La Chronique Agora

Bienvenue au Pays des Bulles

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Au Pays des Bulles, les aiguilles se multiplient… Tôt ou tard, une rencontre fatale va se produire, mais où et quand ? Bill Bonner hasarde quelques hypothèses.

Les marchés sont calmes.

Les actions sont toujours proches de leurs plus-hauts record. L’or est proche de son plus-bas sur 52 semaines.

« Qu’en pensez-vous ? » m’a demandé un interviewer, par téléphone, hier. « Bank of America prévoit un marché très baissier au cours du second trimestre. Est-ce que les investisseurs doivent s’inquiéter ? »

« Bien sûr qu’ils doivent s’inquiéter », avons-nous répondu. « Mais ils ne devraient pas attendre que mois de juin soit passé. Ils doivent s’inquiéter dès maintenant. »

Toutes les informations sont de fausses informations

Mais avant de poursuivre, nous mettons en garde nos lecteurs…

Alors que nous parlions, une pensée nous a traversé l’esprit, tel un surfeur disparaissant dans l’écume. Il n’y a pas beaucoup de « vérité » dans ce que nous avions à dire. Certes, nous n’avons rien dit que nous ne pensions pas… et ce que nous avons dit n’était pas incorrect…

… mais la vérité, c’est une autre affaire…

Cela suppose de vraies connaissances, et non des devinettes et des suppositions.
Dans le domaine de l’économie, toutes les informations sont fausses. Et en ce qui concerne les faits, nous ne croyons à aucun d’eux, à moins de les avoir inventés nous-même. Et plus vous êtes sûr d’avoir raison, plus vous êtes mal parti.

En matière de prévisions économiques, la certitude varie proportionnellement avec l’ignorance. Si vous trouvez quelqu’un qui sait ce qu’il va se passer, vous pouvez être sûr que c’est un imbécile.

Tant que nous y sommes, nous allons vous livrer un autre principe : la vérité diminue selon le carré de la distance à la source, le temps qui s’est écoulé depuis qu’elle s’est produite et sa portée.

Plus vous êtes éloigné d’un événement… plus il s’est produit de bonne heure… et plus il a été conséquent… moins vous en savez à son propos. C’est important pour les véritables investisseurs. Cela explique pourquoi investir en se fondant sur les actualités est voué à l’échec.

D’un autre côté, vous pouvez retirer un certain avantage en étant très proche des sociétés dont vous possédez les actions (nous y reviendrons)…

Ensuite, sans pousser plus loin la réflexion, nous avons déroulé l’année qui s’annonce…

Au Pays des Bulles

Nous avons poursuivi notre interview…

« Les marchés ne suivent pas un calendrier. Ils augmentent. Ils baissent. Lorsqu’ils sont proches de plus hauts record… à coup sûr ils vont baisser bientôt. Lorsqu’ils sont proches de plus bas record, à coup sûr ils baisseront encore bientôt. »

« L’Etat a injecté du crédit sur les marchés depuis ces trente dernières années. Or plus il y en a – comme pour un alcoolique – plus les marchés titubent. Ils deviennent incohérents, volatils… et peu fiables. »

« Au cours de ces 30 dernières années, nous avons constaté trois plus hauts de type 1929. Le premier a eu lieu en 1999, avec la bulle internet… le second a eu lieu en 2007, avec la bulle immobilière, et celle du secteur financier. A présent, nous avons une bulle qui s’étend sur plusieurs secteurs : les prêts étudiants, les prêts automobiles, certains prêts immobiliers (il se construit à nouveau 100 M$ de maisons clé en main)… et les valeurs technologiques. »

« Tout comme en 1999, nous constatons une nouvelle bulle technologique, la valorisation des quatre actions qui sont en tête – les FANGS (Facebook, Amazon, Netflix, et Google) – dépassant les 1 500 milliards de dollars. Ces cours n’ont de sens que dans un contexte de bulle. Les résultats ne pourront jamais rattraper ce niveau. »

« Et devinez quoi ? Ces actions représentent la moitié de la totalité des gains enregistrés sur le marché actions l’année dernière. »

« Oui, on est au Pays des Bulles. Or les bulles sont toujours à l’affût d’une aiguille. »

« Et au cours des semaines à venir, il y en aura plein. »

« D’abord, les bulles vont se frotter à au plafond de la dette. Ensuite, elles vont assister à de féroces disputes autour de la santé aux Etats-Unis. La majorité républicaine va probablement se scinder en factions, en raison des profondes contradictions entre Trump, les conservateurs et les politicards du parti. »

« Et puis il y a également le relèvement des taux de la Fed, qui arrive. Et les allègements fiscaux – censés ‘allumer le feu’ et booster l’économie – vont très probablement se faire moucher par les luttes de parti, au sein du marigot… et un déficit qui se creuse. »

Un QE4 s’annonce

« Eh ! Je pensais que Trump avait placé l’assainissement du marigot tout en haut de l’ordre du jour », relança l’interviewer. « Qu’est-ce que c’est devenu ? »

« Il n’aura pas lieu », avons-nous répondu. « Vous ne pouvez le réaliser que si tout le pays est derrière vous… dès le départ. »

« Il faudrait agir vite, déstabiliser les initiés, et parler directement aux gens des choses qui comptent réellement. Il faudrait aller à la télévision… un peu comme de Gaulle et son célèbre discours prononcé en 1961. »

« Un coup d’Etat fomenté par quatre généraux à la retraite avait débuté en Algérie. De Gaulle en a eu vent, a revêtu son uniforme (à plus de 70 ans et après avoir pris sa retraite de l’armée depuis des années), et il est passé à la télévision. »

« Il a expliqué le danger… appelé les Français à l’aider à protéger la République… et les traitres ont été arrêtés. Le coup d’Etat a cessé. »

« La Team Trump aurait pu faire une prouesse semblable en janvier ou en février. Mais l’opportunité de réaliser de véritables changements a été galvaudée par des tweets stupides. Et ce, en partant du principe que l’intention était réelle, ce qui est peu probable. »

« Bon, voici ce qu’il va se produire. Tôt ou tard – au premier ou au second semestre – l’une de ces aiguilles va toucher une bulle. Pour la troisième fois au cours de ce siècle, le marché actions va chuter… durement. Cette fois-ci, ce sera pire qu’avant… car l’économie est bien plus faible et qu’il y a bien plus de dettes. »

« Le taux de croissance du PIB US, par exemple, est inférieur de moitié à ce qu’il était avant le krach de 2000. La dette publique est trois fois plus élevée. Les rendements des bons du Trésor à 10 ans, à l’époque, dépassaient les 6%. A présent, les entreprises se sont habituées à un rendement de moins de 1%. »

« Les résultats des entreprises enregistraient une progression de plus de 7%, à l’époque. A l’heure actuelle, ils sont en baisse. »

« Cette prochaine crise aura des caractéristiques tout à fait exceptionnelles. Il se pourrait que les rendements des bons du Trésor deviennent négatifs lorsque les gens se précipiteront sur ces valeurs refuges. Et nous verrons les actions s’effondrer à la moitié de leurs cours actuels. »
[NDLR : Les épargnants français ne seront pas à l’abri… d’autant qu’une autre épée de Damoclès pend au-dessus du pays. Laquelle et comment vous en protéger : les réponses sont ici.]
« Et nous savons ce que fera l’Etat, également. Il interviendra avec un QE4 et un paquet d’autres mesures afin d’essayer de berner le marché. »

C’est vrai ? Pas un seul mot. Correct, alors ? Peut-être.

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