La Chronique Agora

Amazon : ne naviguez pas sur la rivière sans retour

Parfois les choses tournent mal. On ne peut pas l’empêcher. On ne peut pas le nier. On ne peut pas prétendre que ce n’est pas le cas.

La seule véritable question, c’est : où êtes-vous quand ça arrive ?

Il peut être amusant de prendre le large en bateau… jusqu’à ce qu’on réalise qu’on a oublié d’apporter le panier à pique-nique.

Combien il eut été préférable de comprendre l’addiction de votre petite amie à l’héroïne — avant de l’épouser.

Quel plaisir d’observer ses actions brûlantes grimper en flèche… sauf qu’on ne veut pas se trouver en dessous lorsqu’elles commencent à vous retomber sur la tête.

La rivière sans retour

« Les actions mises à mal tandis que l’inquiétude augmente », annonce un titre du Wall Street Journal.

Entre deux entreprises seulement — Amazon et Google (désormais appelé Alphabet) – 100 milliards de dollars de capitaux imaginaires ont été perdus depuis le début de l’année.

Il y a 15 ans de ça, nous avions baptisé Amazon « la rivière sans retour ». Depuis, le cours de la valeur a grimpé en flèche. L’entreprise a prospéré… et nous avons eu l’air d’un idiot.

Sur le papier, l’entreprise vaut une fortune. Le PDG Jeff Bezos a montré au monde quel génie il était. Il a constamment réinvesti le cash flow d’Amazon pour gagner des parts de marché et faire les gros titres.

Mais attendez… Les tribunaux sont pleins de génies déclarant faillite. Savoir vendre une histoire au public n’est pas la même chose que savoir vendre des produits qui rapportent des profits et des bénéfices aux actionnaires.

En dépit de toute l’eau qui a coulé sous les ponts, pour autant que nous puissions en juger, Amazon reste la rivière sans retour.

Où est l’argent ?

Lors d’un marché haussier, les investisseurs se contentent d’espoir, de belles déclarations et de « revenus pour demain » — ils ne posent pas trop de questions.

Mais dans un marché baissier, l’espoir prend le maquis, la patience s’efface… et les points d’interrogation apparaissent.

« Où est l’argent ? » demandent-ils. Les investisseurs veulent du cash, tout de suite. Ils veulent des dividendes. Ils veulent être protégés contre la marée, et que les risques soient pleinement divulgués.

Même après une baisse de 16% depuis le 1er janvier, Amazon cote toujours plus de 830 fois ses revenus nets.

On ne parle pas là d’un coup sur « la prochaine révolution » accompli par un petit génie de la technologie.

En fait, Bezos n’a eu qu’une exposition limitée à la technologie avant de fonder Amazon. Il n’a pas non plus de véritable expérience dans la vente au détail. C’est un homme de Wall Street. Investir dans Amazon n’est pas une position technologique. C’est une position financière.

Bezos a travaillé pour des banques, des fonds d’investissements et des hedge funds avant d’en venir au e-commerce. Il a lancé Amazon en 1994. L’entreprise a été fondée sur la technologie et les conditions de marché telles qu’elles existaient à l’époque. Depuis, la vieille rivière s’ensable.

Voyons voir… Amazon dit avoir gagné 328 millions de dollars l’année dernière. Elle est valorisée en bourse à 495 milliards de dollars. L’action se vendait 581 $ la semaine dernière.

Hmmm… en tant qu’entreprise mature, elle devrait être valorisée à environ 15 fois les bénéfices. Puisque Bezos est un génie, nous irons jusqu’à lui accorder un PER de 20. Ce qui fait que l’entreprise vaut environ 6,5 milliards de dollars, avec un objectif de cours d’environ 14 $ par action.

Il y a 10 ans environ, nous pensions qu’Amazon était « une valeur raisonnable à 10 $ ». Les chiffres disent que nous avions à peu près raison.

Mais tout dépend où l’on se trouve lorsqu’on s’en rend compte.

Si l’on est confortablement positionné dans l’or, le cash et l’immobilier, on peut observer le déclin des marchés comme un voisin suivant un raid de la police sur une fête trop bruyante.

Si votre portefeuille est plein d’actions Amazon, en revanche, nous vous conseillons de vous éclipser par la porte de derrière.

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