La Chronique Agora

Angela Merkel confirme la rapide résolution de la crise européenne… d’ici à peine six mois

▪ Le week-end et la journée de lundi ont été chargés en révélations tous azimuts. Face à une telle profusion, nous ne savons par où commencer.

Puisqu’il faut bien se fixer une méthode, nous retiendrons l’ordre chronologique. Nous commençons donc par Bercy qui reconnaît qu’il faudra aller au-delà des 21% de décote sur la dette grecque ; on n’ira pas jusqu’à envisager un défaut de paiement mais nous tombons de haut… pas vous ?

Le gouvernement incitera les banques françaises à se recapitaliser (voir notre commentaire d’hier sur les derniers propos de Valérie Pécresse à ce sujet) même si le besoin ne s’en fait pas vraiment sentir… mais qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour rassurer le bon peuple ?

J.-C. Trichet évoque une possible modification des traités européens, comme si ceux qui ont élaborés à Maastricht et Lisbonne ne permettaient pas de faire face à toutes les situations de crise ! Comment ça ? Ils ne prévoient rien dans des cas comme ceux de la Grèce et plus généralement lorsque l’endettement des états membres de l’Eurozone se met à dériver dangereusement ?

Mais si, tout est prévu… et notamment des sanctions contre les pays qui présentent des déficits excessifs !

Si vous voulez détendre l’atmosphère et provoquer l’hilarité générale lors d’un dîner qui réunit une majorité d’amis anglo-saxons, vous n’avez qu’à évoquer — en gardant un air très sérieux — ce qui figure dans le paragraphe ci-dessus !

Mais de quoi se mêle Jean-Claude Trichet ? D’après un sondage réalisé auprès du personnel de la BCE, 54% des personnes interrogées considèrent que leur patron a outrepassé les limites des ses attributions en injectant massivement des liquidités en 2008 et en rachetant des dettes émises par les pays du sud de l’Europe (après la dette irlandaise il y a 18 mois).

Si seulement J.-C. Trichet (qui n’avait rien vu venir en 2007) s’était contenté de privilégier la stabilité monétaire et l’ancrage des anticipations inflationnistes en 2011 — ce qui l’avait amené à relever le taux directeur à 1,50% en juillet dernier… Nous n’aurions plus besoin d’un G20 pour tenter de remettre sur pied l’Eurozone : ce serait totalement inutile et parfaitement vain.

On serait déjà passé à autre chose, alors que nous allons subir encore des mois de pourparlers cacophoniques débouchant sur des compromis inopérants, en dépit des gesticulations franco-allemandes qui ont le chic d’agacer les petits pays. Le rôle de ces derniers devra désormais se borner à dire amen à toutes les propositions qui leur seront soumises… sinon, les marchés vont pas être contents !

▪ Prétendre que les Européens n’ont pas fini de palabrer, ce n’est pas une affirmation gratuite qui nous échappe comme une manifestation de mauvaise humeur après la victoire (aussi lamentable que miraculeuse) de l’équipe de France de rugby sur le Pays de Galles samedi matin en Nouvelle-Zélande.

Nous faisons très précisément référence aux dernières déclarations d’Angela Merkel et de son ministre de l’Economie, Wolfgang Schäuble lundi. Ils écartent tous les deux le scénario d’un règlement des difficultés de la Zone euro lors de la réunion du G20 à Cannes.

Il y aura bien quelques avancées sur la consolidation du secteur bancaire — mais aucune décision concrète sur le FESF. De même, on parlera d’un renforcement de la convergence des politiques fiscales — mais ce sera aux Parlements de se prononcer. Enfin, il y aura l’étude de quelques pistes pour simplifier les prises de décision collectives au sein de l’Eurozone — mais qui fera partie du premier cercle ?

Angela Merkel estime que le processus de résolution des difficultés actuelles va se prolonger bien au-delà de la fin de l’année 2011.

Nous estimons que les marchés ne vont pas attendre Thanksgiving pour manifester leur impatience sous forme de nouvelles turbulences boursières et monétaires !

D’ailleurs, ils n’ont même pas patienté au-delà de la demi-journée. Nous en voulons pour preuve ce renversement de tendance qui a laissé les acheteurs de la matinée littéralement groggy.

▪ Le scénario haussier semblait pourtant couler de source et glisser sur du velours avec le débordement des 3 250 points à Paris après le franchissement des résistances majeures sur les trois principaux indices américains vendredi à moins de cinq minutes de la clôture. Wall Street était attendu en hausse de 0,7 à 0,8% vers 11h : la poursuite du rally, c’était du billard !

Le problème, c’est que le ministre de l’Economie Wolfgang Schäuble a troué le tapis en fin de matinée avec son rappel à la réalité. Non seulement le FESF ne va pas tout régler, mais il y a quantité de préalables politiques et techniques à sa mise en oeuvre qui n’en sont encore qu’au stade de l’ébauche.

Francfort a reçu le message comme un coup de canne de billard sur l’occiput : il est repassé de +1,9% à -2,5%, de 6 075 points à 5 820 points, soit -255 points. C’est assez impressionnant puisque cela représente -4,3% par rapport aux plus hauts du jour.

L’Euro-Stoxx 50 qui affichait fièrement +1,3% hier matin lâchait -1,7%. Milan, quant à lui, était à -2,3%… dans le sillage d’un sévère recul du compartiment bancaire. Nous ne soulignerons jamais assez la menace potentielle que ce dernier représente pour la stabilité de l’Eurozone.

Wall Street qui entamait la journée sur un repli de 0,5% n’a cessé d’amplifier ses pertes au fil des heures. Il affichait une orientation résolument baissière à la mi-séance avec des écarts supérieurs à -1,8% sur le Dow Jones (-200 points à 11 440 points), -1,9% sur le Nasdaq (revenu sous les 2 620 points) et -1,75% sur le S&P (revenu au contact des 1 200 points).

Inutile de préciser que le débordement des résistances survenu au cours des derniers échanges vendredi est complètement invalidé. Après les vendeurs à découvert le 5 octobre (fausse sortie à la baisse), ce sont les acheteurs qui se sont fait piéger ce lundi.

▪ Outres les révélations des dirigeants allemands sur l’état d’avancement des solutions aux problèmes de l’Eurozone, les opérateurs américains ont vu leur moral tomber dans les chaussettes avec la publication de l’indice Empire State compilé par la Fed de New York. Il trahit une contraction de l’activité au mois de septembre (à -8,5 le mois dernier, contre -8,8 au mois d’août) au lieu d’une remontée de l’indice anticipée à -4.

Wall Street en a terminé au plus bas du jour, avec des écarts moyens proches de -2% et un Dow Jones qui dévisse de 250 points, sous les 11 400 points. Le principal enseignement de cette séance de renversement de polarité, toutefois, c’est le gonflement des volumes.

Cela confirme techniquement — mais également sous l’angle du timing — notre soupçon que les cours ont été tirés à la hausse outre-Atlantique à partir de mercredi dernier. D’après nous, cette manœuvre a pour but de tester le seuil des 11 580 points qui symbolise un retour du Dow Jones en territoire positif sur l’année 2011.

Les marchés américains ricochent sous des résistances qu’ils ont feint de déborder avec la complicité de quelques coups de boutoir algorithmiques. IBM en revanche n’a pas feint de décevoir Wall Street.

Ses profits sont ressortis supérieurs aux attentes, ses prévisions sont revues à la hausse… mais quel genre de résultats pouvait permettre à IBM d’aller au-delà de ses records historiques inscrits le vendredi 14 octobre à 21h59 et 59 secondes, couronnant un rally de 30% depuis le 1er janvier ?

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