La Chronique Agora

Suivre aveuglément les bénéfices : bonne ou mauvaise idée ?

L’investissement exige une analyse plus profonde, qui dépasse les seuls bénéfices.

Au début de ma carrière, j’ai fait une découverte qui a tout changé pour moi. Je venais à peine de commencer mon travail d’analyste financier, et je passais mes journées à construire des modèles financiers sur Excel. Mon but était de modifier une variable pour voir comment elle impactait les autres données.

En jouant avec ces tableurs, j’ai rapidement compris quelque chose de fascinant. J’avais pris l’habitude de manipuler des éléments comme l’amortissement ou le nombre d’actions en circulation, qui, en apparence, n’affectaient pas directement l’activité d’une entreprise. Pourtant, j’ai vu à quel point les bénéfices pouvaient fluctuer en fonction de ces paramètres. Ce constat m’a frappé : il était facile pour un PDG de manipuler les bénéfices et de façonner l’histoire qu’il voulait raconter.

Cela m’a fait réaliser une chose importante : les bénéfices, bien qu’importants, ne reflètent pas toujours la performance réelle d’une entreprise.

Une perspective plus large sur les finances

Pour bien comprendre, prenez un moment pour réfléchir à vos propres finances. Par exemple, votre revenu imposable peut être influencé par des éléments comme les intérêts de votre prêt immobilier, vos frais de transport pour vous rendre au travail, vos cotisations professionnelles, ou même des abonnements divers. Vous intégrez tous ces éléments dans vos calculs avant de déclarer votre revenu imposable au gouvernement.

Mais ce montant ne reflète pas exactement ce que vous avez réellement gagné durant l’année. Le kilométrage, par exemple, n’est pas un coût direct. Peut-être que votre beau-frère vous a enfin remboursé les 1 000 dollars qu’il vous devait. Ces facteurs influencent le montant réel dont vous disposez, et c’est cette somme qui est bien plus utile lorsque vous établissez un budget ou lorsque vous essayez de déterminer combien épargner ou investir.

Les bénéfices et les investissements : une relation complexe

Ce concept a des répercussions profondes sur l’investissement. Pacer ETFs a mené une étude sur les 1 000 plus grandes entreprises du marché, telles que mesurées par l’indice Russell 1000, sur une période de 34 ans. Sans entrer dans les détails complexes de l’étude, l’essentiel est que l’indicateur utilisé montre combien une entreprise génère, ajusté par sa capitalisation boursière et sa dette.

Les résultats étaient clairs : les entreprises qui se situaient dans les 10 % supérieurs de cet indicateur enregistraient les meilleurs rendements. En fait, la performance boursière des entreprises correspondait exactement à leur classement dans cet indicateur.

Broadcom : un exemple frappant des limites des bénéfices

Prenons l’exemple de Broadcom (Nasdaq: AVGO), un acteur majeur de la tech. Il y a une dizaine d’années, personne ne prêtait vraiment attention à ce fabricant de puces. En 2016, l’entreprise a enregistré une perte nette de 1,7 milliard de dollars, et ses bénéfices ont continué de fluctuer les années suivantes.

Si vous vous étiez concentré uniquement sur les bénéfices, vous auriez probablement abandonné l’idée d’investir dans cette entreprise en 2016, lorsque ses bénéfices étaient négatifs, ou en 2019, lorsque ceux-ci avaient chuté de 78 %, ou encore l’année dernière, lorsqu’ils ont baissé de 58 %.

Et pourtant, si vous aviez fait preuve de patience, vous auriez manqué une occasion en or.

En effet, au cours des dix dernières années, un investissement dans le S&P 500 aurait triplé : 10 000 dollars investis dans cet indice seraient devenus 34 549 dollars, dividendes réinvestis. Mais une mise de 10 000 dollars dans Broadcom serait devenue 339 986 dollars, avec un gain de 195 727 dollars uniquement grâce à l’appréciation de l’action.

Au-delà des bénéfices : une vision plus large de l’investissement

Ne vous méprenez pas, j’aime les bénéfices, tout comme j’aime les glaces. Mais il faut bien admettre que ces deux éléments ne sont pas toujours aussi importants qu’ils en ont l’air. D’autres indicateurs peuvent parfois offrir une vision plus juste de la santé d’une entreprise et de son potentiel de croissance. Si certains de ces indicateurs ne suivent pas une tendance positive, je n’hésite pas à passer mon chemin, peu importe les bénéfices.

Dans certains cas, il est même préférable que les bénéfices soient négatifs. Cela signifie souvent que la majorité des investisseurs ont ignoré l’action, ce qui peut présenter une opportunité d’achat intéressante.

Diversifiez vos critères d’analyse

L’essentiel est d’élargir votre boîte à outils d’investisseur. Ne vous contentez pas de regarder les bénéfices, mais ajoutez à votre analyse d’autres indicateurs qui peuvent révéler des perspectives plus solides et pertinentes. Cela pourrait bien améliorer vos performances d’investissement à long terme.

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