La Chronique Agora

Les âges les plus sombres

Une nouvelle ère de brutalité, d’asservissement et de stupidité pour les masses mal-pensantes.

Le Dow Jones a clôturé vendredi au-dessus de 36 000 points, proche d’un record historique (bien sûr, avec une une perte d’environ 20%, corrigée de l’inflation). L’or atteint un niveau record. Et le bitcoin s’échange à nouveau au-dessus de 42 000 dollars. Bloomberg rapporte :

« La crypto-monnaie la plus importante a augmenté de 6,1% pour atteindre les 42 144 dollars à 11 heures ce lundi à Londres. La dernière fois que le Bitcoin a atteint ces niveaux, c’était en avril 2022, avant l’effondrement du stablecoin TerraUSD qui avait accéléré la déroute des actifs numériques. Il est en passe de réaliser sa plus forte progression annuelle depuis 2020. »

Bien sûr, nous pourrions nous tromper. Peut-être que l’économie est vraiment saine. Peut-être que la valeur des actions et des obligations augmente réellement, reflétant la prospérité générale de notre époque.

Peut-être… mais il est plus probable que nous soyons encore dans cette phase de transition, d’une grande tendance à une autre. Nous avons laissé derrière nous une période (marquée par des taux d’intérêt très bas avec peu d’inflation) ; nous ne sommes pas encore totalement entrés dans la suivante (où la menace d’une inflation plus élevée pèse sur la politique de la Fed). Entre-temps, tout peut arriver.

Mais la semaine dernière, nous avons assisté à quelque chose d’autre, quelque chose de plus profond et de plus dangereux : la révolte des masses.

Une compréhension superficielle

Comme nous l’avons vu, l’immigration est un sujet brûlant, qui fait beaucoup parler. C’est la question qui a permis à Donald Trump d’accéder à la Maison-Blanche. C’est aussi la formule gagnante de Geert Wilders. Trump compte désormais sur elle pour se relancer. Et d’autres candidats républicains tentent d’ameuter la populace, en suscitant de l’animosité envers les immigrés, mais aussi envers les Mexicains, les Russes, les Chinois, les Iraniens, les Musulmans, les démocrates ou encore les transsexuels.

L’immigration est une question « culturelle ». Très visible. Facile à comprendre… du moins superficiellement.

[Parenthèse : si certains pensent que les immigrés détruisent leurs pays d’accueil, sachez que nous avons passé la majeure partie de notre vie dans d’autres pays que le nôtre. Nous n’aimerions pas que quelqu’un nous dise où vivre ; nous lui rendons donc la pareille.]

Dans un monde parfaitement libre, les gens se rendraient où ils veulent, sans aide, ni entrave du gouvernement. Mais nous ne vivons pas dans ce monde. Dans notre monde, l’immigration est une question politique, liée à la main-d’œuvre, au logement, aux systèmes de protection sociale, à la criminalité et à d’autres sujets. Et comme toutes les questions politiques […], elle est entourée d’un tissu de mensonges et de propagande […].

L’immigration profite aux classes dirigeantes, détentrices d’actifs. Elles bénéficient d’une augmentation de leurs ventes, d’une baisse des coûts salariaux et d’un plus grand nombre d’électeurs à leur service. C’est pourquoi elles continuent de l’imposer, que les électeurs le veuillent ou non.

L’immigration pourrait également être la clé de la protection du système de sécurité sociale des Américains. L’ensemble du programme est un système de Ponzi. Il a besoin d’un afflux de nouveaux cotisants pour rester solvable. Les nouveaux immigrants peuvent donc aider à payer les pensions des retraités nés dans le pays.

Canceled, condamnés, emprisonnés

Outre l’immigration, les élites défendent une multitude de choses, que les masses ont du mal à digérer. Le financement des opérations de changement de sexe, par exemple, même au sein de l’armée. La plupart des gens n’apprécient guère non plus que des femmes « trans » participent à des compétitions sportives avec des femmes nées femmes. Et ils n’aiment pas qu’on leur dise quel pronom utiliser lorsqu’ils s’adressent à d’autres personnes. Ils pensent qu’il s’agit d’un non-sens.

La parole est devenue un autre champ de bataille entre les élites et les masses. La plupart des gens pensent qu’ils devraient pouvoir dire ce qu’ils veulent, sans craindre d’être étiquetés, censurés, canceled, condamnés à une amende ou emprisonnés. La « liberté d’expression » est inscrite dans la Constitution américaine, après tout. Mais les élites veulent contrôler les pensées des masses… et elles commencent par contrôler qui peut dire quoi à qui.

L’exemple le plus récent est l’utilisation généralisée de l’épithète « antisémite ». Une personne décente pourrait désapprouver les deux parties dans le massacre entre le Hamas et Israël. Et comme au moins dix Palestiniens sont tués pour un Israélien, elle pourrait commencer à se demander qui subira le jugement du Ciel. Elle pourrait aussi ne condamner que les Palestiniens. Mais malheur à ceux qui accusent les Israéliens de massacres. Ils sont traités d' »antisémites ». Ils perdent alors leur emploi. Leurs annonceurs les quittent. Leurs honoraires de conférencier disparaissent. Leurs contrats sont annulés. Bref, ils disparaissent de l’élite.

Quel que soit le sujet, les élites pensent détenir la vérité ultime. Les vaccins, le changement climatique, les véhicules électriques, les éoliennes, les relations raciales, le sexe, le mariage, la politique… tout y passe. Et la presse grand public les soutient. Ils « condamnent » les opinions alternatives, « dénoncent » les points de vue erronés et « scolarisent » toute personne soupçonnée de penser faux.

Antisémitisme, racisme, nazisme

Leur but est de s’assurer que vous n’ayez jamais une pensée erronée et que vous n’entriez jamais en contact avec une pensée erronée. C’est là tout l’intérêt d’utiliser des termes comme « antisémite » ou « raciste ». Il n’est pas nécessaire de discuter des problèmes. Il suffit d’étiqueter les opposants ; comme chacun sait, « on ne peut pas discuter avec un nazi ».

De même, l’accusation de « racisme » est lancée si souvent qu’elle a perdu de sa force. L’homme blanc ordinaire est censé croire qu’il est un raciste (très probablement un suprémaciste blanc et un patriarche aussi !). Que peut-il faire ? Il doit demander pardon… et s’inscrire à un cours antiraciste, dispensé par des profiteurs du racisme.

La majorité des citoyens sains d’esprit a du mal à prendre au sérieux tout ce baratin. Le commun des mortels veut bien entendu « sauver la planète », mais soupçonne l’agenda vert d’être une escroquerie. Il est convaincu de l’importance de traiter son prochain avec le respect qu’il mérite… mais décidera lui-même du degré de respect qui lui correspond.

La phrase « Tu ne tueras point » a été gravée sur la tablette de Moïse. Nous n’avons pas le souvenir qu’elle ait été complétée par « à moins que tu n’aies une bonne raison ». Mais si votre pensée est pure, juste, et approuvée par le New York Times, alors pourquoi pas ?

C’est là que réside l’abomination finale : une fois que vous avez décidé que ce sont les pensées qui comptent, plutôt que les actes, vous pouvez vous en tirer avec un meurtre.

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