▪ La semaine dernière, les investisseurs ont appris que la Fed continuerait à distribuer de l’argent sans rien demander en retour pendant encore trois ans.
L’or a grimpé. Les actions ont baissé.
Le New York Times nous en dit plus :
« La Fed a déclaré qu’elle prévoyait désormais de maintenir les taux courts proches du zéro jusqu’à fin 2014, poursuivant ainsi la transformation d’une politique qui avait commencé comme thérapie de choc à l’hiver 2008 en campagne de six ans pour augmenter les dépenses en récompensant les emprunteurs et en punissant les épargnants ».
« ‘Qu’avons-nous appris aujourd’hui ? Les choses vont mal, et elles ne s’améliorent pas au rythme qu’ils souhaiteraient’, a déclaré Kevin Logan, économiste en chef pour les Etats-Unis chez HSBC. ‘C’est pour cela qu’ils ont conclu en disant — ‘nous avons beaucoup assoupli notre politique, mais nous ne l’avons pas assez assouplie’.' »
« Les nouvelles prévisions montrent que la Fed compte atteindre sa cible inflationniste au cours des trois prochaines années, mais manquera ses objectifs en matière d’emploi, et de loin. La Fed prévoyait que le chômage ne passerait pas sous les 8,2% cette année, juste un peu au-dessous du taux actuel de 8,5%, ni sous les 7,4% d’ici la fin de l’année prochaine. A la fin 2014, la Fed s’attend toujours à ce qu’au moins 6,7% des personnes activement intéressées par un travail ne soient pas en mesure de trouver un emploi ».
Qu’en pensez-vous, cher lecteur ? La Fed a des objectifs pour l’emploi et l’inflation. Des cibles. Et elle modifie ses stratégies pour les atteindre.
Bien entendu, ce n’est pas nécessairement le cas. Nous sommes tout de même censés croire que simplement le fait d’essayer d’y parvenir fait évoluer les choses dans la bonne direction d’une manière ou d’une autre.
La plupart des gens pensent que les efforts de la Fed son couronnés de succès. Nous nous posons des questions. Peut-être que la Fed devrait fixer des buts pour d’autres choses ? La perte de poids, par exemple.
L’idée, c’est qu’en changeant les taux d’intérêt et les politiques bancaires, la Fed influence en fait l’inflation et l’emploi. Il y a donc une certaine logique à penser que la Fed devrait fixer des objectifs et tenter de les atteindre. Le problème, c’est que si elle peut vraiment faire évoluer la situation dans le bon sens, pourquoi tolère-t-elle un chômage à 8,5% actuellement — quatre ans après le début de la crise des subprime ? Pourquoi n’utilise-t-elle pas sa magie pour faire baisser ce taux ?
Ma foi, nous connaissons tous la réponse. Parce qu’elle ne le peut pas. Une fois qu’on a mis les taux d’intérêt à zéro… et annoncé qu’on les y laissera pendant encore trois ans… que peut-on faire de plus ? Larguer de l’argent par hélicoptère ? Mais oui !
Nous n’allons pas mettre les boeufs avant la charrue. Pour l’instant, la politique de taux ne fonctionne pas. Parce que la masse monétaire augmente grâce aux prêts des banques commerciales et de détails, non aux prêts des banques centrales. La Fed prête aux banques d’investissements — qui sont ravies de prendre cet argent. Mais ça ne signifie pas pour autant qu’elles vont aller le multiplier en le risquant dans l’économie réelle.
▪ Alan Greenspan sera-t-il notre nouvelle idole ?
Accordez-nous un petit moment pour exprimer notre admiration et notre choc…
Nous soupçonnions depuis longtemps qu’Alan Greenspan, ancien président de la Fed, n’était pas aussi bête qu’il le prétendait. Lorsqu’il était en poste, c’est tout juste s’il parvenait à aligner une phrase cohérente. Probablement parce qu’il ne croyait pas vraiment à ce qu’il disait.
Depuis qu’il est au chômage, il a commencé à s’exprimer plus clairement. Dans le Financial Times de jeudi dernier, il avait une opinion sur le capitalisme qui est en fait parmi les meilleures de cette série d’articles. Il dit quelque chose de très vrai. Les anti-capitalistes ne sont pas vraiment en colère contre le capitalisme. Ce qui les dérange, c’est le « copinage capitaliste » :
« Le copinage capitaliste abonde lorsque les dirigeants gouvernementaux, généralement en échange de soutien politique, accordent systématiquement des faveurs à des individus ou des entreprises privées. Ce n’est pas du capitalisme. C’est de la corruption ».
On pourrait aussi appeler ça de la zombification… ou du capitalisme gériatrique… ou, comme l’appelait Kurt Richebächer, du « capitalisme dégénéré ». Mais ce n’est pas du vrai capitalisme.
L' »avidité » qui préoccupe les manifestants du mouvement Occupy Wall Street n’est pas une caractéristique du capitalisme, souligne Greenspan. C’est une caractéristique de la nature humaine.
Greenspan continue en soulignant que les « améliorations » au capitalisme comme celles qui ont été envisagées ce week-end à Davos ne se révéleront probablement pas très bonnes.
Bravo, Alan !