La Chronique Agora

Baisse des taux d’intérêt : relance de la dévaluation

Les marchés financiers anticipent un retour des assouplissements monétaires et des mesures de relance.

Depuis avril 2022, le durcissement des conditions d’octroi de crédits et le dégonflement du secteur de la technologie provoquent des licenciements.

L’application de musique en ligne, Spotify, a annoncé le licenciement d’un salarié sur six, soit 1 500 personnes. L’entreprise compte confier plus de missions à l’IA. Twilio a annoncé le licenciement de 5% de ses salariés.

Entre pertes, licenciements et hausse du coût de la dette, un dégonflement de bulles provoque toujours du mécontentement. Des promesses de soutiens et sauvetages arrivent ensuite de la part des dirigeants.

Avec une baisse de 100 milliards de dollars des levées de fonds, au niveau mondial en 2023 par rapport à 2021, les courtiers et les promoteurs touchent moins de frais, les gérants ont moins de primes de performance, et les investisseurs mettent moins d’argent dans les parcs d’éoliennes ou usines à hydrogène.

Par contre, comme l’indiquent le record du CAC 40 et le prix de l’or, le marché parie à présent sur un retour des injections de liquidités et un regonflement de la bulle.

Selon Reuters, « les marchés anticipent à présent, avec une certitude quasi-totale, une baisse des taux de 0,25% par la Banque centrale européenne lors de la réunion de mars, et une baisse de 1,50% à fin 2024 ».

Un retour des assouplissements plaît aux entreprises et aux marchés… C’est pourquoi le CAC est arrivé au niveau le plus élevé de tout temps, sur la vague d’optimisme autour de l’interruption des hausses de taux.

Plans de relance : retour des assouplissements

Les mesures de relance démarrent aussi en Chine face au gonflement de la dette du pays depuis des années et un ralentissement de l’activité de l’économie.

Le gouvernement va augmenter le déficit à 4% de la taille du PIB, et fournir plus de garanties au secteur de l’immobilier, la source des inquiétudes du marché.

Selon Gavekal, les promoteurs de projets d’immobilier chinois ont des impayés à hauteur de 390 milliards de dollars – envers des sous-traitants, fournisseurs, ouvriers et créanciers.

La perspective d’un emballement de la dette a poussé Moody’s à dégrader la note de crédit du pays.

Bloomberg rapporte :

« L’économie de la Chine cherche à reprendre pied cette année, durant laquelle le rebond de l’économie – après la levée des restrictions du zéro COVID – a déçu les attentes, et la crise de l’immobilier créé des inquiétudes. Les données économiques montrent que l’activité, à la fois dans les services et l’industrie, ont chuté sur le mois de novembre, ce qui augmente les chances de politiques de soutien de la part du gouvernement.

En octobre, le président chinois, Xi Jinping, a signalé qu’un ralentissement soudain de la croissance, et les risques de déflation [des faillites et une hausse des non-remboursements de dette], ne seraient pas tolérées, tandis que le gouvernement tire le déficit au niveau le plus élevé en trois décennies. »

Soutiens pour les dépenses

La presse, des ONG et des think tanks ont présenté des analyses et études sur les programmes du gouvernement. Elles apportent généralement leur soutien aux mesures.

Par exemple, dans le domaine de l’informatique, les bureaucrates du bloc européen sont en train de mettre au point une règle, au sujet de la cybersécurité.

La société CapGemini a fait une présentation sur la loi. Ils ont écrit ceci :

« En somme, le règlement DORA est prévu pour résoudre les risques de cybersécurité et de défaillances informatiques, en mitigeant la menace des activités illégales, et la disruptions aux services digitaux, avec des conséquences directes sur l’économie et la vie des gens. »

CapGemini ne considère pas ces normes comme un problème, et la presse a relayé les conclusions de la société de conseil. Pourtant, il y a là un gros conflit d’intérêt : elle souhaite bénéficier de contrats de la part des autorités !

En effet, la société de conseil a tiré 1,1 milliard d’euros de revenus grâce aux contrats avec le gouvernement, de 2017 à 2022, selon Le Monde.

Dans la plupart des interventions et programmes, des entreprises gagnent l’opportunité de revenus ou protections. Personne ne souhaite avoir des ennemis au sein du gouvernement. Ainsi, les entreprises jouent le jeu et tentent de profiter de contrats, aides, ou barrières à l’émergence de la concurrence.

Les aides au secteur de l’immobilier en Chine risquent l’emballement de la dette. En revanche, elles créent beaucoup de gagnants, chez les propriétaires, investisseurs et promoteurs…

Les dirigeants choisissent la voie de la facilité pour conserver le pouvoir et maintenir leur popularité auprès de la population. Presque tout le monde souhaite bénéficier d’une aide, ou d’un contrat avec le gouvernement. Résultat : personne n’en fait de critiques.

En France, les autorités ont annoncé le retour des aides à l’octroi de crédits, en particulier pour l’immobilier.

Les déclarations de la Banque centrale européenne suggèrent un retour des baisses de taux. Vous ne verrez presque pas de résistance – de la part des entreprises, de la presse, ou des ONG – à la hausse des déficits et de l’endettement. Tous souhaitent en tirer quelque chose. La dévaluation des devises va donc reprendre sans qu’il y ait d’opposition.

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