▪ C’est devenu un lieu commun : les marchés actions et obligataire sont découplés de l’économie. Même la Banque des règlements internationaux vient de se joindre aux choristes.
Une fois cela posé, il y a deux camps et deux scénarios possibles.
Le premier camp rassemble ceux qui pensent que les marchés sont peut-être découplés de la réalité et du présent, mais qu’ils sont en accord avec le merveilleux futur qui nous attend.
Un soupçon d’optimisme, une once d’enthousiasme et roule ma poule… |
Reprise vigoureuse de l’économie américaine ; atterrissage en douceur de l’économie chinoise subtilement pilotée par les camarades capitalistes ; un peu plus d’investissement dans la recherche, dans le développement durable ou les énergies renouvelables ; un soupçon d’optimisme, une once d’enthousiasme et roule ma poule…
Ce sont les mêmes qui ont toujours pensé qu’avec un peu plus de fausse monnaie, de mauvais crédit et de régulation le monde surmontera ce qu’ils analysent comme une simple mauvaise passe.
Dans ce camp, vous trouvez Janet Yellen de la Fed ou par exemple ce grand économiste prix Nobel :
"Pour combattre cette récession la Fed a besoin de plus qu’une petite amélioration ; elles a besoin d’une explosion de la dépense des ménages pour compenser l’investissement des entreprises qui est moribond. Et pour y parvenir, comme Paul Mc Culley de PIMCO le dit, Alan Greenspan a besoin de créer une bulle immobilière pour remplacer la bulle du Nasdaq".
Paul Krugman, New York Times, août 2002
Certes, si vous achetez des actions aux ratios cours sur bénéfice actuels et avec l’inflation officielle actuelle, vous aurez un retour sur investissement dans cinquante ans ou cent ans après impôts comme le dit Bill Bonner. Mais l’espérance de vie augmente, ne craignez rien… et n’oubliez pas que la foi soulève des montagnes.
Dans l’autre camp…
… Il y a ceux qui pensent que le ré-accouplement entre les marchés et la réalité sera violent et douloureux. Ce camp se divise toutefois sur un point : il y a ceux qui pensent que le réajustement se fera sous la forme d’une déflation et ceux qui pensent qu’il prendra la forme d’une inflation-hyperinflation.
MADE IN EUROPE ! |
Dans le premier cas, on admet que les prix des actifs doivent baisser. Les actions, les obligations vont s’effondrer ce qui veut dire que les rendements vont monter, tous les rendements sauf ceux des bons du Trésor américain, considérés comme ultime refuge. C’était la thèse par exemple de Charles Gave ou Pierre Leconte du forum monétaire de Genève. Mais un certain flottement se ressent actuellement chez ces derniers.
Dans le deuxième cas, on pense que le premier camp va faire encore plus de fausse monnaie et émettre toujours plus de mauvais crédits mais que de moins en moins de personne y croiront et qu’il y aura une fuite éperdue devant la monnaie et vers les actifs tangibles.
Vous avez encore beaucoup plus à perdre si le dollar dévisse ou si l’inflation s’emballe |
Car qu’y a-t-il à gagner aujourd’hui à investir dans des bons du Trésor qui rapportent 0,12% (pour un an) et 1% pour du trois ans alors que l’inflation officielle est de 2,1% ? Il y a entre -2% et -1% à gagner, si vous parlez comme Christine Lagarde, mère de la "croissance négative". En réalité vous perdez de 1% à 2%. Mais vous avez encore beaucoup plus à perdre si le dollar dévisse ou si l’inflation s’emballe.
Charles Gave sur l’inflation aux Etats-Unis :
"Certains prix sont orientés à la hausse, ce qui est la conséquence des taux réels négatifs aux Etats-Unis.
– Ces prix font baisser le niveau de vie d’une grande partie de la population, ce qui amène à une baisse de la consommation.
– Cette baisse de la consommation va déclencher une baisse des prix d’abord sur tous les produits non indispensables que les ‘non-riches’ avaient l’habitude d’acheter, puis sur tous les autres au travers d’un ralentissement économique, voir d’une récession.
– Et il est à craindre que la Fed à ce moment-là ne décide qu’il faille continuer avec la politique des taux réels négatifs plus longtemps encore, en vertu du bon principe technocratique que la politique appliquée est la bonne, mais qu’elle n’a pas été mise en oeuvre avec suffisamment de vigueur"…
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En vert, les périodes de taux d’intérêt négatifs (rendement des bons du Trésor à un an diminué de l’inflation officielle)
En noir, le prix du pétrole
En rouge, le prix de l’indice CRB des matières premières alimentaires
▪ Que va-t-il se passer au deuxième semestre 2014 ?
Il y a beaucoup à perdre car les gens pourraient décider de ne pas garder des bons du Trésor qui rapportent moins que rien. C’est pourquoi, cette fois, au moment de la remise en concordance des marchés et de l’économie, les bons du Trésor ne seront pas nécessairement un refuge.
Je vous parie 1 $, un vrai, en argent (une pièce Silver Eagle par exemple), que nous pourrons voir au second semestre le scénario suivant :
– Hausse de l’inflation
– Ralentissement de l’économie américaine
– Contorsions verbales de Janet Yellen pour dire qu’il est hors de question de remonter les taux dans un avenir proche
– Hausse des rendements obligataires (c’est-à-dire baisse des obligations) parce que leurs détenteurs les vendent
Il risque d’y avoir du sang sur les murs des salles de marché |
Après, il risque d’y avoir du sang sur les murs des salles de marché. Si j’ai raison, vous me devrez une Silver Eagle (j’accepte aussi une Maple Leaf)… et à fin 2014, cette pièce risque de vous coûter bien plus cher que les 22 euros actuels. Soyez prudents, achetez-la d’avance.
Rassurez-vous, dans ce trade, il n’y a presque rien à perdre (l’argent est au plus bas) mais beaucoup à gagner !
[NDLR : Pour gagner et non perdre dans les turbulences qui s’annoncent, évitez ces quatre investissements bien précis : toutes les explications sont ici…]