La Chronique Agora

L’avidité de Wall Street

Notre masse monétaire est en voie de disparition.

« Nous vivons dans un monde qui ne dispose pas d’assez d’argent. » – Ray Dalio

Aujourd’hui, nous allons nous octroyer une petite pause ; nous avons attrapé un mauvais rhume en cours de route. Et nous sommes troublés.

Nous avons passé la majeure partie des 30 dernières années loin de notre ferme du Maryland. Mais c’est toujours un plaisir de rentrer à la maison. Tels de vieux amis, nous retrouvons nos bottes et nos outils, là où nous les avions laissés.

(© Bill Bonner)

Un morceau d’essor

Mais le quartier a changé.

Pourquoi ?

L’immigration.

Les nouveaux venus viennent tout droit de New York, de Floride, de Californie et du Wyoming. Ils sont enthousiastes à l’idée de participer à l’essor de la région de Washington, où les salaires sont parmi les plus élevés du pays.

Aujourd’hui, le sud du Maryland a complètement changé. C’est désormais une lointaine banlieue de Washington, avec probablement moins d’un habitant sur 100 qui a déjà pêché un crabe, ou même aperçu un plant de tabac. Les nouveaux immigrants ne semblent pas savoir où ils se trouvent… et n’en ont pas grand-chose à faire.

Où que nous allions, un projet nous attend. Des murs de pierre en Irlande. Des cabanes en pisé en Argentine. Un loft dans une grange en France.

Ici, dans le Maryland, notre projet est de terminer la construction d’une roulotte que nous avons commencée à Noël dernier, principalement pour occuper les petits-enfants. C’est une construction simple. Montés sur une vieille charrette à foin, les murs s’élèvent en biais et le toit est incurvé. Nous avons vu quelque part qu’il était possible de se procurer de la tôle ondulée et de la plier pour la faire passer par-dessus la bosse. Nous verrons bientôt ce qu’il en est !

(© Bill Bonner)

Revenons-en à la finance…

A notre avis, la principale différence entre aujourd’hui et les années de 1980-2020 réside dans l’utilisation de la planche à billets.

Dans notre système construit sur de la fausse monnaie, la nouvelle richesse n’est pas gagnée : elle est créée par des prêts. La Fed prête aux grandes banques. Les banques prêtent à des fonds spéculatifs, à des banques plus petites, à des entreprises et à tous ceux qui veulent de l’argent. La masse monétaire augmente, mais la dette aussi.

Les grands emprunteurs se trouvent à Wall Street. Les acteurs financiers qui utilisent l’argent bon marché pour jouer et spéculer. Tant que le volume d’argent – les liquidités – augmentait, il était raisonnable de s’attendre à ce que les prix des actifs augmentent. C’est ce qui s’est passé. Le Dow Jones, par exemple, est passé de moins de 1 000 en 1980 à plus de 36 000, aujourd’hui.

Des dollars en baisse

Les consommateurs ont également emprunté, pour acheter des maisons, des voitures et des cartes de crédit. Et le gouvernement fédéral a été le plus grand emprunteur de tous, ajoutant plus de 27 000 milliards de dollars à sa dette depuis le début du siècle.

Tous ces emprunts et toutes ces dépenses ont augmenté la « masse monétaire en circulation » qui a servi à acheter, principalement, des actifs financiers. Cela s’est traduit par une hausse des prix des actifs. Et la hausse des prix des actifs a rendu l’élite beaucoup plus riche.

Puis, en juillet 2020, la frénésie d’emprunts s’est arrêtée net. Les taux d’intérêt et l’inflation ont augmenté. Les emprunts ont diminué. Et la masse monétaire a diminué en même temps. Charlie Bilello rapporte :

« La masse monétaire américaine a baissé de 3,3% au cours de l’année écoulée, ce qui représente un 11e mois consécutif de baisse en glissement annuel. La masse monétaire américaine a baissé de 2% au cours des deux dernières années, soit la plus forte baisse jamais enregistrée sur deux ans. »

L’argent fait tourner le monde financier. Il convient de noter que la masse monétaire était censée augmenter à peu près au même rythme que le PIB, afin de maintenir les prix plus ou moins stables. Le PIB a augmenté d’environ 3% par an depuis 1971. Mais M2 a augmenté d’environ 5%. Puis, pendant le mandat de Trump, il a grimpé à 27%, car la Fed a « imprimé » des milliers de milliards pour combler les déficits de Washington. C’est la cause immédiate de la vague d’inflation qui a frappé les Etats-Unis en 2022.

Le mode de fonctionnement

Puis, bien trop tard, la Fed a changé de cap. Fini l’argent gratuit. Fini les taux négatifs. Le taux directeur de la Fed a augmenté de 500 points de base (5%), le revirement le plus important et le plus rapide de l’histoire de la Fed.

La masse monétaire s’est effondrée. D’une croissance annuelle de 27% sous Trump, elle se situe désormais sur un plancher de moins 4,5%, une baisse sans précédent. Les paiements hypothécaires ont grosso modo doublé. Les intérêts sur les cartes de crédit ont atteint 21%. Et les autorités fédérales paient désormais plus de 1 000 milliards de dollars par an en INTÉRÊTS sur le budget fédéral, le plus grand poste de dépenses fédérales en dehors de la Sécurité sociale et de l’assurance-maladie.

Ce qui est troublant, c’est que la masse monétaire n’augmente plus. Alors, qu’est-ce qui fait tourner le monde ? La majorité des actions ont été vendues en 2022. Mais elles repartent à la hausse. Les obligations ont subi la plus forte liquidation jamais enregistrée. Les taux d’intérêt sont généralement en train de baisser à nouveau. Et voici ce que rapporte l’Intelligencer :

« Selon Wall Street, il est temps de redevenir gourmand

Les cinq dernières semaines ont été excellentes pour Wall Street. Depuis la fin du mois d’octobre, l’indice Dow Jones s’est emballé, grimpant de plus de 11%. Les marchés obligataires – qui, pendant une grande partie de l’année, ont reflété une image plus sombre de l’économie – ont laissé derrière leur pessimisme à l’égard de l’inflation, et se sont livrés à des folies. L’idée étant que la Réserve fédérale va enfin commencer à réduire les taux d’intérêt, et qu’il vaut mieux acheter, acheter, acheter à peu près tout ce qui peut être acheté avant qu’il ne soit trop tard… A Wall Street, il semble que les gourmands sont de retour. » 

Vraiment ? Est-ce le moment d’être gourmand, alors que les cours des actions atteignent presque des sommets ? Est-ce ainsi que les choses fonctionnent ?

Nous ne le pensons pas.

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