▪ Les gens en viennent à penser ce qu’ils doivent penser quand ils doivent le penser. Mais que pensent-ils en ce moment ? Pourquoi pensent-ils que les actions valent si cher ?
Apparemment, ils sont d’avis que Janet Yellen, Mario Draghi et Haruhiko Kuroda — c’est à dire les pouvoirs en place — feront grimper les cours. La Fed a cessé les injections actives mais elle a toujours la seringue sous la main, au cas où. La Banque centrale européenne prépare les injections… dès qu’elle aura réussi à se débarrasser des Allemands. Et les Japonais — les leaders mondiaux en matière de politiques financières modernes — injectent des deux mains.
Depuis 2009, la Fed à elle seule a mis plus de 3 500 milliards de dollars au travail pour les investisseurs. Cela — accompagné de l’aide de la BCE et de la Banque du Japon… et de toutes les autres — a fait grimper les marchés d’actifs de 18 000 milliards de dollars. Les chefs d’entreprise — de retour dans leurs confortables fauteuils après les fêtes — empruntent plus d’argent pour acheter leurs propres actions. Eux, plus que quiconque, ont compris comment truquer le système de la Fed.
Les PDG du S&P ont touché en moyenne une rémunération de 11,7 millions de dollars en 2013 |
Ils profitent du crédit à taux zéro de la Fed. Ils mettent les remboursements sur le dos des investisseurs. Et ils s’accordent des bonus. C’est ainsi que l’une des merveilles du monde financier moderne se déroule devant nos yeux ébahis : emprunter à quelqu’un qui n’a pas d’argent… faire porter le crédit à quelqu’un d’autre… et empocher une bonne partie de l’argent. Les PDG du S&P ont touché en moyenne une rémunération de 11,7 millions de dollars en 2013. L’année dernière a dû être encore meilleure, bien que nous n’ayons pas encore les chiffres.
En attendant…
… Le dollar grimpe et les investisseurs étrangers placent leur argent dans les actions et les obligations américaines, à la recherche de la sécurité et du rendement dans un marché où la première est illusoire et le second est frauduleux.
Bonne chance à eux !
Tôt ou tard M. le Marché aura gain de cause. C’est toujours le cas.
Voilà qui nécessite peut-être une explication. Si les banques centrales sont toutes engagées à injecter plus d’argent dans le système (les oiseaux doivent voler, les poissons doivent nager, la Fed doit injecter)… pourquoi les actions devraient-elles baisser un jour ?
Bonne question. Sous le marché factice créé par l’intervention artificielle se trouve un vrai marché. De vrais acheteurs et de vrais vendeurs. A un moment ou à un autre, l’offre dépasse la demande. Les gens les plus intelligents dans la pièce commencent alors à s’inquiéter. Ils se dirigent vers la porte… discrètement. Ensuite, les gens un peu moins intelligents s’aperçoivent que les génies ont quitté les lieux… et eux aussi se rapprochent de la sortie. Les vendeurs à découvert augmentent leurs positions. Les prix baissent. Et bientôt, le marché est en chute libre.
C’est toujours ainsi que ça se passe. Les bulles éclatent toujours. C’est arrivé aux dot.com, à l’immobilier, aux subprime, au pétrole, à la dette pétrolière :
"Les perspectives s’assombrissent pour la dette à haut rendement américaine", déclare le Financial Times.
Personne n’échappe au cimetière. Et les marchés suivent les cycles boom-krach |
Nous n’avons pas d’informations spécifiques sur ce processus. Mais nous avons toute confiance en lui. Rien ne dure éternellement — ça, nous en sommes certain. Nous avons également foi dans certains schémas fiables de l’existence humaine. Personne n’échappe au cimetière. Et les marchés suivent les cycles boom-krach. Cela a toujours été le cas — ce le sera toujours.
Nous sommes actuellement dans ce qui semble être un cycle de boom sur les marchés. Il pourrait durer beaucoup plus longtemps… et aller beaucoup plus loin. Souvent, avant de s’effondrer, un boom de cette ampleur nécessite un bouquet final à vous en brûler les rétines. Nous supposons — et ce n’est qu’une supposition — qu’il y aura d’abord une grosse frayeur… une petite tendance à la baisse… avant que le sommet final de la bulle des actions soit atteint.
Nous nous attendons à une chute effrayante… une réaction rapide des banques centrales… et ensuite, la grande course au désastre entrera dans son dernier tour insensé.
Restez à l’écoute.