Plus on prend de l’âge, plus on a d’expérience – et c’est vrai aussi en matière de Bourse… et d’inflation. Dommage que les leçons les plus utiles n’arrivent qu’à la fin…
Il y a peu d’avantages à vieillir, mais parmi eux – si l’on parvient à garder toute sa tête –, il y a le fait qu’on a assisté à une grande quantité d’« excès pitoyables ». On sait à quoi ils ressemblent.
Le phénomène de l’inflation dans son ensemble est profondément distrayant et magnifiquement instructif. Mais il ne se présente pas tous les jours… de sorte qu’il faut le savourer… comme un vieux whisky.
Le laissant couler sur sa langue, le vieil homme se dit à lui-même (personne d’autre ne l’écoutera) : « Ah oui… j’ai déjà goûté ça… »
Mais les coups de folie actuels – les SPAC… les cryptomonnaies… les valeurs en route pour la stratosphère – peut-être sont-ils différents, après tout ?
Qui sait ?
Inflation et Nouvelle ère
L’optimisme juvénile affirme que nous vivons une Nouvelle ère. L’âge et l’aigreur nous disent que ce n’est qu’une redite de l’Ancienne ère, avec un vieux favori en premier rôle – l’inflation.
Le problème, avec l’inflation, c’est que les leçons utiles n’arrivent pas au début, mais à la fin.
Parce qu’à ce moment-là, les champs et les usines de la nation sont en friche… l’économie est en désuétude… et les fortunes ont décliné aussi – voire purement et simplement disparu.
A ce moment-là, le citoyen moyen botterait ses propres fesses s’il pouvait les atteindre. Comment a-t-il pu passer à côté de la délicieuse poésie de l’inflation… ignorer comment elle fait quelque chose de rien puis, à l’inverse, réduit quelque chose à rien…
… Laissant tout le monde ou presque – à part les quelques personnes qui comprenaient vraiment ce qu’il se passait – sur la paille ?
Oui, c’est bien le problème. C’est une histoire dont la morale ne s’éclaircit qu’à la fin… comme un roman de Marcel Pagnol… où (attention, spoiler !) l’affreux vieillard apprend enfin que le jeune homme… un bossu qu’il a contribué à tuer… était en fait son propre fils.
Il est alors trop tard pour se racheter. Trop tard pour dire « je suis désolé ». Trop tard pour changer de cap. Trop tard pour éviter l’affreuse catastrophe.
Oui, tel est bien le problème avec l’inflation. Comme la vie elle-même, elle attend trop tard pour s’exprimer. C’est uniquement lorsqu’on approche de la fin qu’on l’entend chuchoter :
« Espèce d’idiot… Comment as-tu pu penser que l’argent de la planche à billets te rendrait riche ? »
Ensuite, à ce moment de jugement… rongé de doute et de douleur… une lumière s’allume et on voit enfin la scène… toute votre vie exposée devant vous – vos erreurs… vos péchés… vos opportunités perdues et vos virages malheureux…
On voit enfin ce que tout cela signifie…
… Et personne ne s’en soucie. Il est trop tard.