La Chronique Agora

Les assouplissements quantitatifs de la Fed sont de moins en moins utiles

▪ Tout le monde est (encore) accroché à son fauteuil.

Sauf nous. Nous en sommes tombé il y a des années.

Après la BCE et la Cour constitutionnelle allemande, les investisseurs attendent désormais des nouvelles de la Fed. Ils pensent que Bernanke pourrait dire quelque chose d’important, quelque chose qui fera grimper leurs actions.

Que va faire la Fed ? Encore plus d’assouplissement quantitatif ? Plus de Twist ? Plus d’impression monétaire ?

Toujours plus de miracles ? Plus d’héroïsme ? Plus de sauvetage de la civilisation ?

Peut-être. Ou peut-être pas.

Quelle importance, de toute façon ? De nouvelles « relances » de la Fed peuvent-elles vraiment créer la prospérité ? Peuvent-elles donner du travail aux gens ? Peuvent-elles générer une vraie reprise ?

Non… oubliez ça. Les taux sont bas parce que les gens ne veulent pas emprunter. A mesure que cette Grande correction se poursuivra, ils pourraient encore baisser. Nous sommes toujours dans une correction déflationniste… qui suit la bulle du crédit de 2005-2007. La Fed ne changera pas beaucoup les choses en abaissant encore les taux.

▪ L’or enfin de retour ?
Et lorsque la Fed imprime de l’argent pour acheter des obligations, ça effraie les investisseurs dans l’or et les matières premières. C’est pour cette raison que le métal jaune est de retour au-dessus des 1 700 $… et semble bien parti pour atteindre les 1 800 $ avant la fin de l’année. L’or est la devise ultime. Il grimpe quand la Fed augmente la masse monétaire américaine. Il a peut-être déjà augmenté en anticipation de la prochaine décision de la Fed.

Le pétrole est lui aussi sensible aux impressions monétaires. Lorsque la Banque centrale américaine fait jouer l’assouplissement quantitatif… le prix de l’or noir grimpe. Les autres matières premières tendent elles aussi à augmenter. Ce qui réduit à néant l’objectif de la manoeuvre.

La Fed imprime… et les prix augmentent pour les gens que la Fed prétend aider. La première vague d’assouplissement quantitatif a fait grimper les prix de l’alimentation de 20% et ceux du pétrole de 59%. Ensuite, le QE2 a augmenté le pétrole de 30% supplémentaires, pendant que l’alimentaire enregistrait +15%.

▪ Et pendant ce temps, l’économie… n’avance pas
En quoi est-ce que ça aide l’économie que les prix à la consommation les plus importants grimpent ? En rien, évidemment. Au lieu de ça, chaque fois que le prix du pétrole grimpe de 10 $, 0,3% du PIB disparaît.

En d’autres termes, les marchés de consommation les plus importants voient clair dans le jeu des banques centrales. Ils savent que le nouvel argent créé pour la « relance » est bidon. Lorsqu’un assouplissement quantitatif est annoncé — ou attendu — ils font grimper les prix du pétrole… du soja… du maïs… de l’or… et des actions.

C’est là que ça devient intéressant. Parce que le QE ne tombe pas, comme la manne du paradis, à parts égales sur les riches et sur les pauvres. Il favorise les riches. Leurs valeurs boursières grimpent beaucoup. Leurs coûts grimpent un peu.

Les familles les plus pauvres dépensent une plus grande partie de leurs revenus en nourriture et en carburant que les familles riches. Si bien que lorsque la Fed fait grimper les prix de l’essence et des barres chocolatées, les pauvres souffrent plus. Ils réduisent leurs dépenses ailleurs, sapant tout l’effort de relance. Au lieu de stimuler l’économie, le nouvel argent de la Fed l’étouffe.

Les familles riches, en revanche, ont des actions. Ces dernières grimpent aussi quand la Fed fait jouer l’inflation. C’est là que la relance semble fonctionner.

Faut-il l’écrire en toutes lettres ? De nouvelles « relances » de la part de la Fed aident les riches à devenir plus riches et les pauvres à devenir plus pauvres.

Ce qui n’est pas une bonne manière de créer la prospérité générale. Ou des emplois. Ou une population heureuse.

Au lieu de ça, la majorité commence à sentir qu’on a abusé d’elle. C’est exactement ce qui est en train de se produire. Les politiciens adorent parler de taxer « les riches ». Les foules, de leur côté, adorent écouter de tels discours. Elles ne sont pas riches et ne s’attendent pas à le devenir.

Mais les riches ne sont pas devenus riches en étant idiots. Généralement, ce sont des initiés.

Rappelez-vous que le rôle du gouvernement est de faire passer la richesse des outsiders vers les initiés. Les banques centrales ne sont jamais qu’un des moyens d’y parvenir.

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