La Chronique Agora

Actions, obligations, inflation : rien ne justifie la baisse de l’or

▪ Eh bien… Voilà qui devient intéressant. L’or s’est effondré… puis a légèrement remonté. Les actions ont chuté… puis repris du terrain.

Qu’est-il arrivé à l’or ? Personne ne le sait. On a entendu parler d’un très gros ordre de vente lundi. Mais de la part de qui ? Pourquoi ? Là encore, personne n’en sait rien.

Sur les marchés financiers, on attend la majeure partie du temps qu’il se passe quelque chose. Puis des années s’écoulent et rien n’arrive : on imagine donc qu’il n’arrivera jamais rien. Ensuite, quand il se passe quelque chose, on est complètement surpris.

Quelque chose est-il en train de se passer ? Un changement de direction majeur ? Une suite de conséquences ?

Nous ne le savons pas encore.

Tout le monde pense que le marché de l’or a changé de direction. Le marché haussier des 14 dernières années a pris fin. A partir de maintenant, c’est la baisse, disent-ils.

▪ La fin du précédent marché haussier de l’or
Mais si c’est vrai, d’autres choses doivent l’être — lesquelles ? Le dernier marché haussier de l’or a pris fin quand la Fed a changé de cap. Arthur Burns avait été remplacé par Paul Volcker. La politique monétaire souple s’était transformée en politique monétaire rigoureuse. Les taux — qui se traînaient sous l’inflation — avaient soudain été placés si haut que les taux d’intérêt réels (la différence entre les taux nominaux et l’IPC) allaient jusqu’à 5%.

"Ne pariez pas contre la Fed", dit-on à Wall Street. Ceux qui l’ont fait au début des années 80 ont été assommés. La Fed resserrait les boulons. Volcker était décidé à faire baisser les taux d’inflation. Ce n’était pas le moment d’avoir de l’or. C’était le moment d’avoir des obligations. On pouvait acheter un T-Note US à 10 ans avec un coupon de 18%. Et les taux d’intérêt (tout comme l’inflation) étaient à la baisse. Votre obligation aurait vu sa valeur grimper durant les 30 années suivantes.

Par contraste, l’or a baissé… baissé… et baissé. A la fin du marché baissier de l’or, rares étaient les fanatiques de l’or encore solvables… ou sobres.

▪ Et aujourd’hui ?
Que fait la Fed actuellement ? A-t-elle fait demi-tour ? Ben "Bulles" Bernanke a-t-il été remplacé par un farouche adversaire de l’inflation ? Le FOMC a-t-il juré d’arrêter d’imprimer de l’argent ? La politique monétaire la plus souple de l’histoire des Etats-Unis a-t-elle cédé le pas à une politique dure ?

Non.

Le marché haussier des obligations a-t-il pris fin ? Les taux d’intérêt les plus bas depuis un demi-siècle ont-ils soudain pris le chemin de la hausse ?

Encore non.

Alors qu’est-ce qui a changé pour inverser la direction fondamentale du marché de l’or ? Rien, à notre connaissance. Au lieu de ça, la Banque du Japon a récemment rejoint les banques centrales des Etats-Unis, de l’Europe et de la Grande-Bretagne, promettant de continuer à imprimer de l’argent "aussi longtemps que nécessaire" pour faire grimper l’inflation !

Tous les grands gouvernements du monde occidental ont de profonds déficits. Toutes les grandes banques centrales impriment de l’argent. Et tous les épargnants sont, pour reprendre une expression de Davis Stockman, crucifiés par les taux zéro.

C’est vrai aussi. Les épargnants avaient le champ libre quand la Fed a changé de direction au début des années 80. Ils étaient payés pour épargner… et bien payés.

Aujourd’hui, les épargnants sont punis. Ils gagnent moins, en intérêts, que le taux d’inflation réel. Est-ce que c’est en train de changer ?
[NDLR : Ce qui peut changer, en revanche, c’est votre stratégie ! La "punition" n’est pas inévitable pour votre épargne — il suffit de demander l’avis de spécialistes : rendez-vous le 24 mai pour enfin retrouver du rendement pour votre argent].

▪ Où est le demi-tour ?
A l’époque où le dernier marché haussier de l’or a pris fin, tout s’est arrêté net et a fait demi-tour. Les actions baissaient depuis au moins 16 ans ; elles se sont soudain mises à monter. Les obligations baissaient également, depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale ; elles aussi ont commencé à évoluer dans la direction opposée. Les épargnants étaient récompensés ; les emprunteurs, punis. Quant à l’or, il a changé de cap et s’est lancé dans un marché baissier de 18 ans.

Y a-t-il actuellement un renversement majeur qui justifierait ou signifierait au moins un changement historique du prix de l’or ?

Non.

Les banques centrales et les gouvernements sont engagés dans une stratégie bien précise. Mène-t-elle à une devise papier ayant plus de valeur ? A la stabilité des prix ? A la croissance et à la gloire ?

Ou bien mène-t-elle aux bulles, aux crises, aux booms, aux krachs et finalement à l’explosion ? D’après ce que nous voyons, les banques centrales cherchent les problèmes. Nous continuons à vouloir détenir autant d’or que possible quand elles les trouveront.

 

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