▪ La récente baisse des marchés a mis les investisseurs sur les dents. Nous les avons entendus discuter dans le salon de l’aéroport.
"Oh là… ça devient sérieux", disait un homme assis au bar, le visage levé vers un écran de télévision.
"Oui", a dit un autre. "On dirait qu’on pourrait bien avoir une nouvelle opportunité d’achat".
Nous y reviendrons dans une minute — mais d’abord, une petite correction. De sagaces lecteurs nous ont écrit pour contredire notre opinion de mardi. Notre collègue Porter Stansberry, par exemple, a proposé une modification. En aucun cas l’or n’a fait mieux que les actions durant la période 1971-2014, dit-il :
"Les chiffres, tenant compte des dividendes, sont ci-dessous :
S&P : 6 460% ; 10,4% par an
Or : 2 813% ; 8,3% par an"
Comme vous pouvez le constater, tout dépend de si l’on inclut les dividendes ou pas… et de l’indice que l’on utilise. Ensuite, si on inclut les dividendes, quel taux d’imposition appliquer ? Nous avons simplement évité ces questions pour souligner notre idée principale : si nous étions parti faire une sieste il y a 40 ans avec en notre possession assez de pièces d’or pour acheter le Dow à cette époque (en partant du principe que ce n’était pas illégal, bien entendu)… aujourd’hui, nous pourrions acheter le Dow et la moitié en plus.
▪ Marchés actions et conseils dentaires
La plupart des gens, cependant, ont suivi la leçon de Porter plutôt que la nôtre ; au cours des quatre dernières décennies, avoir des actions a rapporté de l’argent. Une approche de l’investissement boursier s’est même avérée particulièrement profitable : achetez pendant les creux. A présent, comme un plombage dentaire, "achetez pendant les creux" est scellé et ne bougera plus. Si vous voulez embellir votre sourire, cher lecteur, profitez des baisses pour acheter plus d’actions.
Depuis son plus bas sous les 1 000 points en août 1982, le Dow a grimpé et grimpé. Et chaque fois que les actions ont croisé une plaque de verglas et ont fini dans le fossé, la Fed était là quelques minutes plus tard avec une dépanneuse.
Le Krach de 1987 a été le premier appel d’urgence auquel Alan Greenspan a répondu. Il s’est rendu sur le champ sur le site de l’accident, engageant le trésor de la nation pour les actionnaires : la Fed "servira de source de liquidités pour soutenir le système économique et financier", a-t-il dit pendant qu’il attachait le treuil.
Greenspan a eu une nouvelle occasion de faire venir la dépanneuse après le krach des dot.com en 2000. Ensuite, ça a été au tour de Ben Bernanke de prendre le volant. Il a été appelé en septembre 2008.
Apparemment, il ne savait pas que la route était verglacée. Sans doute qu’il écoutait le match au lieu du bulletin météo. Mais quand il a entendu parler de l’énorme carambolage, il a fait appel à toute une flotte de camions pour remettre les infortunées voitures sur la route.
A présent nous voilà… cinq ans plus tard… et il remorque toujours une bonne partie de l’économie américaine. Les actions sont pourtant 130% plus élevées qu’elles ne l’étaient en 2009.
Qu’est-ce que les investisseurs sont censés tirer de cette histoire ? Leur faut-il craindre la météo ? Apparemment pas. Toute plaque de verglas est un tremplin marche vers le succès, pensent-ils. La Fed sera toujours là… toujours prête, avec le bon outil… et s’assurant toujours que les voyageurs arrivent là où ils le veulent.
Il n’y aura plus de "krachs"… plus de "marchés baissiers"… et plus de catastrophes boursières. A la place, nous n’aurons plus que des opportunités d’achat.