La Chronique Agora

Allocations d’actifs : quelle est votre vision du « portefeuille permanent » ?

▪ La volatilité a tendance à être liée au risque mais pas toujours au rendement. Le saut en chute libre offre plus d’émotions fortes que les échecs mais il fait courir plus de danger. Conduire une voiture de course rapporte beaucoup plus d’argent que de rester assis dans un fauteuil. Mais personne n’a jamais eu d’accident installé dans un fauteuil.

Au moins les adeptes du saut en chute libre et les pilotes de F1 sont — plus ou moins — conscients des risques qu’ils prennent et ils les acceptent en toute connaissance de cause, dans l’objectif d’une récompense particulière. A titre de comparaison, beaucoup d’investisseurs prennent involontairement des risques énormes et sans proportion aucune avec la récompense potentielle.

Ils conduisent des bolides de course non pour gagner des millions de dollars mais pour gagner une carte cadeau de 50 $ au casino local. Ils traversent sur un fil les chutes d’Iguazu, non pour acquérir une notoriété internationale et un éventuel contrat au cinéma à la clé mais simplement pour atteindre l’autre côté. Ce n’est pas là un bon plan.

Il est important de comprendre les risques que l’on prend… et de s’assurer que les risques sont raisonnablement proportionnels aux récompenses.

Chaque investissement comporte un certain degré de risque. L’investisseur qui réussit reçoit simplement une compensation proportionnée au risque qu’il prend.

C’est facile à dire mais comment faire ? La plupart d’entre nous nous donnons du mal à identifier une opportunité d’investissement réellement intéressante, beaucoup moins à essayer d’évaluer les risques induits. Quelle est donc notre opportunité ?

▪ Comment construire un portefeuille résistant au risque
Bonne nouvelle : nul besoin d’être un expert en investissement pour recevoir des retours sur investissement d’experts. Cependant, il faut construire un portefeuille résistant au risque — un portefeuille diversifié de telle façon qu’il offrira une réelle protection contre les grosses pertes en capital.

Le « portefeuille permanent » offre ce genre de protection depuis plus de trente ans. En 1981, Harry Browne, auteur à grand succès sur l’investissement, a mis au point une stratégie « prenez vos positions et oubliez-les » qu’il a tout bonnement dénommée le Portefeuille Permanent. Cette stratégie est d’une simplicité confondante — elle consiste en seulement quatre composants : or, obligations, actions et liquidité.

L’idée était qu’à n’importe quel moment, deux ou trois sur ces quatre composants pourraient être sous-performants — mais les autres composants du portefeuille performeraient si bien qu’on obtiendrait un bénéfice global dépassant toute hausse du coût de la vie.

Par conséquent, dans un environnement inflationniste comme celui des années 1970, c’est l’or qui serait la source principale de gains. Dans des époques prospères comme les années 1990, les actions étaient la locomotive qui tirait le reste du train. Lors d’une récession ordinaire, vos liquidités et bons du Trésor US long terme vous auraient été très utiles tandis que l’or et les actions étaient à la peine.

Dans la durée, le portefeuille permanent a suivi ses objectifs de façon admirable. De 1981 à 2010, le rendement annuel moyen a été très satisfaisant, à 8,4%. On n’a enregistré des pertes que durant deux ans, et elles étaient relativement faibles.

Qu’en est-il de 2008, Annus Horribilis ? Le portefeuille permanent a tenu bon, gagnant même 1,9%.

Avec le portefeuille permanent, il ne s’agit pas d’essayer de surfer sur une vague. Il s’agit d’accepter cette réalité : on ne peut prédire l’avenir — mais cela n’empêche pas de construire un joli pécule, quoi que réserve l’avenir. Prenez vos positions et oubliez-les.

Il est certain que le portefeuille permanent de Harry Browne a brillamment performé au cours des trente dernières années… et peut-être continuera-t-il sur cette lancée. Mais les conditions ont changé depuis 1981. Peut-être devrions-nous changer également. La stratégie de base de Browne reste bien sûr toujours valide mais peut-être que ses composants doivent être modifiés.

▪ Une allocation d’actifs qui fait mieux que Berkshire Hathaway
Par exemple, le Permanent Portfolio mutual fund (PRPFX), même s’il se base sur la stratégie de Browne, a quelque peu modifié son allocation initiale pour celle-ci :

20% d’or, 5% d’argent-métal, 35% de bons du Trésor, 10% d’obligations d’Etat suisses, 15% de valeurs de croissance, 15% d’actions sur des ressources naturelles et/ou sur de l’immobilier.

Ce portefeuille revu et corrigé s’est montré plus volatil que le portefeuille d’origine mais il a également offert des rendements plus élevés, en particulier ces derniers temps. Ainsi, au cours des quinze dernières années, PRPFX a non seulement produit le double des rendements de l’indice S&P 500, mais il a également dépassé les rendements de cet autre portefeuille permanent qu’est Berkshire Hathaway.

Mais ça, c’était avant. Qu’en est-il aujourd’hui ? L’allocation initiale de Browne est-elle encore optimale ? Ou bien l’allocation du PRPFX est un perfectionnement intelligent? Ou alors les investisseurs devraient-ils prendre une direction encore plus radicale ?

Nous ne le savons pas. Mais nous aimerions savoir ce que vous en pensez. Selon vous, quel serait le portefeuille permanent idéal pour les 10, 20 ou 30 prochaines années ?

Voici les règles de base :
1) sélectionnez entre trois et cinq actifs candidats à l’investissement — c’est-à-dire pas moins de trois et pas plus de cinq ;
2) n’incluez aucune valeur isolée, à moins que cette action soit un tracker ou un fonds de placement à capital fixe. Par exemple, n’incluez pas Apple Computer comme l’un des composants de votre portefeuille permanent (peu importe à quel point cette allocation peut être géniale !) ;
3) assurez-vous que les actifs que vous choisissez sont des titres cotés en Bourse ou des indices. Cela signifie que ce sont des fonds communs de placement, des trackers, des indices ou matières premières ;
4) concevez votre portefeuille avec l’idée qu’il sera rééquilibré tous les ans ;
5) si vous souhaitez ajouter un peu de piment au processus de réflexion qui vous a permis de construire votre portefeuille permanent, sentez-vous libre de le faire.

Nous attendons vos suggestions, cher lecteur — et espérons les publier prochainement.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile