La Chronique Agora

L’Argentine, une leçon d’inflation pour nous tous

▪ La semaine dernière, je me suis rendu en Uruguay puis à Buenos Aires, en Argentine (et ce que je vais vous relater ici reprend une idée récupérée là-bas). J’ai fait bon nombre de rencontres intéressantes au cours de ce voyage. Entre autres, j’ai fait la connaissance d’un bloggeur de Buenos Aires. Le nom de son blog est OfWealth.com et il écrit sous le pseudonyme de "Marco Polo".

S’il vit à Buenos Aires, il n’est pas pour autant argentin. C’est un investisseur financier expérimenté qui a vécu à Hong Kong pendant un certain temps, pour le compte d’une grande banque d’investissement. Je ne peux vous en dire plus sur lui parce qu’il ne le souhaite pas. En revanche, je peux partager avec vous notre conversation, dans laquelle ont été soulevés certains points intéressants à propos du dollar américain.

Les Argentins vivent avec une inflation galopante. Officiellement, elle tourne autour de 10%, mais dans la réalité, elle est plus proche de 25%. Comme me l’explique Marco, le gouvernement argentin imprime beaucoup d’argent. Par exemple, le volume physique de billets de pesos a augmenté de plus d’un tiers l’année dernière. Le nombre de billets de 100 pesos, le plus grand en valeur, a augmenté de plus d’un quart.

Le montant physique de monnaie est important parce que les Argentins effectuent beaucoup de transactions en liquide. Il est ainsi plus facile de garder son anonymat dans un pays qui flirte avec un gouvernement autoritaire.

Devinez alors quelle est leur autre monnaie de référence ?

Le dollar américain.

▪ Billet vert et dolar blue
Marco m’explique que les Argentins possèdent un dollar imprimé sur 15. "Le problème est que depuis fin 2011, le gouvernement actuel a tout fait pour rendre impossible l’achat légal de dollars", écrit Marco sur OfWealth.com. "Avec une inflation des prix autour de 25% par an, une très importante économie de marché noir et des comptes de dépôts en pesos qui rapportent 10% à 15% de moins que l’inflation, la demande pour des dollars ne risque pas de faiblir".

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"La plupart des informations dont je dispose ne peuvent pas être diffusées dans les médias… Pourtant, certaines pourraient vous permettre de réaliser des gains de 25%… 34,5%… 60%… et bien d’autres encore".

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En outre, le taux de change officiel est du pur vol. Alors, que faire ?

"Entrer dans ce qu’on appelle le ‘dolar blue’," écrit Marc. "Le dolar blue est le taux de change parallèle que les Argentins doivent payer dans des bureaux de change clandestins s’ils veulent convertir leurs pesos en dollars". Au taux blue, votre argent vaut 60% de plus.

C’est fou mais les Argentins se sont adaptés, habitués à ce système. Ils ont traversé toutes sortes de crises monétaires : hyperinflation, crises bancaires, défauts sur la dette, etc.

"La dernière crise a eu lieu en 2002", écrit Marco. "La monnaie s’est effondrée, les dépôts bancaires en dollars ont été transformés en pesos et des émeutiers ont brûlé des pneus dans les rues et tiré sur les grilles fermées des banques".

Les Argentins ont appris à ne pas faire confiance au peso. Ils cherchent à préserver leur richesse en possédant des biens physiques comme par exemple des biens immobiliers, des oeuvres d’art, de l’or et, selon toute évidence, des dollars américains.

"N’importe quel chauffeur de taxi à Buenos Aires en sait plus sur la mauvaise gestion financière que le public qui assiste à la conférence de professeurs d’économie et de banquiers centraux prix Nobel d’économie", ajoute Marco.

▪ Une leçon qui reste à apprendre en Occident
Les Occidentaux n’ont pas encore appris leur leçon. Aux Etats-Unis, on fait encore confiance aux banques centrales et au papier-monnaie. La plupart des Américains ne comprennent pas ce que fait réellement la banque centrale, ni comment fonctionne le système bancaire. Ils ne savent pas à quel point on les vole. Ils sont plus enclins à rejeter la responsabilité de la hausse des prix sur les compagnies pétrolières ou sur les étrangers. Ils ne voient pas que la cause est l’impression monétaire orchestrée par l’Etat. Cela me rappelle ce mot d’Henry Ford : si les Américains comprenaient vraiment le système bancaire, ils se révolteraient.

(Ou dans le texte : "il vaut mieux que la population ne comprenne pas notre système bancaire et monétaire car sinon, je suis certain qu’une révolution éclaterait avant demain matin".)

En réalité, il y a beaucoup plus de similitudes qu’on pourrait le croire entre les Etats-Unis et l’Argentine. Et dans certains cas, les Etats-Unis ne sortent pas gagnants. Marco a par exemple étudié quelques chiffres sur la dette des deux pays.

"La dette par habitant est d’environ 4 900 $ en Argentine et 53 000 $ aux Etats-Unis", commence Marco. "Le PIB par habitant est d’environ 11 600 $ en Argentine et de 50 000 $ aux Etats-Unis. Chaque Américain porte donc presque 11 fois plus de dette de l’Etat par habitant que ne le fait chaque Argentin. Mais le PIB par habitant américain n’est que 4,3 fois supérieur. Alors, dites-moi, quel gouvernement semble irresponsable ?"

En effet, nous nous demandons si un jour le dollar pourrait suivre le chemin du peso…

Lu sur OfWealth.com :

"Cela ne veut pas dire que les Etats-Unis connaîtront dans un avenir proche une crise financière comme l’Argentine", explique Marco. "Mais cela vaut la peine de nous rappeler que ce n’est pas juste dans les pampas que les finances publiques sont mal gérées. Après tout, l’Argentine était l’un des pays les plus riches du monde il y a un siècle".

L’Argentine d’aujourd’hui pourrait-elle laisser entrevoir ce que serait un avenir américain sinistré ? Serait-ce un signal d’alerte pour nous tous ?

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