La Chronique Agora

Beaucoup d'offre, peu de demande

** Les marchés de 2009 : beaucoup d’offres, peu de demande.

* Aux Etats-Unis, le S&P a bouclé six trimestres de croissance négative et enregistre désormais le premier trimestre de revenus négatifs de toute son histoire. Parfaitement, cher lecteur : prenez toutes les entreprises du S&P. Additionnez leurs revenus. Soustrayez leurs pertes. Résultat : une perte nette.

* MarketWatch nous en dit plus :

* "Ce sixième trimestre de croissance négative arrive à égalité avec le précédent record, établi quand Harry Truman était président, du premier trimestre 1951 au deuxième trimestre 1952".

* "’Au prochain trimestre, nous prévoyons un nouveau record de sept trimestres de croissance négative’, déclarait un analyste".

* "A la fin de la journée de jeudi, [il] estimait les bénéfices par action du S&P, sur la base des publications, à une perte de 10,44 $ pour le trimestre. Si les valeurs financières étaient retirées de l’équation, ce déficit passerait à 2,35 $ l’action".

* Nous vivons une période de découverte des prix. De nombreuses actions, entreprises et crédits sont offerts. En général, les gens hésitent à faire des offres tant qu’ils n’ont pas une idée plus claire de ce que valent ces choses. Combien valent-elles maintenant que nous sommes dans un monde post-Bulle ? Personne ne le sait. Et personne ne semble pressé de le découvrir.

** Même au Japon, on continue de chercher le plus bas. Cela semble à peine croyable. L’économie japonaise était déjà au fond du trou après 19 années de récession/dépression. A présent, elle creuse plus profond encore.

* Les derniers chiffres montrent que l’économie japonaise chute au taux annuel de 12% — plus rapidement que jamais. Ou plutôt, plus rapidement qu’à tout autre moment de ses 19 années de ralentissement. La dernière fois que l’économie a pris un tel coup, c’était il y a 35 ans.

* Que faut-il en penser ?

* Eh bien, la réponse simple est la suivante : alors que les Américains consommaient trop, les Japonais produisaient trop. Les Etats-Unis avaient bien trop de boutiques de détail et de services. Les Japonais ont construit bien trop d’usines pour remplir leurs rayons.

* Et maintenant, eh bien… vous connaissez la suite. Pas d’acheteurs. Pas besoin de marchandises. Pas de commandes pour le Japon. Combien valent les boutiques ? Et les usines ? Qu’en est-il des maisons ? Nous aimerions tous savoir combien elles valent pour pouvoir reprendre le cours des choses. Mais M. le Marché se la joue cool. Il va falloir attendre que l’offre se fasse connaître.

** Au moins les Japonais ont-ils une société ordonnée avec beaucoup d’épargne à étaler sur leurs blessures. Le pays du Soleil-Levant est aussi le pays d’une population vieillissante, en voie de diminution. Ces vieillards peuvent attendre la fin de la crise… sachant qu’elle pourrait durer plus longtemps qu’eux.

* Maintenant, traversez le détroit, jusqu’en Chine. Là-bas, c’est la même histoire — mais la fin est différente. La Chine a elle aussi trop d’usines — du moins trop d’usines en place pour produire trop de choses pour trop de gens qui ne peuvent les payer. La Chine a une gigantesque population, qui s’accroît. Le taux de croissance de la population n’est pas aussi élevé qu’autrefois, mais les chiffres bruts ne cessent d’augmenter. Si l’on a une population de 100 millions d’habitants qui augmente de 6% par an, on ajoute six millions de personnes à la population mondiale chaque année. Si on a une population d’un milliard d’habitants, qui augmente à la moitié de ce taux — juste 3% — on ajoute 30 millions de personnes par an.

* L’économie chinoise doit se développer de près de 10% par an rien que pour fournir un emploi à tous ces gens, disent les experts. Cela ne semble guère probable — pas dans ce contexte de rétrécissement de l’économie mondiale.

* Les Chinois ont construit leurs usines pour vendre des choses aux étrangers — notamment aux consommateurs les plus irresponsables de la planète, les Américains. Il leur va falloir du temps pour réorganiser les usines et les canaux de commercialisation et les adapter à leur propre marché.

* Rappelez-vous, nous vivons une dépression. Une dépression nécessite des changements structurels de l’économie. Ils prennent du temps. Les Japonais peuvent patienter. Mais des deux côtés des itinéraires de fret Etats-Unis/Chine, il y a de très gros problèmes.

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