La Chronique Agora

L’assouplissement quantitatif, la moins pire des solutions pour la Fed ?

Par Marc Faber

▪ Même s’il n’est pas impossible que la Fed se rende compte (ce dont je doute) que ses actuels achats d’actifs ont un impact minimal sur l’économie réelle de la majorité des Américains, elle croit probablement qu’un stimulus monétaire continu est la moins pire des solutions. A mon avis, cette façon de penser est erronée parce que les prix augmentent beaucoup plus que les salaires.


D’autre part, la Fed veut stimuler la croissance du crédit avec ses taux d’intérêt artificiellement bas. Mais là encore, la croissance du crédit a beaucoup perdu de son impact sur l’économie réelle. L’effet sur le PIB d’une dette supplémentaire en dollars est aujourd’hui insignifiant.

 Je suppose que la conclusion que nous pouvons tirer de tout cela est que plus la dette augmente en pourcentage de l’économie, moins fort sera l’impact de chaque nouveau dollar de dette.

En réalité, à mon avis, il existe un point de basculement où un endettement supplémentaire a un effet de « contraction » sur l’économie. Pourquoi ? Parce qu’à ce point d’inflexion, la dette devient si grande que les taux d’intérêt augmentent, peu importe à quel point la banque centrale monétise la dette.

(Par la suite, l’inflation s’accélère et la monnaie s’effondre, ce qui conduit, contrairement à ce que pense M. Bernanke, à un appauvrissement général de la population.)

▪ En attendant le basculement…
Mais comme je l’ai déjà dit, il est fort probable que les Etats-Unis soient embarqués dans des achats permanents d’actifs par la Fed (jusqu’au QE99 — ou du moins jusqu’à ce que le système déraille, comme nous venons de le souligner).

Je me dois de faire remarquer, au crédit de M. Bernanke et pour être juste envers lui, que son sophisme économique est partagé par la plupart des banquiers centraux du monde entier. Ainsi, la base monétaire mondiale a explosé : elle a été multipliée par quatre depuis 2003.

Ces politiques monétaires universellement partagées sont, naturellement, applaudies par les gestionnaires de fonds, les banquiers et la communauté des investisseurs, qui tous bénéficient (y compris moi-même) de la hausse du prix des actifs. (24 heures après l’annonce par la Fed qu’il n’y aura pas de « ralentissement », la valeur de mes actifs a augmenté d’environ 3%.)

Mais ce qui est bon pour moi en tant que détenteur d’actifs ne signifie pas que cette politique monétaire soit bonne pour l’économie et pour la société dans son ensemble. ( La politique de Bill de Blasio consistant à augmenter les taxes des hauts revenus est une conséquence directe de l’augmentation de la richesse et de l’inégalité des revenus provoquée par les politiques monétaires expansionnistes.)

Pour les investisseurs, le défi est le suivant : malgré des achats records de bons du Trésor et de titres adossés à des créances hypothécaires, depuis septembre 2012, les taux d’intérêt sont en hausse et non en baisse. Cela prouve clairement que la Fed n’a aucun pouvoir.

De même, les matières premières et les métaux précieux sont encore bien en dessous de leur plus haut. Et la majorité des places boursières dans le monde se situent bien en dessous de leur plus haut tout comme la plupart des actions aux Etats-Unis. Autrement dit, il n’est guère probable que la Fed et d’autres banques centrales parviennent à booster encore plus tous les prix des actifs puisque cela les obligerait à accélérer à l’infini l’expansion des bilans.

La base monétaire mondiale a augmenté de 35% en 2009. Par la suite, sa croissance s’est ralentie à un taux annuel de 10% début 2012. L’expansion de la base monétaire mondiale a ensuite ré-accéléré à un taux annuel de plus de 20% fin 2012. Toutefois, elle a depuis ralenti à un taux de croissance annuel de près de 5%. Pour résumer, même sans arrêt progressif du QE, il existe un resserrement relatif de l’expansion monétaire turbo-compressée.

Nous verrons la suite vendredi…

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