La Chronique Agora

Back in the Etats-Unis

▪ Nous voilà de retour aux Etats-Unis, après 15 années de vie en Europe.

Bethesda est l’une des banlieues les plus riches des Etats-Unis. L’argent de tous les pays y afflue. Le jeu est clairement à l’avantage de Bethesda.

"J’étais dans un Starbucks, en train de boire un café", rapporte Elizabeth. "A côté de moi, un homme était au téléphone. Il discutait d’un contrat passé avec l’armée américaine en Afghanistan — il semblait ravi. De l’autre côté, un autre était au téléphone. Il était plus jovial, parlant fort des sommes qu’il avait gagnées. J’ai pensé qu’il était courtier, ou quelque chose comme ça. Puis j’ai réalisé qu’il parlait d’un contrat avec le gouvernement".

Alors que le reste des Etats-Unis a subi un recul ces 10 dernières années… la zone urbaine de Washington a connu un boom plus intense que jamais. Les prix de l’immobilier ont baissé… mais moins que dans d’autres régions.

Lorsque nous avons cherché une maison à louer, nous pensions pouvoir obtenir un bon prix. Nous pensions que ce serait un marché d’acheteurs. Pas du tout. Les jolies maisons de Bethesda sont toujours aussi recherchées. A quoi est-ce dû ?

Guerres… renflouages… plans de relance — rien de plus populaire dans la région. Les salaires des fonctionnaires fédéraux continuent de grimper… et une portion plus élevée du revenu national américain part à Washington.

▪ "Les années 2000-2009, une décennie perdue pour l’économie et les travailleurs US", titre un article du Washington Post.

"Durant la majeure partie des 70 dernières années, l’économie américaine s’est développée à une vitesse constante, générant des revenus et de la richesse en perpétuelle hausse pour les ménages américains. Mais depuis 2000, la situation est radicalement différente".

Qu’a-t-elle de différent ?

"La création nette d’emplois durant la première décennie de ce nouveau millénaire a atteint le zéro, en comparaison à une croissance saine de l’emploi durant chacune des six décennies précédentes", continue l’article.

"Aucune décennie, en remontant jusqu’aux années 40, n’a enregistré de croissance de l’emploi inférieure à 20%".

Combien d’emplois ont été créés depuis 2000 aux Etats-Unis ? Aucun. Pas un seul, en net.

Si on ne crée pas de nouveaux emplois, on ne peut s’attendre à voir des travailleurs en pleine forme. Ce qui n’a pas raté. "La première décennie du XXIe siècle a été la première à enregistrer une chute des revenus médians depuis qu’on a commencé à suivre ces chiffres dans les années 60. Et la valeur nette des ménages américains — la valeur de leurs maisons, de leur épargne-retraite et autres actifs, abstraction faite des dettes — a également décliné lorsqu’on tient compte de l’inflation, à comparer avec des gains notables durant toutes les décennies précédentes, depuis qu’on a commencé à compiler les données dans les années 50".

Dommage.

La décennie n’a pas été plus douce pour les investisseurs. Bloomberg rapporte que la valeur de toutes les entreprises cotées au monde dépassait légèrement les 60 000 milliards de dollars à la fin 2007. Les actions ont été divisées par deux en 2008. En 2009, après le plus bas de mars, le rebond a commencé. Elles ont repris environ la moitié de ce qu’elles avaient perdu, à la fin 2009, avec une valeur totale de 45 000 milliards de dollars environ.

Dommage (bis).

▪ Qu’est-ce qui a mal tourné ? Selon l’article du Post, les économistes se grattent le crâne en se posant la question. Quelle bande de crétins !

Ceux qui subissent la Chronique Agora depuis longtemps savent déjà ce qui a mal tourné. Les chiffres du PIB étaient positifs durant quasiment toute la période. Mais ils étaient bidons… une fraude. Ils ne mesuraient que le rythme auquel les Américains se ruinaient — en achetant des choses dont ils n’avaient pas besoin avec de l’argent qu’ils n’avaient pas.

Il nous semblait évident — à nous et à quiconque se donnait la peine d’y réfléchir pendant deux secondes — qu’on ne peut pas vraiment s’enrichir en dépensant de l’argent. Ce ne sont PAS les dépenses qui vous rendent riche. C’est l’épargne. Il faut épargner et investir… pour pouvoir produire plus. Tout le monde sait ça.

Mais les économistes ne travaillent pas pour "tout le monde". Ils travaillent pour le gouvernement. Ou pour l’industrie financière. Les deux secteurs ont grand intérêt à faire croire le contraire du principe ci-dessus. "Nous avons l’économie la meilleure, la plus flexible et la plus dynamique que le monde ait jamais vu", ont déclaré les politiciens américains. "Ouais… et ça ne fera qu’aller de mieux en mieux", a ajouté l’industrie financière.

Mais c’était une fraude. Les choses ne sont pas allées mieux. Elles ont empiré. A présent, les Américains en paient le prix. 10 années de travail… et ils sont plus pauvres que lorsqu’ils ont commencé.

Mais bon ! C’est une Nouvelle Année. Nous allons regarder en avant. Qu’arrive-t-il ? 10 années de recul supplémentaire ? Ou 10 années de véritable croissance ? Mieux ? Ou moins bien ? Nous parions sur le recul… A suivre !

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