La Chronique Agora

Actions ou obligations : qui a raison ?

▪ Londres était plein de vie. Les restaurants, les bars, les musées… tout était bondé. A Hyde Park, deux Français en sueur jouaient au tennis. Des personnes au teint mat et aux cheveux sombres buvaient un thé dans un café. Des femmes vêtues de noir des pieds à la tête, avec juste une fente pour les yeux, étaient assises sur l’herbe, profitant du soleil. Une grande famille avait étalé une couverture et sorti un hookah, pique-niquant dans le parc. Un couple de Russes élancés se promenait.

Il est facile de se déplacer à Londres. Il suffit de se tenir à un coin de rue et de lever le bras. Généralement, un taxi ne tardera pas à s’arrêter.

A Paris, c’est une autre histoire. Si on veut un taxi, mieux vaut trouver une station. Et il est plus probable qu’aucun taxi ne soit disponible.

Et voilà que les taxis se sont mis en grève. Ce qui est un ennui pour quiconque veut se rendre à l’aéroport. Ah, et les trains sont en grève aussi — par sympathie pour les taxis ? Pour faire bonne mesure, les chauffeurs de taxis ont menacé de bloquer les grands axes routiers… notamment ceux qui mènent vers l’aéroport.

Ce n’est pas le moyen de se faire des amis ni de faire des affaires

Ce n’est pas le moyen de se faire des amis ni de faire des affaires. Partout dans Paris, les gens envisagent les options disponibles… Marcher ? Acheter une moto ? Faire du covoiturage ? L’épouse de votre correspondant, toujours pleine de ressources, a décidé d’ouvrir un compte chez Uber, un système de taxi alternatif. Si nous sommes satisfait, les chauffeurs de taxi auront perdu un client.

En attendant, vous vous rappelez notre prédiction pour l’économie américaine ? D’abord Tokyo, puis Buenos Aires. Telle était notre supposition quand la crise de 2008-2009 a commencé.

L’idée était simple : la crise mènerait à une stagnation économique "à la japonaise"… qui finirait par être résolue par l’inflation et l’impression monétaire gouvernementales.

Si on la confronte à la réalité des faits, cette prédiction est une invention évidente. Elle est correcte dans les grandes lignes ces six dernières années. Mais les détails manquent… dont certains sont très importants.

▪ Qui rira le dernier ?
Contrairement au Japon, le marché boursier américain s’est remis. Le rebond dont nous pensions qu’il serait limité et temporaire s’est révélé gigantesque… et se poursuit encore aujourd’hui. Les investisseurs qui ont suivi notre conseil ont réussi à éviter l’un des plus grands marchés haussiers de l’histoire. Va-t-il durer ? Est-il réel ? Qui rira le dernier ? Nous n’en savons rien. Pour l’instant en tout cas, vous n’entendrez pas de gloussements satisfaits de ce côté de la transaction.

D’un autre côté, l’économie a effectivement suivi le Japon — et continue de le faire.

La manière dont les deux phénomènes ont divergé est étrange. On a le marché boursier — qui semble nous dire que nous vivons une reprise à l’américaine. Et on a le marché obligataire — dont les maigres rendements nous murmurent des choses en japonais.

Le marché boursier est censé anticiper. Les investisseurs sont censés anticiper l’évolution des bénéfices des entreprises… qui tendent à être accompagnés d’une hausse des revenus. Les prix des actions — qui frôlent des sommets historiques — devraient signaler que des temps meilleurs nous attendent.

Une véritable reprise, cependant, fondrait sur le marché boursier comme un ange exterminateur

Une véritable reprise, cependant, fondrait sur le marché boursier comme un ange exterminateur. Elle signifierait une hausse des taux d’intérêt et des prix à la consommation — de plus en plus d’emprunteurs se faisant concurrence pour des ressources limitées. Le marché boursier ne tarderait pas à reculer à mesure que les investissements à taux fixe gagneraient en popularité.

Le marché obligataire, où les rendements sont en baisse et non en hausse, nous dit de rester prudents. Il suggère que l’économie ne s’améliore pas vraiment. Les demandes de prêts restent faibles ; l’inflation, elle aussi, restera sans doute modérée.

Que faut-il en conclure ?

Quel marché dit la vérité ?

Nous sommes d’avis que nous sommes encore à Tokyo… avec une croissance lente, des taux bas, une population âgée, une dette en augmentation et une inflation des prix à la consommation basse. Le marché boursier, en revanche, est un faux… un signe de la plus grande manipulation boursière de tous les temps.

Dans la mesure où nous y passons tant de temps, vous voulez peut-être en savoir plus sur ce qui se passe au Japon. A suivre…

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