▪ « Chasse aux éléphants », « marionnettes », « haches »… Le vocabulaire employé par la maison Goldman Sachs n’est pas des plus pacifiques… ni des plus respectueux envers ses clients.
Ces expressions poétiques sont extraites du texte de Greg Smith, qui a claqué avec pertes et fracas la porte du « vampire des abysses » cette semaine. Ses révélations ont fait couler beaucoup d’encre… mais on ne peut pas dire qu’elles soient entièrement nouvelles. Elles confirment en revanche avec éclat ce que nous dénonçons depuis des années.
Philippe Béchade a parlé à maintes reprises du rôle de Goldman Sachs dans le bidouillage des comptes de la Grèce à l’occasion de son entrée dans la Zone euro — bidouillages qui ont certainement contribué au pétrin actuel dans lequel se trouvent embourbés les Grecs… et bon nombre de banques françaises.
▪ Eric Fry, de son côté, attirait le mois dernier notre attention sur les manoeuvres plutôt embrouillées des initiés de la société — manoeuvres qu’il assortissait d’un franc « vendez Goldman Sachs » :
« Lorsque les têtes pensantes de l’entreprise tentent de construire la valeur actionnariale via une stratégie de rachat des actions, elles essaient généralement d’acheter leurs actions quand elles sont en baisse… et uniquement dans ce cas », expliquait Eric. « A contrario, lorsque les responsables essaient de valoriser leur propre compte, ils achètent leurs actions de façon frénétique, quel qu’en soit le prix ».
« ‘L’investissement’ de Goldman dans ses propres actions a peut-être été exécuté avec tant de négligence et si peu de profit (jusqu’à présent) parce qu’en réalité il ne s’agit pas ici d’investir mais plutôt de hisser l’action à un niveau qui récompenserait les associés de l’entreprise, bardés d’actions ».
Une fois encore, Goldman Sachs démontre sa volonté de s’en mettre plein les poches — non pas pour le profit de l’entreprise elle-même, mais pour celui, personnel, de ses dirigeants.
▪ Une petite recherche dans nos archives m’a également permis de retrouver un article de Marc Mayor datant de septembre dernier, et montrant que l’influence de Goldman s’étend jusque sur le marché des matières premières — et plus précisément de l’aluminium, dans le cas présent.
▪ Et n’oublions pas « l’affaire » qui s’est produite en décembre 2010 : Bernie Sanders, sénateur socialiste de l’état américain du Vermont, a exigé que la Fed dévoile l’utilisation qui était faite des renflouages qu’elle distribuait avec largesse.
Et là… ô surprise :
« Rappelez-vous de quelle manière Goldman Sachs a stupéfié le monde grâce à son trading étincelant », écrivait Bill Bonner le 14 décembre 2010. « Jour après jour, les traders de Goldman gagnaient de l’argent. La société rapportait des résultats ‘parfaits’, sans un seul jour de perte.
« Tout de même, l’un des traders juniors a bien dû faire une erreur un jour ou l’autre ? Ou au contraire, un vétéran qui, après un déjeuner bien arrosé, aurait appuyé sur le mauvais bouton de son doigt gras ? Non. Pas une seule fois la machine Goldman ne s’est trompée. C’était incroyable. Presque surnaturel ».
« Qui était de l’autre côté de ces transactions, nous demandions-nous ? Avec le trading, les positions s’annulent. Un côté gagne, l’autre perd. Un pauvre pigeon a donc dû encaisser une perte pour chaque gain encaissé par les génies de Goldman. Imaginez-le en train de prendre des coups jour après jour… et revenir à chaque fois. Comment quiconque pourrait supporter autant de pertes ? Quelle sorte de lutteur pourrait se faire tabasser de la sorte et rester sur pied ? Pourtant, aucune faillite majeure n’a été annoncée. Comment était-ce possible ? Qui perdait tout cet argent ? »
« Nous n’en savons rien. Mais nous savons qui était le pigeon… les contribuables ! Sans le sénateur Bernie Sanders, du Vermont, qui a eu la curiosité d’insister, nous n’aurions jamais su ce qui est arrivé aux 1 300 milliards de dollars de renflouages de la Fed. Maintenant, nous savons. Goldman s’est servi 212 fois — quasiment tous les jours — durant la période de 12 mois commençant en mars 2009… tout en clamant à la face du monde qu’elle n’avait pas besoin de renflouage ».
Manipulations, manoeuvres et mensonges : rien de nouveau sous le soleil pour Goldman Sachs… mais peut-être que le coup de projecteur ainsi donné fera évoluer un peu la situation — dans le bon sens ?
On peut rêver…
[NDLR : Goldman Sachs n’est sans doute pas la seule, dans le monde de la finance, à agir de cette manière peu recommandable. La question, c’est comment vous, en tant qu’investisseur individuel, pouvez protéger vos intérêts face à ces « grosses machines ». C’est la mission que s’est donnée Frédéric Laurent, rédacteur en chef de Vos Finances… et on peut dire que ça ne marche pas si mal, au vu de ses performances : continuez votre lecture pour en savoir plus ! ]
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora