La Chronique Agora

Quelle pourrait être la dernière étape de la politique d’assouplissement de la BCE ?

Depuis 2008, l’assouplissement monétaire a déjà fait un très long chemin. La BCE a abaissé son taux directeur de 4,25% à 0%, et dire que la politique monétaire est « ultra-expansive » est devenu un lieu commun. Mais avec les taux à 0%, a-t-on vraiment atteint la fin du chemin ?

Lors de sa conférence de presse à Francfort sur le Main, Mario Draghi n’a pas voulu confirmer que les -0,4% de pénalités sur les dépôts bancaires auprès de la BCE étaient une dernière étape, jugeant la question trop spéculative. Toutefois, on sait que la banque centrale danoise applique déjà un taux d’intérêt négatif de 0,65% sur les dépôts bancaires.

Le chef économiste de la BCE, Peter Praet, a expliqué dans une interview que les taux directeurs de la BCE resteront au niveau actuel ou même plus bas pour encore longtemps.

Les taux directeurs n’ont pas atteint leur niveau le plus bas et si un nouveau choc survenait, la question d’une nouvelle baisse serait sur la table

Toujours selon Praet, les taux directeurs n’ont pas atteint leur niveau le plus bas et si un nouveau choc survenait, la question d’une nouvelle baisse serait sur la table.

Praet semblait convaincu qu’une nouvelle baisse pourrait accélérer l’offre de crédit dans la Zone euro, alors même que les banques européennes soulignent que les perspectives incertaines de l’économie freinent la demande de crédit des entreprises. Par ailleurs, Peter Praet n’a pas voulu reconnaître que la BCE pourrait avoir tiré toutes ses cartouches. La BCE aurait encore beaucoup de possibilités de rendre la politique monétaire encore plus expansive.

Quelles sont ces possibilités ?

Est-ce à dire par exemple que nous devrions nous attendre à aller toujours plus loin en territoire négatif, par petites étapes atrocement lentes ? N’y a-t-il aucune solution pour trancher le noeud gordien, aucune fin à l’agonie ? Les analystes financiers de la Zone euro discutent actuellement de cette question, et, à vrai dire, une nouvelle proposition a émergé, proposition plausible au regard d’une politique monétaire qui a été expansive sur une si longue période.

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Appelé OMF, pour Overt Monetary Financing, c’est une politique selon laquelle la banque centrale fournirait un financement monétaire ouvert de la dette publique. Afin de lutter contre les forces déflationnistes, un dernier élément de la politique monétaire pourrait être introduit : l’achat à grande échelle par la banque centrale de toutes les anciennes et nouvelles dettes publiques.

Le concept vient de Lord Adair Turner, ancien chef de l’autorité de régulation britannique des marchés financiers, la FSA. Il estime que des mesures extrêmes peuvent être justifiées quand l’ensemble du système financier est en péril. La Banque du Japon, en particulier, a déjà, pratiquement atteint cette étape et la BCE est déjà bien engagée dans cette voie. Le seul élément manquant est l’accord des parlements. En pratique les choses pourraient s’articuler de la façon suivante :

Etablissement du budget, estimation du déficit, communication du déficit à la BCE, émission d’obligations souveraines par le gouvernement, totalement achetées par la BCE (QE). De cette façon, l’argent est immédiatement à la disposition du gouvernement ce qui élimine toutes les querelles autour du déficit budgétaire ; exit tensions et négociations sans fins.

Le dispositif technique existe déjà à la BCE et la mise en oeuvre semble trop facile pour ne pas susciter un certain intérêt

Le dispositif technique existe déjà à la BCE et la mise en oeuvre semble trop facile pour ne pas susciter un certain intérêt : ce ne sera, finalement, qu’une extension intelligente du QE. Toutefois, peu de gens se souviennent de ce qui s’est passé auparavant quand un pays a entrepris un financement complet par la banque centrale.

A partir du 1er avril, la BCE achètera 80 milliards d’euros mensuels d’obligations via le QE, soit un total de 960 milliards sur 12 mois. Avec un déficit dans la Zone euro estimée à 170-180 milliards pour 2016 et 200 milliards d’euros pour 2017, le QE de la BCE financera la totalité du nouveau déficit en seulement deux mois et demi. Les nouvelles dettes publiques seront financées à plus de 100%. La Banque centrale financera l’intégralité de la dette publique.

Conclusion

Les futures mesures qui seront prises en matière de politique monétaire doivent maintenant être suivies de très près. Si les banques centrales donnent le sentiment de perdre le contrôle de la situation, la politique monétaire va perdre son statut de panacée ou de « remède miracle », ce qui pourrait déclencher de violentes turbulences sur les marchés.

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