La Chronique Agora

Apple voit son cours passer du format full screen au format mini

Inflation

▪ Le CAC 40 (+0,49%) efface la majeure partie des pertes de la semaine précédente ; celle qui vient de s’achever se solde par un gain de 1,7%. Notre sentiment est toutefois que le marché ne va nulle part en cette période pré-électorale aux Etats-Unis : la présidentielle, c’est demain soir. Ce sentiment est largement conforté par le constat que la bourse en est exactement au même point que le vendredi 17 août ou le vendredi 5 octobre.

Techniquement, si nous en croyons les chartistes, une clôture au-dessus des 3 485 points — qui valide une sortie du canal 3 400/3 475 points — induit un diagnostic technique haussier pour la semaine qui débute.

Ainsi, après des semaines de consolidation, le marché parisien aurait opté pour un biais haussier ?

Nous émettons quelques doutes et flairons un piège ! Ce ne serait pas la première fois qu’une fausse sortie à la hausse est orchestrée de toute pièce depuis le 14 septembre dernier. Notre soupçon s’alimente en outre de volumes qui demeurent désespérément creux, avec une moyenne quotidienne de tout juste deux milliards d’euros la semaine passée.

Dans un marché aussi étroit, toutes les manipulations sont permises… d’autant que cela ne mobilise pratiquement pas de capitaux — contrairement aux efforts déployés pour éviter, en vain, qu’Apple décroche sous les 600 $ ces 10 derniers jours.

▪ Quelles stratégies ont été mises en oeuvre pour maintenir le CAC 40 en lévitation et à moindre frais ?

Rien que du grand classique : ramassage somnambulique des vedettes des quatre derniers mois (Michelin +6,15%, Iliad +5,9%, Cap Gemini +4,7%, LVMH et Essilor +4%, Lafarge et Société Générale +3%) et matraquage systématique des « canards boiteux » (Peugeot -9%, Alcatel-Lucent -2,65%, Vallourec -2,8%, Véolia et France Telecom -1,8%).

Acheter aveuglément ce qui est cher, vendre impitoyablement ce qui est au plus bas (afin de figer les actions dans un contexte de tendances auto-entretenues) : voilà le mot d’ordre insurpassable des « logiciens » du marché et en particulier de ceux qui pratiquent le long/short à haute dose.

Nous commençons toutefois à ressentir que beaucoup de renforcements à la hausse comme à la baisse relèvent de la fuite en avant. Pour employer une métaphore cycliste, la chaîne vient de sauter et le coureur accélère le rythme des coups de pédale en espérant que ça l’aidera à ne pas tomber.

Cette chaîne, c’est Wall Street qui ne suit plus le rythme que s’imposent les places européennes et qui restait bien ancré dans le rouge vendredi soir alors que l’Euro-Stoxx 50 s’était offert une progression symétrique de 0,5%.

Cela fait trois fois en cinq séances que le CAC 40 salue d’un vigoureux coup de chapeau les chiffres américains (PIB, ISM, moral des ménages, emploi) tandis que Wall Street porte juste la main au niveau de la visière de sa casquette.

La petite bouffée d’euphorie de vendredi n’aura pas duré plus d’une demi-heure. Le CAC 40 s’était rapidement hissé au-dessus des 3 500 points lors des statistiques du chômage mais les gains avaient rapidement fondu des trois quarts avant le rebond final (et ce gain de 0,5% déjà évoqué).

▪ Les Etats-Unis ont-ils échappé à la récession ?
Les chiffres de l’emploi américain s’avèrent meilleurs que prévus avec 171 000 créations de postes (184 000 dans le secteur privé au lieu de 120 000 attendu). Le taux de chômage remonte de seulement 0,1% à 7,9% ; il ne repasse donc pas au-dessus du seuil fatidique des 8% après sa spectaculaire décrue du mois de septembre.

Mais une fois encore, personne ne se risque à souligner la stagnation des salaires et du nombre d’heures travaillées en octobre — et encore moins le taux plancher atteint par la population active.

En ce qui concerne la confiance des ménages, c’est d’abord celle des personnes que les instituts de sondage peuvent joindre au téléphone. Or jamais autant d’Américains n’ont été sans domicile fixe depuis 1929 et jamais les Etats-Unis n’ont compté autant de pauvres (la barre des 50 millions est atteinte).

Mais nous l’admettons volontiers, les derniers chiffres publiés indiquent que l’Amérique a peut-être échappé au spectre de la récession qui en revanche n’épargne pas l’Europe : la dégradation des PMI met de nouveau en évidence une forte détérioration du secteur manufacturier français en octobre.

▪ En Europe en revanche…
Le PMI manufacturier de l’Eurozone se contracte pour le 15ème mois consécutif, selon Markit — c’est presque un record en la matière. Parallèlement, la demande sur les marchés intérieurs reste faible et les échanges intra et extra-communautaires continuent de se tarir. Plus inquiétant encore, le niveau des investissements des entreprises enfonce de nouveaux planchers (plus testés depuis mi-2009).

C’est probablement ce découplage conjoncturel entre l’Europe et les Etats-Unis qui explique la rechute de l’euro (-0,8%) face au dollar qui remonte symétriquement vers 1,2835… et qui ressort de son canal baissier court terme.

C’est loin d’être neutre puisque le pétrole replonge de 2% sous les 85,3 $ sur le NYMEX, tandis que l’or dévisse de 2,25% vers 1 675 $/once, au plus bas depuis deux mois. La remontée en flèche du dollar n’est peut-être pas du goût de Wall Street. Cela pourrait en tout cas expliquer une chute de 1% en moyenne des indices américains, qui effaçaient leurs gains de la veille.

▪ Le titre Apple refait parler de lui
Mais c’est surtout la rechute de 3,3% du titre Apple vers 575 $ (avec 22 millions de titres, soir quatre fois le chiffre d’affaires du CAC 40) qui a fait la différence. Alors méfions-nous des commentaires qui voient dans le repli de Wall Street une sanction ou une exubérance pré-électorale liée aux tout derniers sondages qui donnent les deux candidats au coude à coude.

Cela ne signifie pas que le résultat sera indifférent aux investisseurs mais personne ne semble redouter que le mandat de Ben Bernanke puisse être écourté. La présidence de Barack Obama se solde par une hausse de 60% des actions américaines et des taux de refinancement des déficits au plus bas historique : pourquoi changer une équipe qui gagne ?

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