Le mois d’avril ne fut clairement pas un grand cru boursier — nous faisons référence aux contrats à terme sur indices qui expiraient vendredi. Cependant, il ne s’est rien produit de décisif puisque la pression baissière a été endiguée très opportunément à l’approche de supports bien identifiés, notamment sur le CAC 40 (3 600 points), le S&P 500 (1 552 points), le Nasdaq (3 200).
La tradition qui veut que Wall Street clôture en hausse à la veille du week-end a été respectée à la lettre… in extremis certes, mais à la lettre.
Le Dow Jones est en effet ressorti du rouge à la dernière minute (ce n’est pas une image). Grâce à un coup de pouce d’une dizaine de points à 21h58, le score est passé de -0,02% à 21h58 à +0,07% à 14 548 points à 22h, le plus haut du jour. Le Dow Jones a été plombé durant toute la séance par le plongeon de 8% d’IBM (à 190 $) et de 4,1% de General Electric (à 21,75 $).
Le S&P 500 a repris 0,88% à 1 555 points — une clôture au-dessus des 1 550 est censée rassurer tout le monde — mais la semaine s’achève sur une perte de 2,1%. Par ailleurs, les acheteurs ne sont pas revenus en force vendredi : le volume s’élève à 780 millions de titres, ce qui reste assez modeste pour une séance des « Trois sorcières » — un bon tiers des échanges correspondent à des roulements de position, ce qui nous fait une journée assez banale à 500 millions de titres.
L’élément le plus positif demeure la nette décrue du stress — si l’on se fie au VIX qui a rechuté de 14,75%, à 14,97, après avoir testé les 18,2 la veille.
Il n’y avait pas de statistiques inscrites au calendrier vendredi, donc pas de mauvaise surprise susceptible de peser sur la tendance.
▪ Conflit d’agenda
Nous attendons par contre avec curiosité de connaître la réaction des marchés à l’annonce de l’absence de Ben Bernanke au sommet de Jackson Hole, la grand’messe des économistes et des sherpas de la finance mondiale à la mi-août… Un sommet organisé par la Fed de Kansas City et qu’aucun patron de la Fed ne rate jamais au grand jamais.
Ben Bernanke invoque un conflit d’agenda : il a certainement oublié ce grand rendez-vous au moment d’accepter l’invitation d’un cousin par alliance qu’il n’avait pas vu depuis une soirée « superball » en famille qui remonte à 2005 (avant son entrée en fonction). Le patron de la Fed a tout tenté pour remettre les festivités familiales à une date ultérieure… mais les petits cousins partaient en camp de scout et ils auraient été trop malheureux de rater la barbecue party avec l’oncle Ben.
Plus sérieusement, cela va occasionner pas mal de spéculations sur les causes réelles d’une telle absence… à moins qu’il ne prie Janet Yellen de le remplacer, ce qui reviendrait à la désigner ouvertement comme dauphine.
Si tel était le cas, il va falloir livrer des tonnes de papier-monnaie et des hectolitres d’encre supplémentaires : Mme Yellen ambitionne de recoller à la Banque du Japon qui va doubler la taille de son bilan (de ses encours) d’ici avril 2015. Les rotatives de la Fed vont fumer !
▪ La BCE, en revanche…
En Europe, de nombreux stratèges continuent de faire le pari que la BCE finira par imiter la Fed et la BoJ. Mario Draghi s’est tout de même appliqué jeudi dernier à ne fournir aucune piste aux marchés lors d’une intervention le 15 avril dernier depuis l’Université d’Amsterdam — il avait cependant profité de l’occasion pour réaffirmer qu’il n’y a actuellement aucune guerre des monnaies de par le monde.
Non non, vraiment… Les Japonais envoient gentiment le yen par le fond pour favoriser très amicalement une reprise de leurs exportation qui auront l’extrême délicatesse de ne pas faire exprès de torpiller les nôtres ! De quoi voir l’avenir avec confiance et optimisme.
Le CAC 40 a donc rebondi de 1,45% vendredi, ce qui réduit le repli hebdomadaire à -2,1% (contre -3,6% jeudi soir). Cependant, les volumes n’ont atteint que 3,4 milliards d’euros dont il faut retrancher au moins 20% pour cause de roulement d’échéances à l’occasion des « Trois sorcières ». C’est franchement peu convaincant après des séances de repli à 3,6/4,1 milliards d’euros.
En outre, le test des 3 660 a constitué un grand classique puisque la cassure de ce support induisait un risque de rechute vers 3 520 points. Les opérateurs ont saisi l’occasion du test du plancher annuel des 3 600 pour tenter — avec succès pour l’instant — d’invalider le scénario baissier moyen terme.
Il n’en va pas de même pour l’Euro-Stoxx qui n’a repris que 0,77% vendredi, à 2 575 points. Il s’est avéré incapable d’infirmer le signal baissier validé dès mercredi sous 2 585 points.
Remarquons de surcroît des performances très contrastées au sein de l’Eurozone avec Milan (+1,8%), Madrid (+1,3%), Bruxelles (+1%) tandis que Francfort se repliait (-0,2%).
Le DAX 30 a donc aligné un sixième repli consécutif. Le cumul de baisse hebdomadaire s’établissait à -3,75%, à l’issue d’une série noire de cinq séances de repli consécutives.
Loin de nous la tentation d’y voir un mauvais présage. Grâce à Mario Draghi, nous sommes maintenant convaincu que ni le repli du yen ni le plongeon des matières premières et des métaux précieux ne sauraient préfigurer un risque d’aggravation de la récession dans la Zone euro en 2013/2014.
Nous sommes bien d’accord avec l’affirmation suivante : « les difficultés sont clairement derrière nous » comme l’a affirmé Pierre Moscovici. Oui, bien derrière nous… et si proches que nous pouvons sentir leur souffle sur notre cou !