▪ Nous avons donné à Alan Greenspan le bénéfice du doute. Peut-être devrions-nous reconsidérer l’oeuvre de Thomas L. Friedman ?
Friedman faisait partie de ceux qui ont encouragé et applaudi le gouvernement de George Bush durant la guerre contre l’Irak. Il n’en a pas fait mention à l’époque, mais Friedman nous dit à présent que la raison pour laquelle il a soutenu la guerre, c’est qu’il était curieux.
« Pouvions-nous collaborer avec le peuple d’Irak », voulait-il savoir, « pour changer la trajectoire politique de ce pays crucial au coeur du monde arabe, et aider à le faire pencher — avec le reste de la zone — sur une voie démocratique ? »
Il y a beaucoup de choses que nous aimerions savoir également. Comme par exemple : est-ce que Thomas Friedman sait reconnaître une métaphore mélangée quand il en voit une ?
Autre chose : a-t-il subi une forme quelconque de dommages cérébraux durant son enfance, qui le pousseraient à vouloir faire des expériences avec la vie de millions de gens — en en tuant des centaines de milliers au passage ? Et lorsqu’il parle d’une « voie démocratique », fait-il allusion au genre de voie qui a mis Adolf Hitler ou Benito Mussolini au pouvoir ? Ou bien s’agit-il une voie sur laquelle on fait courir les électeurs en rond jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus et se soucient comme de leur première paire de chaussettes de qui sera finalement élu ?
▪ On n’a pas tous les mêmes déficits…
Apparemment, Friedman a vu en 2002 un rapport selon lequel l’Irak avait « un déficit de liberté, un déficit de connaissance et un déficit de libération des femmes ». Il était inutile d’en dire plus ; Friedman était prêt à partir en guerre.
Eh bien, peut-être que si nous avions vu les principaux problèmes décrits de manière si claire, nous aussi aurions été plus curieux.
En tout cas, maintenant que le test a été fait, Friedman est heureux :
« Je ne sais pas si l’Irak va s’en sortir… mais créer cette occasion était une entreprise importante… Je n’ai rien que du respect pour les Américains, les Britanniques et les Irakiens qui ont payé le prix pour la rendre possible ».
Oui, grâce à vous, les morts… nous avons pu constater ce qui se passe lorsqu’on envahit un pays étranger, qu’on tue beaucoup de gens, qu’on dépense beaucoup d’argent et qu’on s’en va. Merci beaucoup.
Mais peut-être que Friedman a lui aussi un programme caché. Peut-être que toute ces sottises ne sont que du cinéma. Peut-être qu’il ne fait qu’aider les Etats-Unis à se rendre à leur rendez-vous avec le destin. Tous les empires meurent. Peut-être Friedman se dit-il que c’est inévitable.
« Le plus tôt sera le mieux », pense-t-il peut-être. Pousser les Etats-Unis à dépenser 3 000 milliards de dollars dans une guerre inutile ne fait que les rapprocher de la tombe.