La Chronique Agora

Amazon : avions-nous vraiment tort ?

Amazon

Bill Bonner est-il passé à côté des meilleures opportunités du siècle… ou bien son approche macro l’a-t-elle empêché – et ses lecteurs – de subir de plein fouet les plus grandes crises, passées… et à venir ?

On aurait vraiment dit que nous nous trompions du tout au tout sur le sort d’Amazon, disions-nous hier – mais avec le recul, on peut se demander si c’est bien le cas…

Son activité de vente au détail n’a jamais rapporté assez d’argent pour justifier le gigantesque « investissement » (pertes) nécessaire pour atteindre sa taille actuelle.

Son activité centrale reste donc une rivière sans retour – qui ne vaut pas une fraction de son cours actuel.

Mais comment aurions-nous pu savoir qu’un virus arriverait… de sorte que les gens resteraient cloîtrés chez eux, quasiment forcés de passer commande chez amazon.com ?

Bam ! Les ventes nettes d’Amazon ont grimpé de plus de 100 Mds$ l’an dernier.

Et comment pouvions-nous savoir que ses immenses besoins en traitement de données lui ouvriraient toute une nouvelle ligne d’activité – qui se révélerait aussi profitable ?

Oui, il s’agit bien du cloud computing. C’est là qu’est l’or. Amazon Web Services (AWS) représente un peu plus de 10% des ventes de l’entreprise… mais plus de 60% de ses profits.

AMZN a donné à nos lecteurs leur première grande opportunité de s’enrichir. Ceux qui ont été assez malins pour ignorer notre conseil auraient pu acheter la valeur sous les 50 $. Aujourd’hui, en tenant compte des splits, elle dépasse les 3 000 $, ce qui donne à l’entreprise une valeur boursière d’environ 1 700 Mds$.

Jeff Bezos est devenu si riche qu’il a pu subir le divorce le plus cher de l’Histoire – et demeurer avec une valeur nette estimée à près de 200 Mds$.

Approche mécaniste…

Revenons-en à la Réserve fédérale, qui a clairement une longueur d’avance sur nous en termes de points.

C’est là – sur l’ensemble du tableau, la vision macro – que nous sommes attentif. Et peut-être que là, nous sommes moins idiot que nous le paraissons.

Nous avons une vision « moraliste ». C’est-à-dire que nous supposons que si on laisse traîner la vaisselle sale, tôt ou tard, elle attirera des cafards. Bien entendu, cela pourrait aussi se produire à n’importe quel moment.

Quasiment tous les autres observateurs, de nos jours, utilisent une approche plus mécaniste.

Ils pensent qu’on peut comprendre une économie – et être capable de prédire ses futurs mouvements – en regardant des cadrans et des instruments, comme on pilote un avion.

On perd de l’altitude ? Mettez les gaz !

Le problème avec l’approche mécaniste, c’est qu’une économie n’est pas une machine. Elle ressemble plus à une chose vivante… infiniment complexe, avec des objectifs et des préjugés impossibles à connaître.

Quant à mettre les gaz, oubliez ça. On ne peut pas décider d’un cap… ou déterminer la bonne vitesse et l’altitude correcte… parce qu’on ne sait jamais où on va. On ne le sait pas tant qu’on n’y est pas arrivé.

Par ailleurs, on ne sait pas piloter.

… Contre approche moraliste

Le « moraliste » en revanche a toujours tort… avant d’avoir raison. Il remarque quand les choses semblent déséquilibrées. Mais il n’a aucun moyen de savoir si et quand elles se rééquilibreront.

C’est ce qu’il s’est produit en 2000, puis à nouveau en 2008.

A chaque fois, les actions boursières ont connu un boom, et les mécaniciens proclamaient une « nouvelle ère ». Les moralistes niaient. « Comment les investisseurs pourraient-ils gagner de l’argent grâce à des entreprises non-profitables ? » se sont-ils demandé en 1999.

Huit ans plus tard, il se demandaient comment les gens pouvaient s’enrichir en « retirant de la valeur » de leurs propres maisons.

Lors de ces deux occurrences, les Cassandre (dont nous faisions partie) avaient bien trop d’avance, anticipant des krachs des années avant qu’ils ne se produisent.

Ensuite, lorsque les crises se sont produites, la Fed a mis les gaz à fond – « imprimant » des quantités record de nouvelle devise. Les mécaniciens ont vu une reprise. Les moralistes voyaient quant à eux de nouveaux problèmes à l’horizon.

Désormais, alors que se produit la plus grande poussée d’impression monétaire de l’histoire des Etats-Unis, nous autres prophètes de malheur voyons une autre calamité se profiler – la troisième crise majeure du XXIème siècle.

Aurons-nous tort ou raison ?

Ça finira mal

La Fed a déclenché un boom. Tout vole dans les airs. Les mécaniciens voient les ventes augmenter… le chômage baisser… les actions proches de sommets record.

Même des choses sans valeur apparente – les NFT, des entreprises qui perdent de l’argent, Dogecoin – peuvent valoir des millions. Dogecoin, créé comme une plaisanterie en 2013, vaudrait actuellement 37 Mds$… soit légèrement plus qu’ArcelorMittal, par exemple.

Nous essayons de ne pas prétendre connaître des choses que nous ignorons. Et nous n’avons pas la moindre idée de la raison pour laquelle Dogecoin vaut à peu près autant qu’ArcelorMittal.

Nous pensons cependant que ce boom finira mal… comme les deux autres. Mais en pire.

Boom… boom… badaboom !

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