▪ A peine le marché haussier le plus artificiel, le plus déconnecté de la réalité économique, le plus anachronique de l’histoire vient-il de fêter ses six ans d’existence (le 6 mars pour Wall Street, le 9 mars pour le CAC 40 et l’EuroStoxx 50)… que des stratèges nous promettent déjà qu’il fêtera son septième anniversaire dans 365 jours (et non pas 364 car nous nous sommes bien le 10 mars 2015… mais 2016 sera une année bissextile).
A l’appui de ce glorieux pronostic, le fameux alignement des planètes : pétrole susceptible de s’enfoncer sous les 40 $, taux ultra-bas, Europe tirée par ses exportations, reprise de l’activité en Chine avec l’amorce d’un cycle de baisse de taux… A quoi vient s’ajouter comme une sorte de grondement en toile de fond — celui de la cataracte de liquidités que les banques centrales (BCE et Banque du Japon principalement) vont continuer de déverser au cours des 18 prochains mois.
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Quant aux canaux de transmission de la politique monétaire de la BCE à l’économie européenne, ils sont plus souterrains et indirects que ceux exploités par la Fed |
Pour filer un peu la métaphore de la cataracte : imprimer des milliers de milliards de dollars, de yens et maintenant d’euros en pure perte pour 99% de la population, c’est un peu comme se réjouir de voir quelques jardins reverdir grâce à la vapeur d’eau qui remonte du pied de la chute… alors que des milliards d’hectolitres vont se perdre dans un canyon (la trappe à liquidités) au lieu d’être captés en amont par l’économie réelle pour alimenter des canaux d’irrigation.
Quant aux canaux de transmission de la politique monétaire de la BCE à l’économie européenne, ils sont plus souterrains et indirects que ceux exploités par la Fed.
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Aux Etats-Unis, c’est beaucoup plus simple : l’argent fraîchement imprimé se déverse directement dans les poches des banques "systémiques" qui sont censées les répartir ensuite — au gré de leur bon plaisir — entre le casino spéculatif des marchés dérivés et l’économie réelle.
Le choix est vite vu ; un seul chiffre (ou plutôt deux) en dit plus long qu’une démonstration de type thèse de doctorat. En effet, il vous suffit de recenser les mesures gouvernementales visant à soutenir le pouvoir d’achat des ménages et à favoriser leur désendettement…
Le temps que vous cherchiez la réponse (prenez votre temps), je vous livre cet autre chiffre qui semble tellement énorme qu’il en est à peine croyable, voire carrément surréaliste… Roulement de tambour et coup de cymbale : 529 !
Oui, les banques centrales de l’ensemble des pays développés, dont les décisions pèsent sur la tenue des marchés financiers (actions, taux et devises), ont procédé depuis octobre 2008 à 529 mesures de soutien monétaire (baisses de taux, abaissement des réserves obligatoires des banques, assouplissements quantitatifs), selon un décompte de Bank of America.
▪ Gagner en bourse, c’est facile !
Cela correspond à un rythme de sept par mois depuis six ans et six mois… mais tout s’accélère depuis le début de l’année 2015 (la crise est terminée, c’est sûr et certain). Nous en sommes désormais à 12 annonces par mois depuis le 1er janvier.
Bien entendu, cet activisme effréné ne saurait être assimilé à une sorte de fuite en avant dans la guerre des devises, les taux négatifs et la planche à billets. C’est juste pour consolider la reprise, accompagner le rebond des économies qui se portent déjà beaucoup mieux.
C’est d’autant plus nécessaire que les planètes sont parfaitement alignées depuis plus de trois mois… et que les marchés manquent encore de gérants optimistes.
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Cela fait encore 10% de sceptiques à convertir au concept du "vous bilez pas les gars, avec les QE ça gagne à tous les coups" |
Ils ne sont que 90% au dernier recensement (78% d’acheteurs et 12% d’opportunistes qui se laissent porter par la vague)… Cela fait encore 10% de sceptiques à convertir au concept du "vous bilez pas les gars, avec les QE ça gagne à tous les coups".
Heureusement qu’avec le début des injections de la BCE hier et un euro à 1,08 $, le pourcentage d’optimistes était remonté à 92%. Avec la perspective du vendredi 13 porte-bonheur qui se profile, nous devrions atteindre les 95%.
Ouf, plus que 5% d’idiots à convaincre qu’avec le QE de la BCE, pour gagner en bourse il suffit de posséder le QI d’une huître… et un clavier ou une tablette où il suffit de presser compulsivement sur la touche "achat".