Le carnet de commandes de nouveaux navires pétroliers est bien vide – mais la situation est sans doute sur le point de changer. C’est une opportunité pour un investisseur aventureux…
Comme nous l’avons vu hier, le secteur du transport pétrolier semble être sur le point d’entrer dans un nouveau supercycle… or les investisseurs ne s’en sont pas rendu compte.
Il n’est pas compliqué de compter les navires en construction dans les chantiers navals de Chine, du Japon et de Corée du Sud. Il est aussi assez facile de déterminer l’âge des navires existants.
(Les navires pétroliers ont une espérance de vie d’environ 20 ans. Ensuite, ils sont démantelés.)
Le graphique suivant montre le carnet de commandes de nouveaux pétroliers et l’âge moyen de la flotte.
Vous constaterez facilement que le carnet de commandes n’a jamais été aussi vide en 20 ans (courbe bleue). Il y aura donc peu de nouveaux navires qui entreront en activité dans les années qui viennent.
Parallèlement, l’âge moyen de la flotte n’a jamais été aussi élevé (courbe rouge). Beaucoup de pétroliers vont donc être mis en retraite ces prochains temps.
En d’autres termes, cette période de pénurie de navires va se poursuivre pendant au moins deux ans (probablement plus longtemps encore… comme je vous le montrerai dans un instant, il est peu probable que les armateurs commencent soudainement à commander beaucoup de nouveaux navires).
Les investisseurs passent à côté
En attendant, en Bourse, les investisseurs ne se sont pas rendu compte que l’industrie des pétroliers venait d’entamer son prochain « supercycle ».
Comment puis-je en être aussi sûr ?
La meilleure manière d’évaluer le sentiment des investisseurs au sujet du marché des pétroliers est de déterminer la valeur des pétroliers qui composent la flotte d’une entreprise (sa valeur nette d’inventaire ou VNI).
Ce n’est pas compliqué : il suffit d’observer le marché des pétroliers d’occasion.
On compare ensuite la VNI avec l’estimation de la valeur de l’entreprise par le marché boursier (son évaluation boursière).
Normalement, ces deux chiffres devraient être plus ou moins égaux. Parfois, cependant, les investisseurs sont trop gourmands, ou trop prudents, et les chiffres divergent…
… Comme en ce moment, par exemple.
Certaines des entreprises de transport pétrolier les plus solides du secteur ont des flottes d’une valeur de 1 Md$ environ, mais la Bourse affirme que ces entreprises ne valent que 750 millions. Trois des entreprises de transport pétrolier que j’ai recommandées récemment avaient des rapports prix/VNI de cet ordre de grandeur.
En d’autres termes, les actions s’échangent pour 25% de moins que la VNI.
Pour formuler les choses autrement : on peut profiter de 25% de remise sur l’achat d’un navire pétrolier en l’achetant en Bourse plutôt que dans la réalité.
Le pire de la baisse est derrière nous
Les investisseurs remarqueront bientôt que les navires pétroliers gagnent des fortunes et que la flotte va diminuer. Ils combleront le fossé entre VNI et capitalisations boursières, et pourraient même provoquer une inversion du rapport.
Nous pourrions assister à une consolidation dans ce secteur. Pourquoi payer plein pot un nouveau pétrolier tout juste sorti des chantiers quand l’on peut acheter l’ensemble de la flotte d’un concurrent pour 25% moins cher ?
Enfin, les entreprises commencent à racheter leurs propres actions. Là encore, pourquoi dépenser de l’argent pour acheter de nouveaux pétroliers… quand on peut se contenter de racheter les siens pour 25% de moins ?
Bien sûr, les pétroliers continueront aussi à faire de gros bénéfices, car la flotte ne comptera pas suffisamment de navires dans les années qui viennent.
Ces derniers mois, les actions des entreprises de transport pétrolier ont été massacrées. La situation est très dure.
Mon sentiment est que nous avons atteint le fond, sur ce marché baissier qui dure depuis 12 ans, et que les choses vont reprendre. Nous verrons bien…