La Chronique Agora

L’avenir que l’élite ne voit pas venir

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Avec les sauvetages de banques en faillite, les autorités stimulent l’inflation, mais pas seulement…

En fin de semaine dernière, la Bourse américaine a décollé comme une fusée, après avoir chuté drastiquement. MarketWatch rapporte :

« Les commentaires de Janet Yellen selon lesquels le Trésor n’avait pas discuté de protections générales et automatiques pour les dépôts bancaires semblaient avoir éclipsé la hausse des taux d’intérêt et la conférence de presse de la Fed, ainsi que la publication de la dernière série de projections économiques de la banque centrale.

[…] Les investisseurs ont ensuite réévalué la réaction négative du marché aux événements survenus tard durant la journée précédente. »

Les mauvaises nouvelles sont devenues de bonnes nouvelles. La baisse est devenue la hausse. La gauche est devenue la droite.

50 000 Mds$ de fausse richesse

Ce qui nous amène à un constat : nous sommes dans une période de transition délicate. Entre inflation et déflation. Et les prochaines années seront déroutantes. La Fed fera semblant de lutter contre l’inflation. Jerome Powell mettra des grosses semelles dans ses chaussures, et imitera Paul Volcker.

Mais toute l’élite a profondément peur de la déflation (qui signifierait l’abandon de pas moins de 50 000 Mds$ de fausse richesse). Elle poursuivra son « revirement camouflé », s’en tiendra à une méthode éprouvée pour protéger les gains de la bulle qu’elle a construite… et trompera les masses avec l’inflation.

La dernière hausse de taux, par exemple, ne permet pas à la politique monétaire de la Fed de quitter le territoire inflationniste, son taux directeur étant inférieur de plus d’un point de pourcentage à l’augmentation des prix à la consommation.

Les autorités fédérales ont également promis aux banquiers et à leurs gros déposants de les protéger contre les pertes qu’ils méritent de subir.  Ce mois-ci, le bilan de la Fed s’accroît à nouveau, après une année de légère baisse. Les 626 Mds$ de resserrement quantitatif (ou QT, c’est-à-dire la réduction des actifs détenus par la Fed, une mesure déflationniste) ont peut-être déjà été effacés par un nouvel assouplissement quantitatif mis en place pour renflouer les banques (une mesure inflationniste).

Le gouvernement fédéral ne montre pas non plus de signe de réduction des dépenses. Il y a l’inflation « monétaire ». Il y a aussi l’inflation « fiscale ». Outre « l’impression » de monnaie, le gouvernement fédéral stimule l’inflation en dépensant de l’argent qu’il n’a pas. Et nous devrons faire face à des déficits de plus de 1 000 Mds$ d’ici à l’éternité.

Mais restons-en aux banques…

La discipline du capitalisme

Pourquoi ne pas les laisser faire faillite ? Les mauvais restaurants font faillite. Les mauvais joueurs de poker perdent de l’argent. Les banques mal gérées sont censées faire faillite, elles aussi.

C’est la discipline du capitalisme. Des comités de bureaucrates peuvent-ils faire mieux ? Les planificateurs centraux peuvent-ils améliorer la manière dont les marchés privés allouent les capitaux et fixent les prix des actifs ? Les hommes politiques qui ne risquent pas leurs capitaux peuvent-ils faire de meilleurs investissements que les investisseurs qui le font ?

Si c’est le cas, ce serait une révélation pour nous. De ce que nous savons, la discipline du capitalisme est la force motrice du progrès humain. Elle récompense les réussites. Elle rejette les échecs. Nous apprenons. Nous faisons plus de ce qui marche et moins de ce qui ne marche pas. Nous nous enrichissons. Tout le monde se porte mieux en se débarrassant des mauvais cuistots et des mauvais banquiers… même les pauvres qui, dans les pays riches, bénéficient du chauffage central, de la télévision, de la climatisation, de l’automobile et de la nourriture.

Mais les avantages du capitalisme ne sont pas garantis. A tout moment, il peut y avoir une tension – la richesse et le pouvoir d’ici et de l’instant présent… contre la richesse, le pouvoir, la technologie et le savoir inconnus du futur.

La charrue en acier était beaucoup plus efficace que le modèle en bois. Le capitalisme a rapidement mis fin aux activités des fabricants de charrues en bois. Si les autorités fédérales avaient été mêlées à cette histoire, nous serions peut-être encore en train de labourer la terre avec des araires en bois. Les lobbyistes des fabricants de ces outils auraient fait valoir que les charrues en métal les pousseraient à la faillite… et détruiraient des emplois.

Steve « Jobless »

Pensez à toute la révolution de l’ère de l’information… Amazon, Apple, Microsoft, Google, Meta… Si les pouvoirs en place avaient pu anticiper la façon dont ils allaient s’emparer des recettes publicitaires des puissants bénéficiaires précédents –  le New York Times, NBC, Vanity Fair Magazine, etc. – et comment ces nouveaux médias allaient devenir le principal canal d’endoctrinement et de tromperie du public… ils auraient pu en prendre le contrôle plus tôt… ou les empêcher de voir le jour.

Imaginez la scène. Californie, 1975. On frappe à la porte du garage :

« Êtes-vous Steve Jobs ?
– Oui…
– Nous sommes du FBI. Est-ce un ordinateur personnel que vous construisez ?
– Oui… pourquoi ?
– Parce que c’est interdit. Sécurité nationale. Vous devez nous suivre.
– Hein ?
– Nous ne pouvons pas vous en dire plus. C’est confidentiel. »

L’avenir n’est possible que parce que l’élite ne le voit pas venir.  Maintenant, les entreprises de la Silicon Valley sont là, solidement implantées… représentant des milliards de nouvelles richesses… et faisant partie de l’élite elle-même. Deux entreprises seulement, Microsoft et Apple, représentent en valeur un cinquième du PIB des Etats-Unis.

Naturellement, les politiciens souhaiteraient les contrôler… et les associer à leurs efforts de propagande.

Les autorités fédérales – et toute l’élite actuelle en réalité – représentent l’ici et le maintenant. Ce sont eux qui ont de l’influence. Ils écrivent les tribunes des journaux. Ils contribuent aux campagnes électorales et engagent des lobbyistes. Ils ont l’argent. Ils ont le pouvoir. Leur but est de le protéger… en empêchant l’avenir de se produire.

L’avenir, s’il était autorisé à se produire naturellement, leur ferait perdre leur pouvoir et la valeur de leurs actifs surévalués. Les mauvaises banques feraient faillite…. comme il se doit. Les spéculateurs perdraient de l’argent. Et l’élite, qui est responsable de monstruosités telles que notre politique monétaire, les 90 000 Mds$ de dette, l’hystérie Covid et la guerre contre le terrorisme, perdrait son influence et sa réputation.

C’est pour empêcher cet avenir que les autorités fédérales subventionnent, restreignent, contrôlent, taxent, trompent et fraudent…. en imprimant des milliers de milliards de dollars d’argent frais afin de gonfler l’excédent de la dette. Le coût de leurs « erreurs » est ainsi supporté par les ménages et les entreprises ordinaires. Tel un bébé dont la tête a été intentionnellement déformée, l’avenir survit, mais il est déformé et handicapé mental.

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