La Chronique Agora

Les banques centrales feront tout pour empêcher une crise de la dette

▪ Aujourd’hui, nous allons encore plus loin dans l’inconnu… plus loin que "en fin de compte" et au-delà de "tôt ou tard"… pour nous intéresser à ce qui va se passer ensuite.

Nous pensons que les banquiers centraux ne vont pas accepter la fin du monde les bras croisés. Non, ils ont plus d’un tour dans leur musette

Plus spécifiquement, nous pensons que les banquiers centraux ne vont pas accepter la fin du monde les bras croisés. Non, ils ont plus d’un tour dans leur musette. Ce ne sont pas de nouveaux tours. Ils ont été utilisés maintes fois, de maintes manières différentes. Mais ils n’ont jamais été utilisés à l’échelle que nous prévoyons désormais.

Avant de nous lancer dans les conjectures, permettez-nous de vous dire ce qui se passe ici, à la Finca Gualfin. Il y a trois jours, Jorge — l’intendant de la ferme — est venu nous voir avec un problème :

"Señor Bonner, nous avons trouvé deux veaux morts. Ils avaient l’air gras et en bonne santé. J’ai bien peur que ce soit une maladie appelée la mancha. Je l’ai déjà vue, il y a des années. Des jeunes vaches tout à fait saines se couchent tout à coup et meurent. A l’époque, ça avait quasiment décimé notre troupeau".

Nous ne savons toujours pas ce qu’est la mancha… mais de toute évidence, ce n’est pas à prendre à la légère. Nous avons fait savoir à Salta, à six heures de distance, que nous avions une situation d’urgence. Un vétérinaire nous a conseillé de vacciner le troupeau entier. Quelques heures plus tard, les médicaments étaient à bord d’un bus en route pour Molinos, à environ une heure et demie du ranch.

Le lendemain matin, tout le monde était sur le pont — votre correspondant y compris. Nous nous sommes mis en selle pour partir vers le campo — une vallée immense de plusieurs milliers d’acres. Notre tâche consistait à vider la vallée de ses vaches… qui seraient ensuite dirigées vers l’enclos principal, où elles seraient vaccinées.

L’opération dans son intégralité à pris plusieurs jours. Votre correspondant était probablement plus un fardeau qu’une aide. Guider le bétail n’est pas aussi simple que les gauchos en donnent l’impression. Nous y reviendrons sans doute…

▪ Pendant ce temps, dans le reste du monde…
Pour revenir un peu en arrière… la fin du monde arrivera quand la bulle de dette éclatera. Mais avant ça, nous verrons plus de tentatives, de la part des banques centrales, de maintenir la bulle de dette en expansion. Richard Duncan :

"Etant donné que la Fed a nourri la reprise économique en gonflant les prix des actions et de l’immobilier, il est peu probable qu’elle laissera une chute des prix des actifs entraîner l’économie par le fond. Pour empêcher cela, il semblerait que la Fed devra prolonger le QE jusqu’en 2015, voire bien au-delà".

Viendra un moment où le monde ne pourra pas absorber plus de dette… et où la bulle éclatera enfin

Rien que de très prévisible, donc. Mais il y a un "tôt ou tard" pour le QE aussi. Viendra un moment où le monde ne pourra pas absorber plus de dette… et où la bulle éclatera enfin. Ensuite, nous verrons une réaction égale et opposée, parfaitement normale. Les prix des actifs qui ont été gonflés par la dette seront dégonflés par le désendettement. Une dépression suivra sans doute.

Ce n’est pas une mauvaise chose — pas du tout. Contrairement aux idées reçues, les krachs et les dépressions ne détruisent pas de richesse. Ils disent simplement que la richesse que l’on pensait avoir n’existait pas vraiment. Tant que l’argent facile coule librement, les erreurs restent invisibles. Les entreprises pourries sont maintenues en vie. La mauvaise spéculation semble rapporter. Des dettes qui ne pourront jamais être remboursées sont entretenues. Les prix des actifs grimpent.

Ensuite, quand la bulle explose… les erreurs deviennent douloureusement évidentes. Les gains factices retournent là d’où ils sont venus. Les actifs sont réévalués à des niveaux plus réalistes (mais non sans être d’abord allés toucher des planchers tout aussi irréalistes). C’est seulement alors, quand l’économie a été soigneusement passée à tabac, qu’elle peut se relever, s’épousseter et se remettre au travail.

Les autorités ne laisseront sans doute pas les choses suivre leur cours. Nos dirigeants ont construit leur carrière en faisant semblant d’améliorer l’économie. Quand l’effondrement arrivera, ils passeront à l’action avec encore plus de remèdes de charlatans.

C’est à ce moment-là que nous arriveront à la deuxième étape de la déflation de dette qui nous attend. C’est là que nous souhaiterons avoir acheté plus d’or… plus d’immobilier… plus de vieilles voitures et de pommes de terre nouvelles. Le plus probable — bien que ce ne soit pas garanti –, c’est que les banques centrales trouveront des moyens encore plus innovants et plus hardis de mettre de l’argent entre les mains des consommateurs. Ce qui sera suivi par une crise d’un ordre différent : des niveaux élevés d’inflation des prix à la consommation.

Attachez votre ceinture. Le voyage risque d’être agité.

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