La Chronique Agora

Allez comprendre

** Cette semaine, on a appris que les permis de construire étaient à un plancher de 14 ans aux Etats-Unis. En Californie du Sud, les ventes de maisons ont chuté à un plus bas de 20 ans.

* On a également appris que le cours du cuivre avait baissé.

* Il faut beaucoup de cuivre pour équiper de nouvelles maisons ; donc quand il y a moins de nouvelles maisons, il y a également moins de demande pour le cuivre. Et moins de demandes de financement — ce qui est une bonne chose, dans la mesure où le financement est moins disponible. Les valeurs financières ont déjà perdu l’équivalent de 74 milliards de dollars de valeur cette année. Moody’s a chuté de 50%. Merrill de près de 50%. KKR Financial est passé de 27 à 14.

* Lorsque l’immobilier et la finance baissent… l’économie tout entière ne tarde pas à suivre.

* "Le point à retenir", écrit David Rosenberg, de Merrill, "c’est que l’immobilier et les dépenses de consommation sont comme des frères siamois… et voilà qu’ils viennent de se casser la jambe qu’ils ont en commun".

* Les consommateurs ne peuvent pas gagner d’argent avec la hausse des prix des maisons. Et ils ne peuvent pas non plus en emprunter. Ils ne peuvent que dépenser l’argent qu’ils gagnent. Aïe aïe aïe. Et pour une économie dont 70% du PIB sont constitués par les dépenses de consommation, une chute des dites dépenses est une très mauvaise nouvelle.

* Oui, cher lecteur, une récession est probablement en chemin. Elle est peut-être déjà sur nous. Et ce sera sans doute une vraie récession, cette fois-ci, pas une pseudo-récession comme celle que nous avons vue en 2001. Cette fois, le consommateur devra vraiment réduire ses dépenses. Cette fois, le crédit à la consommation va vraiment baisser. Bref, cette fois, la récession en vaudra la peine.

* Lorsque les dot.com ont chuté, cela n’a pas affecté plus de 10% de l’économie — au pire. Lorsque l’immobilier résidentiel chute, les dégâts sont bien plus amples, durables et profonds.

* Même le marché de l’art commence à se trouver mal. Un article de l’International Herald Tribune nous dit que même si les prix sont relativement stables, les ventes s’en ressentent. Chez Christie’s, par exemple, 19% des œuvres présentées lors d’une récente vente ont "mordu la poussière — c’est-à-dire qu’elles ne se sont pas vendues. Chez Sotheby’s, le total s’élève à 27% ; il y a peu, les lots d’une vente n’ont pas atteint le prix minimum fixé par les vendeurs. Résultat : pas de ventes. Et pas d’information. Nous ne savons pas jusqu’où les prix auraient pu baisser s’ils avaient pu être exprimés en toute liberté. Pour l’art comme pour les maisons, il faudra du temps pour découvrir ce que les choses valent vraiment.

** Ceci dit, si nous étions juge, nous déclarerions tout de même l’inflation vainqueur — aux points. Parce que même si le cuivre est mis à mal, le platine n’a jamais été si vigoureux. Il est à un sommet record, et continue sa course.

* Autre titre du côté de l’inflation : le prix du blé, qui a lui aussi atteint un sommet historique.

* "Les notes d’épicerie continuent de grimper", déclare un article du Dallas Morning News. Et les Nations Unies vont plus loin, avec un rapport déclarant que non seulement les prix grimpent — mais la quantité de nourriture disponible dans le monde diminue.

* Elle diminue ? Comment la quantité de nourriture pourrait-elle diminuer alors que la population mondiale se développe si rapidement ? Comment les agriculteurs peuvent-ils produire moins de nourriture alors qu’ils travaillent avec des technologies de plus en plus avancées ? Comment la production de nourriture peut-elle décliner alors qu’on exploite de plus en plus de terrains marginaux ? Nous n’en savons rien. Mais s’il est vrai que la production agricole a elle aussi dépassé son sommet, les prix des soft commodities pourraient grimper bien plus sévèrement dans les années qui viennent.

* Pendant ce temps, le Bureau de l’agriculture US nous dit que nourrir les gens coûte désormais plus de 10% plus cher qu’il y a un an de cela — jusqu’à 42,26 $ pour un groupe de dix personnes. Ce n’est pas le cas en Suisse, déclare notre vieil ami Marc Faber. C’est uniquement aux Etats-Unis qu’on peut nourrir 10 personnes avec si peu d’argent. Le point clé, c’est que les prix grimpent nettement. Rappelez-vous que l’inflation a un méchant uppercut — en particulier parmi les classes moyennes et défavorisées, où la nourriture représente un gros pourcentage du budget familial.

* D’un autre côté, puisque ces gens doivent payer plus pour la nourriture et le carburant… il leur reste moins d’argent. Ce qui signifie bien entendu une baisse des dépenses de consommation… une récession… une chute de la demande… et… quoi ? Une chute des prix ! Allez comprendre…

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