▪ « La Corée du Nord fait appel aux gouvernements étrangers pour obtenir des aides alimentaires », titrait un article du Guardian jeudi dernier.
« Cette approche directe de capitales étrangères, lancée en décembre, est extrêmement inhabituelle pour ce régime insulaire et totalitaire, qui négocie généralement les livraisons d’aide alimentaire avec des organisations internationales comme le Programme alimentaire mondial (WFP) ».
Mauvaises récoltes, hiver très rigoureux… la Corée du Nord, où les famines sont fréquentes, est en situation plus difficile que d’habitude. Elle ne peut plus compter sur son voisin chinois, qui lui sert parfois de fournisseur de dernier recours, nous explique le Guardian, parce que l’Empire du Milieu lui-même est dans une situation de crise alimentaire.
Et tenez, voici quelques éléments supplémentaires de la part de Jean-Claude Périvier, rédacteur en chef de Défis & Profits :
« […] La FAO admet que les prix alimentaires ont atteint un pic historique en janvier, et que ce n’est pas fini ! Les pays les plus touchés sont en Asie (Bangladesh, Chine, Inde, Indonésie), en Russie, en Somalie, en Ouganda. La situation en Côte d’Ivoire n’a rien arrangé, le pays servant de hub à l’Afrique de l’Ouest ».
« Les hausses de prix sont inquiétantes sur les produits laitiers (+6,2%), les huiles (+5,6%) et les céréales (+3%), la baisse de l’offre de blé et de maïs étant bien anticipée pour ces derniers. La situation est préoccupante à plus d’un titre : renaissance d’une inflation un peu oubliée dans les pays avancés, ébranlement chez les émergents, risques géopolitiques, comme nous le voyons, chez les plus pauvres ».
Pourquoi est-ce important ? Parce que tout ça signale le retour sur le devant de la scène d’un phénomène que nous prévoyions depuis longtemps : l’inflation.
Jean-Claude poursuit : « je vous avais annoncé que l’inflation serait une des vedettes de l’année, elle n’a pas tardé à entrer en scène pour faire son show ! Après les chiffres de la Chine au-delà de 5%, tous les pays annoncent des progressions alarmantes de leurs propres taux d’inflation ».
« L’Union européenne a annoncé le sien : +2,4%, bien au-dessus de l’objectif de + 2% de J-C Trichet. Celui-ci, n’écoutant que son courage — ou plutôt la voix de sa mission officielle qui est la stabilité des prix — va sans aucun doute relever modestement un jour ou l’autre les taux de la BCE, au risque de casser la très timide reprise de la zone euro. La consommation, le marché de l’immobilier dont les taux remonteront mécaniquement, seront bien sûr impactés ».
« L’Inde a relevé son taux directeur, pour la septième fois en un an, alors que l’inflation atteint 8,4%. Principalement en raison des prix alimentaires (fruits, légumes). La Banque centrale indienne se dit très préoccupée par sa lutte pour contenir l’inflation ».
Bill Bonner nous en parlait également mercredi… avec une conclusion simple : le « QE2 » de Ben Bernanke a des conséquences inattendues… indésirables… et graves. Il suffit de regarder ce qui se passe au Proche-Orient pour s’en convaincre.
Attachez vos ceintures, cher lecteur… ça va secouer.
▪ Une précision terminologique pour conclure, suite à la remarque d’un lecteur : H.P. se demande si l’expression « argent brûlant », que nous employons souvent dans nos Chroniques, ne serait pas une mauvaise traduction du terme brand new money — littéralement « argent flambant neuf », tout frais sorti de la planche à billets.
En réalité, « l’argent brûlant » (hot money est le terme employé par Bill dans la version américaine de la Chronique Agora) est une expression maison. Elle signifie plutôt l’argent facile (dont l’impression monétaire fait partie bien entendu, mais qui comprend aussi les taux ultra-bas, les rachats de titres, etc.) que fait circuler la Fed dans le système — argent qui s’en va gonfler des bulles spéculatives ici et là, au lieu de venir irriguer l’économie réelle.
Un thème important, donc… qu’il me semblait utile de clarifier — avant de vous souhaiter une excellente fin de week-end !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora