La Chronique Agora

Banques, banques centrales, crises économiques, or… tout ça, c’était avant !

▪ Beaucoup d’encre coule actuellement sur l’inflation, la déflation, un possible changement de politique monétaire de la Banque centrale ; la nouvelle trouvaille de Christine Lagarde — mère de la "croissance négative" — est la "basse-flation". Pour la combattre, il faut obliger les banques à prêter, dit-elle.

Ce système survit exactement comme la médecine sous Molière : en rendant les choses incompréhensibles donc mystérieuses

Tout ceci est le résultat d’un système monétaire et financier corrompu sous-tendu par des postulats faux. Ce système survit exactement comme la médecine sous Molière : en rendant les choses incompréhensibles donc mystérieuses, en jargonnant, en enfumant.
Ses victimes penaudes et muettes n’osent avouer leur incompréhension.

▪ La monnaie
Avant, la monnaie était une marchandise, métallique, en général or ou argent. Pour commercer, échanger, il fallait avoir de cette marchandise. Les déséquilibres étaient donc limités et la question de la monnaie forte ou faible ne se posait pas.

Maintenant, la monnaie est une reconnaissance de dette, une inscription dans une mémoire d’ordinateur. Lorsque quelqu’un dépense, vous ne savez pas s’il a véritablement les moyens de dépenser (il a déjà gagné l’argent) ou bien s’il dépense à crédit (il n’a pas l’argent ; il espère, peut-être, l’avoir un jour).

▪ Les réserves monétaires
Avant, les réserves monétaires d’un pays étaient de l’or ou de l’argent. Lorsque les caisses étaient vides, les prêteurs se méfiaient. Les dirigeants de ce pays devaient alors taxer pour lever l’impôt et remplir les caisses du Trésor avant de s’engager dans des grands projets coûteux. L’autre solution consistait à faire une guerre en expliquant à des mercenaires qu’ils se paieraient sur les pillages.

Maintenant, les réserves monétaires sont des prêts, des reconnaissances de dettes (des obligations souveraines) de grands pays supposés infaillibles avec lesquels le pays détenteur de réserves commerce.

Turbulences boursières, volatilité, retournements inattendus, krachs…
PERTES INCONTROLABLES : PLUS JAMAIS CA !

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▪ Les prêts
Avant, la banque prêtait une partie des dépôts de ses clients. Ses clients étaient des riches qui entendaient faire fructifier l’argent dont ils n’avaient pas immédiatement besoin. Le banquier mettait de l’argent (son propre argent) de côté au cas où un prêt ne serait pas remboursé pour pouvoir rembourser son déposant. Manquer à une telle obligation ne serait-ce qu’une fois mettait la banque en faillite. Les prêts étaient réservés à l’investissement. On disait que "les dépôts font les crédits".

Dès qu’une banque devient trop grosse, elle ne peut pas faire faillite. Comme on a obligé tout le monde à avoir un compte bancaire, cela ferait trop de victimes

Maintenant, la banque prête les dépôts de ses clients mais aussi de l’argent qui n’existe pas. On dit que "les crédits font les dépôts". Si un prêt est accordé, l’argent — qui n’existait pas — est créé au crédit du compte de l’emprunteur. La réglementation impose aux banques de mettre de côté en fonds propres 3% du montant des prêts qu’elles accordent et au minimum 1% des dépôts qu’elles reçoivent doit être mis à la banque centrale. Ce sont les réserves obligatoires. Dès qu’une banque devient trop grosse, elle ne peut pas faire faillite. Comme on a obligé tout le monde à avoir un compte bancaire, cela ferait trop de victimes.

Les banques peuvent accorder des crédits à la consommation — ce qui fait croire aux gens qu’ils sont riches puisqu’ils peuvent consommer de l’argent qu’ils n’ont pas gagné. Les banques n’assument pas leurs risques puisqu’elles peuvent revendre leurs prêts (la titrisation) à des fonds et à des investisseurs institutionnels (votre compagnie d’assurance vie, par exemple).

Le vrai argent — les dépôts provenant de l’épargne, ce qui a été légitimement acquis grâce a du travail et de l’épargne antérieurs — ne se distingue plus de l’argent qui n’existe pas, les dépôts créés par le crédit. L’expansion du crédit est identifiée à de la croissance : plus on dépense, mieux c’est.

▪ Les banques centrales
Avant, les banques centrales n’existaient pas.

Maintenant, comme les banques commerciales prêtent de l’argent qui n’existe pas, il faut une banque centrale pour contrôler combien les banques prêtent. La banque centrale fixe le taux directeur qui permet de contrôler le niveau possible de création du crédit. Plus il est élevé, plus le crédit devient cher. Plus il est faible, plus le crédit devient bon marché. La banque centrale sait toujours quel est le bon niveau. Ne me demandez pas comment elle le sait mais elle le sait.

▪ Les économistes
Avant, les économistes étaient rares. Deux ou trois par siècle et encore.

Mais comment contredire des gens qui assènent comme des vérités des croyances mystérieuses et occultes ?

Maintenant, les économistes sont partout et ont des idées sur tout. Comme les médecins de Molière, personne ne comprend réellement ce qu’ils racontent, leurs diagnostics sont étranges et leurs résultats ne sont pas vraiment probants, voire nuisibles. Mais comment contredire des gens qui assènent comme des vérités des croyances mystérieuses et occultes ?

▪ Les crises
Avant, il y eut 19 crises monétaires et financières en 325 ans, soit une crise tous les 17 ans.

Maintenant, on décompte 27 crises en 43 ans, soit plus d’une crise tous les deux ans.

▪ Avant, c’était quand ?
Avant, c’était avant 1971 et l’abandon du système du Gold Exchange Standard, remplaçant de l’étalon or lui-même abandonné en 1931.

"Avant, c’était mieux" est en général un discours de fossile inadapté. Mais quand les crises se multiplient, les fossiles inadaptés peuvent se poser des questions. D’autant plus que les victimes sont de plus en plus nombreuses et jeunes. Certains économistes préconisent toujours plus de régulateurs. Lorsqu’une machine fonctionne mal, pourquoi vouloir lui rajouter de multiples sécurités ?

Les banques commerciales prêtent moins car on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. L’économie n’a plus soif de crédit car il y en a trop. L’expansion du crédit ne garantit pas la croissance des activités rentables. Nul besoin de mots compliqués pour le comprendre.

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