La Chronique Agora

Apple en baisse… le CAC 40 en hausse

banques centrales

▪ Pourquoi les banques centrales prennent-elles encore la peine de se réunir ? Rien de ce qu’elles peuvent discuter ou décider ne saurait différer de ce que les marchés exigent. La Fed n’évoquera donc pas un futur tapering mercredi soir. Quant à la BCE, elle devra dès jeudi brosser en creux les contours du futur LTRO 3 ; il sera lancé dès que la Cour constitutionnelle de Karlsruhe aura rendu public son feu vert.

Car il s’agit bien d’exigences et non plus de vagues souhaits dans l’absolu. Ni Ben Bernanke, ni Janet Yellen, ni Mario Draghi ne sauraient imaginer d’autres stratégies que celles qui conviennent à 1% de brasseurs d’argent et nuisent aux 99% qui n’en voient pas la couleur.

Les marchés exigent toujours plus de fausse monnaie. Ils ont bien raison : c’est la seule chose qui maintient encore les cours de la bourse en lévitation et le rendement des dettes souveraines sous les 5% aux Etats-Unis et au sud de l’Europe.

Les banques centrales en sont parfaitement conscientes : il n’y a pas d’échappatoire, pas de plan B… rien qu’un plan A’ qui consisterait à imprimer encore plus de billets de Monopoly et à distribuer les plus grosses coupures aux amis les plus fidèles, à ceux qui conçoivent aisément que la seule voie est celle de la reflation des actifs.

Enfin de leurs actifs… car « les autres » ne détiennent que des miettes, même pas de quoi confectionner un pain perdu qui tienne au ventre. Les autres sont censés se contenter d’un « pas grand’chose » qui est toujours mieux que rien… et si au final c’est « trois fois rien », c’est donc « meilleur que prévu ».

▪ Apple en baisse pour la première fois de son histoire
Oui… meilleur que prévu à l’image des résultats en baisse d’Apple — vous avez bien lu : des résultats en baisse ! Le groupe a enregistré le premier recul de son bénéfice net annuel en onze ans sur l’exercice 2012-2013, achevé en septembre.

Il ne s’agit pas d’un recul de l’épaisseur du trait ou seulement détectable au microscope à balayage. Non, il s’agit d’une bonne contraction de 11%, à 37 milliards de dollars (dont 7,5 milliards pour son dernier exercice trimestriel, soit -8,6% par rapport à l’été 2012).

Mais le consensus — naturellement — n’espérait pas mieux que 35 milliards de dollars ou 7,96 $ par titre alors que le profit s’établit à 8,26 $ par titre. Et Apple revendique désormais une trésorerie de 146,8 milliards de dollars, de quoi racheter cash 80% de son concurrent Samsung.

D’après les toutes dernières données de Thomson Reuters, les bénéfices des sociétés américaines auraient progressé de 3,4% au troisième trimestre mais les chiffres d’affaires de 2,2% seulement. 54% d’entre eux battent des consensus volontairement minorés du fait d’une reprise économique qui ne cesse de s’éloigner dès que l’on pense s’en rapprocher… comme les deux points de contact d’un arc-en-ciel avec le sol.

▪ Plus de suspense sur les marchés
Les trimestriels d’Apple constituaient le point d’orgue de la journée de lundi, un évènement tellement attendu que les opérateurs ne se sont même pas donnés la peine d’ouvrir une partition. Cela nous a valu ce lundi une séance aussi passionnante qu’une partie de Scrabble entre deux Alzheimer dans une maison de retraite de la basse vallée de la Meuse.

Comme le résumé du prochain épisode de la réunion de la Fed et la BCE est déjà disponible depuis trois semaines dans le magazine « Télé-7nuits », les journées de mercredi et jeudi promettent d’être aussi captivantes que le 74ème opus de la série l’inspecteur Derrick (« Derrick contre les trafiquants d’escargots »).

Puisque nous passons en revue tout ce qui a trait la catégorie « suspense », soulignons qu’en ce qui concerne le CAC 40, le parcours entre le 31 octobre et le 31 décembre prochain est déjà bien balisé.

Les permabulls sont formels. Nous verrons 4 300 à Paris avant le « pont » du 11 novembre… un CAC à 4 350 et le S&P 500 à 1 800 pour Thanksgiving… le CAC 40 à 4 500 et le Dow Jones à 16 000 pour Noël. Tout ça sur fond de taux qui reviennent vers les 2% sur l’OAT et sous 2,40% sur les T-Bonds US.

La peau de l’ours est déjà vendue, tannée, transformée en descente de lit, installée devant la cheminée du salon — cela avant même qu’un chasseur ait enfilé ses bottes et vérifié le fonctionnement de son fusil… un minuscule détail sans importance.

Car les « taureaux » ont parfaitement intégré que la Fed n’a qu’à claquer des doigts pour que l’ours (le symbole de la consolidation des marchés) tombe à la renverse, les pattes en croix sur le marbre du perron de Wall Street.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile