La Chronique Agora

La fourchette et le baril : ce qui attend le pétrole

En avril dernier, j’expliquais à mes lecteurs que la bonne nouvelle (la baisse des prix de l’essence à la pompe) s’accompagnait d’une mauvaise nouvelle : les licenciements et la chute des dépenses d’investissement dans le secteur de l’énergie.

Et je soulignais, en particulier, les dangers posés par les défauts sur les remboursements de milliers de milliards de dollars d’obligations émises par les exploratrices pour financer l’exploration et la production du pétrole de schiste.

Ces obligations ont été émises en partant du principe que les cours du pétrole se situeraient dans une fourchette de 80 $ à 130 $ le baril. Avec un baril de pétrole se situant dans une fourchette de 50 $ à 60 $ le baril, niveau auquel il demeurera probablement tout au long de 2016, on va assister à de nombreux défauts sur cette dette.

De plus, la bonne nouvelle de la baisse des prix de l’essence est à double tranchant : cette baisse a produit un effet déflationniste qui éloigne le taux d’inflation de l’objectif des 2% fixé par la Fed.

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Le moment est venu de nous pencher à nouveau sur le secteur de l’énergie

Mon estimation, à l’époque, c’était que la Fed ne serait pas en mesure de relever les taux d’intérêt dans un environnement aussi déflationniste. Cette prévision tient toujours. Etant donné l’importance du secteur de l’énergie sur l’ensemble de l’économie et son impact sur les tendances relatives à l’inflation, la déflation, la politique des taux d’intérêt et la croissance économique, il me semble que le moment est venu de nous pencher à nouveau sur le secteur de l’énergie et de réexaminer ces prévisions initiales afin de vous informer des derniers événements ayant d’importantes conséquences pour l’avenir.

Des cours du pétrole manipulés par l’Arabie saoudite
Les cours du pétrole ne se sont pas effondrés vers la fourchette des 40 $ et n’ont pas regrimpé à 70 $ ou plus, non plus. Au contraire, ils se sont installés dans une fourchette se situant entre 50 et 60 $ le baril, comme nous nous y attendions. C’est parce que les cours ne sont pas motivés par les marchés mais manipulés par l’Arabie saoudite.

Voyez-vous, la fourchette de 50 $ à 60 $ le baril est assez basse pour que les producteurs de gaz de schiste mettent la clé sous la porte… et suffisamment élevée pour subvenir aux besoins de l’Arabie saoudite.

Il faudra deux ans pour pousser à la faillite la plupart des acteurs du secteur de la fracturation. Alors attendez-vous à ce que les cours demeurent à ce niveau tout au long de 2016.

Les dégâts subis par le secteur de la fracturation sont visibles sur le graphique ci-dessous qui vous montre le nombre de forages exploités aux Etats-Unis. Certes, tous les forages ne se valent pas : certains sont plus productifs et rentables que d’autres, mais cette chute épouvantable de 60% du nombre de forages au cours des six derniers mois permet de se faire une idée des dégâts infligés à ce secteur.

Cela ne signifie pas que tous les junk bonds (obligations pourries) sont sur le point de faire défaut. Paradoxalement, les producteurs de pétrole de schiste ont en fait augmenté la production des puits existants afin de générer les liquidités permettant d’honorer ces obligations, tout en en espérant que les cours du pétrole rebondissent avant qu’ils ne fassent faillite.

L’Arabie saoudite a les cartes en main en tant que premier producteur mondial

Le souci c’est que cet espoir sera déçu car l’Arabie saoudite a les cartes en main en tant que premier producteur mondial, disposant d’importantes réserves et du coût de revient le plus faible. Mais, à court terme, cela maintient les obligations à flot.

▪ 2016, année terrible pour les producteurs de pétrole de schiste
Par contre, attendez-vous à assister en 2016 à une flambée des défauts de remboursement sur ces obligations à mesure que les puits existants se tariront ou seront abandonnés par manque de rentabilité.

Par ailleurs, comme nous nous y attendions, l’aubaine que représente pour les consommateurs la chute des prix de l’essence ne s’est transformée ni en augmentation des dépenses, ni en croissance de l’économie américaine.

Au contraire, les consommateurs ont économisé cet argent ou s’en sont servis pour rembourser leurs dettes. En fait, au cours du dernier semestre, les ventes de détail ont subi un ralentissement pendant cinq mois, et la croissance des Etats-Unis sera proche de zéro sur ce premier semestre 2015. Une fois de plus, les économistes de Wall Street se sont trompés.
Les Américains moyens ont joué la prudence en économisant leur argent : ils ne se sont pas mis à dépenser tels des automates comme s’y attendait Wall Street.

Nous pensons que toutes ces tendances vont persister, à savoir : la diminution de la production et des dépenses d’investissements, la faiblesse des ventes de détail, la fourchette des cours du pétrole et les défauts de remboursement des junk bonds.

Le seul joker, ce serait un choc géopolitique au Moyen-Orient : par exemple, que l’Iran essaie de perturber le trafic maritime dans le détroit d’Ormuz (j’ai tout expliqué dans une précédente interview). Je surveille donc les indicateurs et alertes pointant vers là mais, pour l’instant, il n’y aucune raison de s’attendre à ce genre de choc.

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