On nous prédisait une reprise en « V » et un âge d’or économique au sortir de la pandémie de Covid-19… mais ces espoirs sont en train de s’évaporer. Après l’euphorie, les difficultés commencent.
Au lendemain de la crise de mars 2020, les commentateurs se sont emballés. Ils ont été impressionnés par les milliers de milliards jetés/largués sur l’économie mondiale… et ils ont prédit d’abord une reprise forte, en forme de « V », puis une nouvelle période d’âge d’or comme dans les années 1920.
J’ai démonté ces croyances et expliqué que l’âge d’or, ce n’était ni pour demain ni pour après-demain.
Certes, il y allait avoir une période euphorique puisque le célèbre bol de punch était à nouveau rempli – et il fallait s’attendre à une reprise courte, mais spéculative. J’ai commis un texte volontairement provocateur pour expliquer tout ceci, je vous invite à le relire en cliquant ici.
Nous sommes toujours en tendance déflationniste de long terme : rien n’a changé. Nous sommes en fin du grand cycle du crédit qui a pris naissance en 1945, nous jouons les prolongations grâce à la production de crédit pourri et grâce à l’avilissement de la monnaie.
Un boulet de plus en plus pesant
Ce qui a changé, c’est le poids du boulet de la déflation, c’est-à-dire le poids des dettes. Il y a encore plus de dettes dans le système, elles se sont encore rapprochées du centre du système que constituent la Fed et le Trésor US.
Le boulet de la déflation est encore plus lourd, le capital fictif de poids mort a considérablement grossi – il n’y a donc aucun espoir. La seule chance de retrouver un jour un âge d’or, c’est la crise de destruction de toute la pourriture accumulée depuis le milieu des années 60.
Pas de cercle vertueux, pas de croissance auto-entretenue…
Les années 2020 ne peuvent être un nouvel âge d’or pour le capitalisme comme le furent les années 1920 et 1950 avec des taux de profit et des investissements élevés, avec des augmentations de salaires réels, avec le plein emploi et avec une faible inflation.
Bien sûr que non.
Le mal est profond
Le mal du système est profond, il est endogène. Je le résume comme suit :
– suraccumulation de capital depuis plusieurs décennies ;
– tendance à la baisse de la profitabilité de ce capital ;
– financiarisation pour masquer et compenser la chute de rentabilité ;
– développement d’une économie spéculative et de jeu boursier ;
– grève de l’investissement productif, érosion de la productivité ;
– tentative d’augmenter le taux d’exploitation des salariés, stagnation des salaires ;
– poursuite de la financiarisation au-delà des limites de la solvabilité par monétisation des dettes des gouvernements, puis de l’immobilier, puis des entreprises, puis du levier des marchés…
– … et finalement impasse et montée du risque soit de stagflation soit d‘hyperinflation.
Voilà ou nous en sommes de la grande aventure que je décris depuis 2009.
Le « choc » actuel du côté de l’offre est en réalité la poursuite du ralentissement de la production industrielle, du commerce international, des investissements des entreprises et de la croissance du PIB réel qui s’installait en 2019 avant l’éclatement de la pandémie.
On ne vous l’a jamais dit mais la situation en 2019 était critique ; c’est pour cela que, dès la fin 2018, Jerome Powell avait fait volte-face et renoncé à régulariser la politique monétaire de la Fed. Vous savez, celle qui devait être aussi ennuyeuse que regarder sécher la peinture sur un mur !
C’était en train de se produire parce que la rentabilité du système se dégradait à nouveau dans les grandes économies. Elle était tombée à des niveaux presque historiques mettant en danger l’investissement, la croissance et la stabilité financière.
A suivre…
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]