La Chronique Agora

L’art de la distanciation sociale… et autres pandémies

1919/2020, un parallèle intéressant – et pas seulement du point de vue épidémiologique. Retour sur une crise… et la manière dont elle a été résolue.

En Argentine, nous sommes assigné à résidence jusqu’à mercredi – date à laquelle une infirmière viendra certifier que nous ne sommes pas infecté.

Nous n’avons aucun problème avec la distanciation sociale. Nous l’avons pratiquée toute notre vie… et nous avons désormais une chance de nous perfectionner.

Nous n’avions pas non plus besoin que les autorités nous en informent. Selon les chiffres que nous avons vus, une personne âgée de plus de 70 ans attrapant la maladie a une chance sur 10 de mourir. Des probabilités correctes… mais pas assez correctes.

En 1918, comme nous avons commencé à le voir hier, il n’y avait pas d’épidémiologistes pour expliquer les risques encourus en traînant avec les autres. Pas plus qu’il n’y avait d’antibiotiques pour lutter contre les infections secondaires. Personne ne savait exactement comment le virus de la grippe espagnole fonctionnait, mais il était visiblement infectieux.

La distanciation sociale fonctionnait à l’époque… tout comme aujourd’hui.

Les gouvernements encourageaient les gens à ne pas cracher sur les trottoirs. Ils conseillaient également de dormir toutes fenêtres ouvertes.

Ce qu’ils n’ont pas fait… et n’ont pas eu besoin de faire… c’était de paniquer et mettre en place un gigantesque programme d’impression monétaire pour venir au secours de l’économie.

L’économie n’avait pas besoin d’être guérie de sa fièvre. Elle n’en a jamais besoin. Ce dont elle a besoin, c’est qu’on la guérisse du gouvernement.

En place pour un krach économique

Une économie n’est rien de plus que l’agglomération des accords gagnant-gagnant des gens vaquant à leurs occupations pour gagner de l’argent et le dépenser.

Tous ont le même objectif : faire du mieux qu’ils peuvent pour eux-mêmes. Ils dépendent des signaux de marchés – les prix – pour leur indiquer s’il faut acheter, dépenser, vendre, investir et ainsi de suite.

En 1918, les Etats-Unis avaient encore une économie plus ou moins libre. Les signaux de prix étaient encore fiables. La Réserve fédérale avait été mise en place, mais elle n’avait pas encore fait jouer ses muscles.

(Elle avait cependant réduit ses exigences en matière de réserves bancaires, menant à une grande augmentation des prêts… et mettant toutes les conditions en place pour un krach économique en 1920. Nous allons y revenir.)

Le dollar était encore adossé à l’or, ce qui limitait la possibilité, pour les autorités, d’imprimer de l’argent.

L’idée même de renflouer une entreprise privée aurait semblé scandaleuse. Les gens auraient dit : « Si une entreprise est tellement mal gérée qu’elle ne peut pas encaisser une crise, mieux vaudrait la laisser faire faillite. »

La solution consistant à envoyer des chèques aux gens, bon gré mal gré, aurait été considérée absurde et impossible.

« Où dans la Constitution est-il indiqué que le gouvernement a le pouvoir d’agir ainsi ? » auraient demandé certains.

« En quoi est-ce raisonnable de sauver les gens de leur propre imprudence ? » se seraient demandé d’autres.

« Où le gouvernement obtiendra-t-il l’argent ? Ces sommes ne viennent-elles pas des personnes mêmes auxquelles il distribue désormais de l’argent ? Est-ce que ça a un sens ? »

Mais nous sommes en 2020, et personne ne pose de questions.

Le gouvernement a souillé l’économie à tel point qu’on peut à peine marcher sans devoir nettoyer ses bottes. L’approche du virus lui a donné le feu vert pour ouvrir sa porte aux sept princes de l’enfer, désormais libres d’accomplir leurs diaboliques desseins.

Le plus grand plan d’impression monétaire jamais vu en Amérique du Nord est actuellement en cours.

Des entreprises affaiblies par les politiques de la Fed seront renflouées.

De mauvais gestionnaires – qui ont utilisé les taux bas de la Fed pour refiler des milliards à leurs actionnaires et à eux-mêmes – ne seront pas obligés de rendre le butin. Ils seront secourus par les contribuables. Leurs emplois seront sauvegardés… leurs fortunes ressuscitées.

Les familles ordinaires aussi, dont les voix sont nécessaires pour rester au pouvoir, recevront des pots-de-vin. Mais a-t-on le choix ? Que faire quand un virus mortel atteint une économie ?

Expérimentations extravagantes

En 1918, le virus avait frappé fort. L’économie était apparemment intacte. Mais deux ans plus tard, la réduction des réserves obligatoires par la Fed avait engendré une correction… et toujours plus d’inaction gouvernementale.

Le Mises Institute explique ce qu’il s’est passé ensuite :

« La situation économique en 1920 était sinistre. Cette année-là, le chômage était passé de 4% à près de 12%, tandis que le PNB déclinait de 17%.

Au lieu de ‘relance budgétaire’, [le président Harding] a réduit le budget gouvernemental de moitié ou presque entre 1920 et 1922. Le reste de l’approche de Harding a été tout aussi souple. Les taux d’imposition ont été réduits pour toutes les tranches de revenus. La dette nationale a été réduite d’un tiers.

[…] A la fin de l’été 1921, des signes de reprises étaient déjà visibles. L’année suivante, le chômage était revenu à 6,7% ; il n’était plus qu’à 2,4% en 1923. Woodrow Wilson n’a émis aucun décret d’urgence durant la crise du virus de 1919. »

Le successeur de Wilson dans le Bureau ovale, Warren Harding, n’a lui non plus promis aucune relance en 2020. A la place, il a expliqué :

« Nous devons affronter cette réalité difficile […] Aucun décret mis en place par l’homme ne peut annuler les lois inexorables de la nature. Notre tendance la plus dangereuse est de trop en attendre du gouvernement […].

Le mécanisme économique est complexe, ses composants sont interdépendants, et il a subi les chocs et secousses associés à une demande anormalement élevée, à l’inflation du crédit et à une explosion des prix.

Les équilibres normaux ont été entravés, les canaux de distribution ont été obstrués, les relations entre main d’œuvre et patronat ont été mises à mal. Nous devons rechercher à réajuster tout cela avec soin et courage […].

Les punitions ne seront pas toutes légères, ni distribuées également. Il est impossible de faire en sorte qu’elles le soient. Il n’y a pas de passage instantané du désordre vers l’ordre. Nous devons affronter cette réalité difficile, accepter nos pertes et repartir sur une nouvelle lancée. C’est la plus vieille leçon qu’offre la civilisation. Aucun système nouveau ne permet de faire de miracle. Toute expérimentation extravagante ne fera qu’ajouter à la confusion. »

Aujourd’hui, nous sommes lancés dans l’expérience la plus extravagante jamais tentée – aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi dans de très nombreuses économies développées.

Nous allons découvrir jusqu’où il est possible d’aller – avec des renflouages, de la fausse monnaie, des rachats d’actions, des contrôles de prix par le gouvernement et des taux réels négatifs – avant que tout explose.

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