La Chronique Agora

L’affaire Peugeot, une illustration du ratio price to book

▪ Vous savez que j’interviens de temps en temps dans Intégrale Bourse sur BFM Business pour parler… marchés pendant une heure avec d’autres intervenants. Donc le matin, j’appelle Grégoire Favet et Sébastien Couasnon, les journalistes qui animent l’émission, pour caler les sujets du jour. Il y a quelques jours, à 14h, ils m’ont rappelé, un peu paniqués : « Eric, il faut parler du price to book à 17h. Une étude vient de sortir en indiquant que le price to book est de 1 pour le CAC 40, un plus bas depuis des années. Donne-nous ton sentiment, ok ? »

Bon, eh bien… d’accord, je m’y colle !

Le price to book, c’est une notion dont on parlait beaucoup lors de mes études à Dauphine (il y a… quelques années donc). Ce ratio lie la capitalisation boursière aux capitaux propres d’une entreprise. A l’époque, il nous paraissait évident que les valorisations boursières étaient plus élevées que les capitaux propres parce que la croissance future n’est jamais prise en compte dans la situation nette comptable. Or, c’est aussi ce que la Bourse tente de valoriser. De plus, la valeur des actifs immatériels est mieux reflétée dans les cours boursiers.

Bref, durant des années, ce ratio n’avait pas grand intérêt dans la mesure où il était largement supérieur à 1,5. Il était oublié des investisseurs et le coup de fil de BFM Business m’a replongé dans un passé d’il y a plus de 20 ans. J’avais enfin retrouvé ma madeleine de Proust !

▪ Et dans l’affaire Peugeot ?
Fin juillet, grâce à (à cause de…) l’affaire Peugeot, il est largement revenu sous les feux de l’actualité. Le price to book du constructeur automobile est en effet tombé à 0,2 ; ce qui a relancé les supputations sur une future offre hostile. Mon ami Philippe Béchade m’a même appelé en me disant que la valeur de Peugeot (et de Citroën) était équivalente à zéro avec la capitalisation actuelle du groupe !

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Où serez-vous quand l’Etat-Providence finira par rendre l’âme ?
La donne économique pourrait connaître des changements radicaux dans notre pays… et pas toujours pour le meilleur. Pourtant, une poignée de Français pourrait être jusqu’à quatre fois plus riche d’ici deux ans.

Comment en faire partie ? Il suffit de suivre le guide

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En fait, les investisseurs font l’interprétation suivante : Peugeot n’est plus en état de résister à la concurrence mondiale et, ces prochaines années, des pertes abyssales vont complètement grignoter les capitaux propres du groupe. De sorte que le ratio actuel est logique et ne fait que refléter une situation qui ne peut que se dégrader…

Sauf que la société semble vouloir se restructurer en profondeur, comme l’atteste la fermeture d’Aulnay-sous-Bois — tragique pour les ouvriers mais complètement logique dans une stratégie industrielle. L’usine était complètement sous-utilisée et ses charges non amorties.

Croyez-moi, je ne verse pas dans le darwinisme social et ne veux pas revenir aux années Reagan ; mais il faut appeler un chat un chat dans un monde où la vérité est si difficile à dire : le site d’Aulnay aurait dû être fermé depuis des années.

Pour revenir à nos fonds propres, je dois quand même souligner, ami lecteur, afin d’être plus précis, que les fonds propres regroupent notamment les réserves, les reports à nouveau ou encore les bénéfices engrangés depuis des années. En théorie, plus ce ratio est faible, plus la société a de chances de faire faillite.

Dorénavant, tant que les marchés actions n’auront pas vraiment décollé, je n’hésiterai pas à calculer ce fameux price to book aux côtés du PER, de la VER/ROC ou encore du rendement.

Première parution dans Small Caps Confidentiel du 24/07/2012.

 

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