▪ Je n’écris pas beaucoup sur l’actualité, dans ces lignes. Il y a plus de chances que j’écrive sur un vieux livre que j’ai lu ou sur mes voyages que sur ce qui occupe les gros titres des médias. C’est en partie fait exprès.
En effet, faire trop attention à l’actualité peut endommager vos rendements — et vous empêchera en tout cas de gagner 100% sur une valeur, ce qui devrait être votre but.
En fait, vous pouvez ignorer en toute sécurité la majeure partie de "l’actualité".
Voici les trois raisons pour lesquelles l’actualité est mauvaise pour vos investissements.
1. Les actualités vous font faire des allers/retours inutiles
Un psychologue du nom de Paul Andreassen a fait un certain nombre d’expériences dans les années 80. Il a démontré, comme l’écrit le journaliste Jason Zweig, "qu’accorder trop d’attention aux actualités financières peut mener les investisseurs à faire des transactions excessives et à engranger des rendements inférieurs à ceux qui ignorent les actualités".
L’idée est d’être bien informé mais de garder votre détachement |
L’idée est d’être bien informé mais de garder votre détachement. Ne laissez pas les événements de l’actualité — comme le krach en Chine ou la crise grecque — dicter vos décisions d’achat et de vente. Pour engranger un rendement vraiment intéressant sur une valeur, il faut s’y tenir et laisser la magie de l’effet composé opérer.
C’est difficile à faire lorsqu’on s’affole sur ce que disent les journaux.
2. Les actualités concernent ce qui s’est déjà passé
C’est un autre problème lié à l’actualité : elle décrit ce qui s’est déjà passé. Des investissements réussis, cependant, ne s’occupent pas de ce qui s’est passé — mais de ce qui va se passer.
Voici un exemple pris dans le Wall Street Journal jeudi dernier. John Carney parle des résultats de Bank of America (BofA). Selon lui, BofA n’est pas bon marché. Il note que le titre s’échange moins cher que le titre JP Morgan. Cependant, "la différence reflète presque exactement la différence entre les 8,75% de rendement des capitaux propres de BofA et les 11% de JP Morgan".
En d’autres termes, BofA n’est pas aussi profitable que JP Morgan et mérite d’être moins cher. Jusque là tout va bien — mais ensuite, Carney se trompe. Il écrit : "bien que BofA ait pris la bonne direction, elle ne mérite pas encore une place à l’avant-garde de la régate des grosses banques".
Carney sous-entend qu’il faudrait acheter BofA une fois que sa profitabilité aura rejoint celle de JP Morgan. Ce n’est pas ainsi que réfléchissent les bons investisseurs. Si on attend, le titre BofA coûtera bien plus cher. Un bon investisseur achèterait BofA en partant du principe que la valeur va rattraper son retard. Il ne sert à rien d’attendre jusqu’à ce qu’on puisse le voir dans les chiffres. A ce moment-là, l’occasion sera passée.
Les actualités financières sont souvent fausses, ou du moins présentent les événements de manière trompeuse |
3. Les actualités peuvent se tromper
Ce dernier point est mon préféré. Les actualités financières sont souvent fausses, ou du moins présentent les événements de manière trompeuse. Le meilleur exemple de cela consiste à observer le résumé quotidien sur la séance de la veille. Il y a toujours une ou plusieurs raisons avancées pour l’évolution du marché ce jour-là. Ils ne peuvent pas dire "nous ne savons pas", même si ce serait la bonne réponse.
La réalité, c’est que c’est en majeure partie aléatoire. Voici une citation du livre de Sosnoff, Master Class for Investors. Il parle d’une chute de 100 points sur le Dow :
"Est-ce que deux ou trois valeurs du Dow ont chuté de cinq points ? Le dénominateur est de plus de six, c’est donc 30 points en moyenne si l’une des valeurs les plus chères perd 5 $. Avec un Dow à plus de 18 000, un mouvement de 100 points n’est que du ‘bruit’ aléatoire".
Le monde "24h/24, 7j/7" des médias financiers ne peut pas admettre cela. On voit donc des raisonnements tirés par les cheveux, de terribles abus de statistiques, des analyses "cause/effet" embrouillées et parfois même une mauvaise compréhension pure et simple de la situation. Pour un exemple sur ce dernier point, examinons la Grèce. Je pourrais écrire toute une chronique sur les idioties que les gens ont dites sur la crise grecque.
Regardons ce qu’a écrit Gene Epstein dans le magazine Barron’s le week-end dernier. Il écrit : "une catastrophe financière similaire pourrait se produire [aux Etats-Unis]". Il continue en citant le ratio dette/PIB de la Grèce et le compare à celui des Etats-Unis.
Epstein semble n’avoir aucune idée de la manière dont fonctionnent ces systèmes monétaires. Une comparaison entre les deux n’est absolument pas pertinente. La Grèce n’émet pas sa propre monnaie. Les Etats-Unis, si. En d’autres termes, la Grèce peut se retrouver à court d’euros. Les Etats-Unis ne peuvent pas se retrouver à court de dollars.
Est-il logique, dans ce cas, de comparer les deux ? Non.
Cela peut sembler simple, mais beaucoup de gens se trompent. L’idée de base, ici, c’est qu’on ne peut pas faire confiance à ce qu’on lit dans les médias grand public.