme celui d’Alexion Pharmaceuticals, qui coûte presque 400 000 $ par an…

Kristina Ganea, qui pilote le fonds Nordea Biotech, apprécie la médecine personnalisée. "Les biotechs, que fabriquent des traitements adaptés à chaque profil génétique, s’épargnent des dépenses inutiles sur des médicaments inefficaces. Cela va dans le sens d’une réduction des coûts de la santé", explique-t-elle. Spécialiste dans le domaine : Qiagen, leader mondial des diagnostics moléculaires, avec 13% de parts de marché.

Epiez les alliances
La biotech est une industrie de ruptures et d’innovations. Le taux d’échec est important : seule une molécule sur 10 en phase d’essai clinique sera mise sur le marché. S’allier à une biotech est donc toujours risqué pour un groupe pharmaceutique. C’est encore plus incertain pour l’investisseur néophyte. Il peut néanmoins s’appuyer sur quelques repères.

"Souvent, lesbig pharmas viennent appuyer une biotech qui possède un candidat médicament en phase de développement déjà bien avancée", explique Xavier d’Ornellas. Elles leur apportent des moyens financiers et humains en vue de conduire de lourdes études cliniques dans un premier temps et de mener des opérations de commercialisation dans un second, ajoute Rudi Van Den Eynde.

Amgen, plus importante biotech américaine, et GlaxoSmithKline vont se partager la commercialisation du Denosumab, un candidat médicament oncologique qui a été testé auprès de 19 000 patients ! Ce type de partenariat se monnaie en général assez cher. GSK a signé un premier chèque de 120 millions de dollars, auquel s’ajouteront des royalties régulières. Les espoirs suscités par le Denosumab sont grands. Rien qu’aux Etats-Unis "le poids économique des patients atteints de métastases osseuses était estimé à 12,6 milliards de dollars pour 2008", selon pharmalive.com.

Une biotech avec des projets naissants peut aussi intéresser une big pharma. Cette dernière cherche à compléter son portefeuille de technologies sans trop de risques. GSK n’a versé que 5 millions de dollars à SuperGen, alors que 375 millions de dollars de paiements d’étapes sont prévus. Verdict dans plusieurs années. Selon Xavier d’Ornellas, "pour l’investisseur qui n’a que son bon sens, si le montant annoncé d’un partenariat est mirobolant mais que l’acheteur n’a versé que 5 à 10% de la somme en étalant ses paiements, il limitera ses risques".Repérer ces accords est une aide précieuse à la décision d’investissement.
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