La Chronique Agora

Bernanke laisse le taux directeur inchangé à la Fed… et ça ne servira à rien

▪ La semaine dernière, MarketWatch a rapporté une information fort intéressante : « l’or a porté le rally post-Fed à son plus haut depuis six semaines ».

« Le prix de l’or a grimpé jeudi à des niveaux qu’on n’avait plus vus depuis début décembre, dans la prolongation d’un rally déclenché lorsque la Réserve fédérale a promis de maintenir les taux d’intérêt US proches de zéro jusqu’à fin 2014″.

Ayant monté de près de 25 $ à la nouvelle, la valeur Or à échéance février affiche environ 1 725 $ l’once à l’heure où j’écris ces lignes. Cela au moment même où les investisseurs ont commencé à abandonner cette relique barbare et à mettre en doute ses motivations. Mais c’est là leur erreur : l’or peut monter ; il peut baisser ; mais il n’a pas de motivations. Il ne relève pas de la responsabilité de l’homme ; il se contente d’élever un miroir face à la concurrence qui vient du gouvernement. Il n’est, en lui-même, qu’un bête morceau de métal. Mais même ainsi… il apparaît fréquemment comme le choix le plus brillant, le plus intelligent — en termes relatifs — par rapport aux bouffons reflétés dans le miroir.

Devrions-nous en être surpris ?

M. Bernanke traficote donc à nouveau les leviers, promettant de maintenir les taux au ras des pâquerettes jusqu’en 2014. Il aurait tout aussi bien pu faire publier cet encart publicitaire en première page des journaux :

« La Fed aux épargnants : allez vous faire voir ! »

▪ Ben Bernanke — le bêtisier
Le banquier central numéro un des Etats-Unis est peut-être suprêmement intelligent… cela ne l’empêche pas d’être également un âne. Tout dépend sans doute du sujet qu’il traite. Peut-être est-il par exemple, un cow-boy talentueux. Ou peut-être est-il un as aux mots croisés du Times. Quoi qu’il en soit, on aurait aimé qu’il consacre plus de son temps aux mots croisés ou au bétail parce que, comme banquier central, il est soit un imbécile, soit un filou… soit les deux.

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L’Etat-Providence a signé son propre arrêt de mort ! A présent, c’est chacun pour soi

Mais dans cette nouvelle donne, une poignée de Français pourrait être jusqu’à quatre fois plus riche d’ici deux ans.

Comment en faire partie ? Il suffit de suivre le guide

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Voici un homme qui, il ne faut pas l’oublier, a déclaré…

– En 2005, à propos de la formation d’une bulle spéculative immobilière qui résulterait d’un crédit bon marché : « ces hausses de prix reflètent surtout des fondamentaux économiques solides ».

– En 2007, alors que le marché commençait à virer de bord : « suite au marché des subprime, nous ne nous attendons pas à des retombées importantes sur le reste de l’économie ou sur le système financier ».

– En janvier 2008, deux mois avant la nationalisation des agences gouvernementales Fannie Mae et Freddie Mac : « ils traverseront sans encombre la tempête ».

– Et en juin 2009 : « la Réserve fédérale ne monétisera pas la dette ».

Aujourd’hui, malgré toutes les preuves du contraire, M. Bernanke croit qu’il peut sortir l’économie de la pagaille dans laquelle il a contribué à la fourrer. Il croit qu’il peut apporter la prospérité à un pays en punissant les épargnants et en incitant au mal-investissement — une mauvaise allocation des capitaux  — sur une échelle si grande que les farouches partisans de la Sécurité — ou plutôt de l’Insécurité — sociale doivent en rougir.

L’engagement de Bernanke à maintenir les taux d’intérêt « exceptionnellement bas » pour une « période longue » rappelle étrangement le genre de démence requise pour doubler une créance douteuse, pour réitérer la même expérience tout en attendant un résultat différent.

Combiné à cette « rechute dans un QE3 à l’européenne » décrit par Eric Fry dans sa chronique de vendredi, « Swaps et renflouages : quand la Fed vient au secours de la BCE », les détenteurs de dollars (et de métaux) devraient s’attendre à la même chose.

Fait surprenant, les critiques se demandent encore quand cet homme apprendra enfin. Jamais, à notre avis. Tout d’abord, ses raisons de déni sont simplement trop fortes.

Que voulons-nous dire par là ? Nous allons vous l’expliquer…

▪ Un déni total de la réalité
Imaginez que la vie entière de quelqu’un, tout le travail qu’il a accompli au cours de son existence, tout est construit sur une réalité erronée, un principe premier radicalement faussé. Imaginez, par exemple, que cet homme est un professeur d’alchimie internationalement respecté. Ou bien un partisan mondialement connu des naissances par la « théorie des cigognes ». Ou… un banquier central croyant connaître ce qui est impossible à connaître… les pensées, les désirs et les besoins des millions de personnes qui constituent le marché sur lequel il s’imagine régner en seigneur et maître.

Pendant un certain temps, la chance, les coïncidences et le sens de l’histoire semblent être de son côté. Au fil du temps, notre triste héros reçoit de plus en plus de félicitations pour ses malencontreuses théories et ses idées tordues. On lui octroie le plus grand poste du pays. Il reçoit l’adoration de ses amis et pairs. TIME Magazine le déclare même « Homme de l’année ».

Finalement, il en arrive à croire à l’illusion qu’il a lui-même créée. Cela devient sa raison d’être. Il est de plus en plus convaincu de sa propre capacité à accomplir l’impossible.

On peut voir que notre héros, malheureusement dans l’erreur, a tous les motifs pour nier la réalité lorsque (et en particulier à ce moment-là) on lui présente les faits. Dites à l’alchimiste qu’il ne peut pas modifier les propriétés du plomb et le monde tel qu’il le connaît, le monde qui le rassure, commence à s’effriter. Il en va de même pour notre naïf obstétricien.

Les preuves de la non-compréhension par M. Bernanke de la réalité s’accumulent… et ce n’est pas fini. Nous ne pouvons imaginer que cet homme, dont toute la réputation et toute la carrière reposent sur une réalité fausse, fera tout d’un coup volte-face. Il a toutes les raisons de nier les faits, de détourner la tête face à certaines vérités.

Bien sûr, il est facile de nier la réalité. Mais il n’est pas aussi facile, comme l’a un jour remarqué Ayn Rand, de nier les conséquences de ce déni de la réalité. Cela arrivera assez tôt cher lecteur… et alors, comme aime à la répéter Bill Bonner, tous les chevaux de la Fed et tous les hommes d’Obama ne pourront pas remettre sur les rails — encore une fois — l’économie de M. Bernanke.

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