La Chronique Agora

Le casino des banques centrales est de plus en plus désert

▪ Les dernières estimations des experts qui dissèquent les données communiquées par les banques centrales et qui les recoupent avec les mouvements de capitaux compilés par la BRI sont tombées. Selon elles, la barre des 30 000 milliards de dollars injectés par les banques centrales dans les dettes souveraines, les MBS et autres ABS — et plus récemment les actions –sera atteinte cet automne (en y incluant les injections de la Banque du Japon et les 400 milliards d’euros promis par la BCE sous forme de VLTRO).

Je m’attirais depuis 2012 des réfutations pleines de mépris lorsque j’évoquais la prise de contrôle de la valorisation des actifs — et l’anéantissement des mécanismes de fixation des prix — par les banques centrales… Et voilà que mes démonstrations sont devenues tellement irréfutables que mes détracteurs y puisent sans vergogne tous les éléments pour étayer leur démonstration que les cours ne peuvent effectivement plus que continuer à grimper !

Cette manipulation, pleinement assumée par la Fed et la Banque du Japon, devient un "label de garantie"

Hier, il n’était pas question de laisser quiconque dévoiler le secret honteux d’une industrie de la manipulation systématique des cours par l’élite de l’élite (à tel point que les marchés ont cessé d’être des marchés et donc de prétendre à la moindre "efficience")… Mais aujourd’hui, cette manipulation, pleinement assumée par la Fed et la Banque du Japon, devient un "label de garantie" de la poursuite de la survalorisation de tous les actifs cotés.

Car la Fed, la Banque du Japon et la BCE ont consacré tant d’argent et d’efforts à gonfler artificiellement les cours et faire chuter symétriquement les taux vers zéro qu’elles ne sauraient tolérer que s’opère une reconnexion des prix — ou des rendements obligataires — avec l’état réel de la conjoncture.

— EN VIDEO —
Les banques centrales comme la Bundesbank demandent à rapatrier leur or des coffres américains et français.

Ce qu’elles ne savent pas, c’est qu’elles risquent fort de ne jamais revoir leurs lingots !

Découvrez pourquoi sans plus attendre : il pourrait y avoir de spectaculaires profits à la clé.

 

Cette éventualité n’est même plus perçue comme un potentiel scénario catastrophe… mais bien comme une hypothèse pouvant être formellement et définitivement exclue.

▪ Quatre ans de mensonge
Après avoir menti durant quatre ans aux épargnants en cherchant à leur faire croire que la hausse de Wall Street et la baisse des taux avait une raison objective — ce qui n’a pas fonctionné puisque les "marionnettes" (les non-initiés) ne se sont pas ruées en bourse pour acheter au plus haut –, voilà que les faiseurs d’opinion tentent de les convaincre d’y investir en retournant leur discours comme s’ils inversaient la selle et le guidon de leur vélo.

Reprenant au pied de la lettre mes arguments, ils pérorent : "vous voyez bien que la hausse miraculeuse des cours ne doit en fait rien au hasard et que si les Lois du marché ont été si opportunément abolies, c’est pour doper la valeur de votre épargne… et soyez assurés qu’il va en être ainsi pendant encore très longtemps".

"Croyez-nous, cela durera aussi longtemps que les banques centrales le voudront car elles en ont les moyens".

Je ne peux qu’acquiescer : il n’existe en effet aucune limite théorique à leur capacité de gonfler la taille de leur bilan. Le problème, c’est qu’elles n’ont apparemment pas encore trouvé le moyen d’assurer la transmission des liquidités numériques à l’économie réelle. Ces dernières se déversent comme une cataracte dans la "trappe à liquidités"… mieux connue sous l’appellation de "casino financier virtuel à irresponsabilité illimitée".

▪ Un casino de plus en plus virtuel
Tous les joueurs admis à s’asseoir dans les fauteuils en cuir placés autour des tapis verts (c’est-à-dire les actionnaires historiques de la Fed et tous les intermédiaires qui bénéficient de son onction en tant que banques too big to fail) voient leurs gains augmenter sans limite, du fait que la direction du casino leur offre des tombereaux de jetons tandis que les croupiers du Black Jack ne leur servent que des as et des rois.

La quantité de "vrai argent" qui provient de l’économie réelle tend à se raréfier

Au niveau de la caisse du hall d’entrée où les jetons devront être payés, en revanche, la quantité de "vrai argent" qui provient de l’économie réelle tend à se raréfier. La clientèle particulière se méfie désormais d’un casino dément ou l’on gagne à tous les coups.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’exprimer, tous les bons clients du casino peuvent s’égayer de table en table en s’écriant à tue-tête "je suis riiiiche"… Cependant, s’ils présentaient leurs jetons en monnaie virtuelle à la caisse, combien seraient effectivement payés en vrai argent avant que les coffres du casino soient vides — s’ils ne le sont pas déjà ?

Car là où le plan des banques centrales n’a pas fonctionné, c’est au niveau des "petits joueurs" (les centaines de millions de marionnettes si chères à Goldman Sachs). Ils ne se sont pas précipités pour se faire plumer proprement, comme lors de chacune des bulles boursières précédentes.

Les "gros" comptaient sur leur contribution — modeste à l’échelon individuel mais massive d’un point de vue collectif — pour convertir leurs jetons en argent frais… Patatras, ça ne marche pas ; seuls quelque rares joueurs invétérés, à moitié fauchés, se présentent en espérant remporter un jackpot !

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