La Chronique Agora

Accusé de vol et… de violences sexistes ?

originarios, Argentine

La guerre des originarios se poursuit pour Bill Bonner, en Argentine, avec des plaintes déposées… plutôt surprenantes.

Nous sommes sur le chemin du retour en Irlande, pour célébrer le premier anniversaire de l’un de nos petits-fils.

Il était probablement grand temps de partir.

« Une plainte contre vous a été déposée à la police », nous a informé notre avocat.

« Vous êtes accusé de vol et de violences sexistes. »

Des accusations douteuses

« Hein ? »

« Bon, j’ai déposé plainte contre la veuve de Carlos, Janina. Et contre la municipalité (gouvernement local). Ensuite, j’ai demandé aux ouvriers agricoles de retirer les matériaux de construction qu’ils avaient livrés à la maison. Et donc, nous les avons juste déplacés dans un autre endroit de la ferme.

Mais elle nous a accusés tous les deux de vol. Je suis déjà allé voir le procureur pour expliquer la situation. Il était en colère car il a dit qu’on aurait dû demander la permission avant de déplacer quoi que ce soit. Mais on sait bien que l’on ne pouvait pas les laisser là. Car le temps d’obtenir une ordonnance nous autorisant à les déplacer, ils auraient déjà achevé de construire la maison… et ils vivraient dedans. Et ensuite, on ne pourrait plus jamais les en faire partir. »

Cette étrange guerre des originarios se poursuit. Au tribunal. Dans les montagnes.

Jusqu’à présent, il y a eu des vols, des biens endommagés et une bousculade entre l’un de nos employés et les originarios… mais aucune réelle violence.

Et jusqu’à maintenant, la petite vallée où nous cultivons du raisin avait été épargnée par les ennuis. Il n’y a pas de familles, là-bas, ni d’originarios, à part Janina.

Et tant que Carlos était en vie, Janina était sous contrôle. Mais Carlos a été découvert noyé dans notre réservoir, il y a deux mois.

« Et ces violences sexistes ? », avons-nous demandé.

Notre avocat a éclaté de rire.

« C’est le dernier truc à la mode qui est brandi à tout bout de champ. Cela signifie ce qu’ils veulent que cela signifie. Evidemment qu’il n’y a eu aucune violence. Vous étiez là. Elizabeth était là également. Nous avons été très polis. »

Explications

Nous avons tenté de raisonner Janina. Elle est venue dans notre petit bureau, au ranch. Nous nous sommes embrassés sur la joue. Très amicalement.

Nous avons expliqué que nous avions besoin de la maison pour quelqu’un d’autre, qui allait prendre la place de Carlos, à la vigne. Nous lui avons proposé de lui louer une maison en ville et de lui verser de l’argent chaque mois.

Elle a pleuré.

« C’est la maison où mes enfants sont nés », a-t-elle dit en sanglotant. « Je veux juste rester ici un an de plus ».

Il peut être difficile de cerner des gens appartenant à une autre culture. On ne sait jamais trop à quoi s’en tenir.

Mais nous avons eu l’impression que quelque chose ne collait pas. Elle se tordait les mains, baissait la tête, ses yeux étaient remplis de larmes… et soudain, face à la contradiction, elle a relevé la tête avec un regard féroce… comme si elle était sur le point d’attaquer.

« Vous devrez me porter pour que je parte » nous a-t-elle lancé.

« Mais Janina », a répondu l’avocat, « ce n’est pas votre maison. Elle fait partie de la ferme. Nous voulons bien vous aider, mais nous devons tout de même exploiter la ferme. Nous voulons bien vous donner de l’argent. Nous pouvons vous trouver un autre logement. Mais vous ne pouvez pas vivre là parce que nous en avons besoin pour loger la personne qui va s’occuper de la vigne. »

Cela n’avait aucun sens, qu’elle reste, ou même qu’elle le souhaite. Elle aurait été toute seule, loin de tout. Ses enfants doivent aller à l’école, qui est très éloignée de la vigne. Carlos les y conduisait en voiture, mais elle ne sait pas conduire. Et il faut deux heures, à cheval.

« Je resterai près de l’école pendant la semaine et je ne viendrai à la vigne que le week-end », a-t-elle proposé.

« Mais une autre famille vivra ici. Vous pourrez venir en visite… mais quelqu’un d’autre devra habiter dans la maison », avons-nous expliqué. « C’est un logement de fonction, cela a toujours été le cas. Et c’est pour cela que vous y viviez. Car quelqu’un doit habiter près de la vigne pour veiller à l’arrosage et à tout. Maintenant que Carlos n’est plus là, malheureusement, quelqu’un d’autre va devoir le faire ».

A suivre…

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