La Chronique Agora

Abondance de choix

** Nous avons abondance de choix ce matin, cher lecteur ; nous ne savons plus où donner de la tête. Par quoi commencer ? …

* … par la plus grande chute de Wall Street depuis le 11 septembre 2001 ?

* … par la plus grande faillite de l’histoire de Wall Street — Lehman s’est officiellement mis en faillite avec 613 milliards de dollars des dettes ?

* … par notre vieil adage : "la force d’une correction est égale et opposée à la tromperie qui l’a précédée" ?

* … par un regard sur l’ensemble du tableau… sur ce que signifie pour le capitalisme le fait que ses plus grandes entreprises fassent faillite ?

* … par le passé ou avec l’avenir ? Faut-il regarder par-dessus notre épaule et examiner la manière dont une entreprise, qui a survécu à la Guerre de sécession, aux faillites ferroviaires, aux Paniques, à la Première guerre mondiale, à la Grande dépression, à la Deuxième guerre mondiale et à la Guerre froide n’a pas réussi à survivre au plus grand boom financier de l’histoire de la finance ? Ou faut-il regarder devant nous, pour voir ce qui arrivera après que l’un des plus grands acteurs du marché des dérivés de 400 000 milliards de dollars aura mordu la poussière ?

* Allons-nous prendre le chemin le plus élevé — avec de nobles discours sur les périls de l’excès d’effet de levier ?

* Bof… non, nous allons prendre le chemin le plus bas :

* On vous l’avait bien dit !

* Oui, cher lecteur, nous regardons sombrer les maîtres de l’univers… avec une bonne dose d’amusement et même un peu de schadenfreude. Ils affirmaient être les gens plus intelligents de la planète — et demandaient à être payés comme si c’était le cas. Ils disaient rendre un grand service au monde — en "allouant les capitaux" si efficacement que nous en sortirions tous plus riches. Et bien entendu, personne ne deviendrait plus riche qu’eux. Mais qui pouvait se plaindre de leurs milliards de dollars de primes, alors que tout le monde s’enrichissait ?

* Il apparaît désormais qu’ils n’étaient pas si intelligents que ça, en fin de compte. Comme tous les bateleurs, ils n’étaient pas assez malins pour ignorer leurs propres mensonges. Ce sont eux qui ont reconditionné toute cette dette subprime — des prêts hypothécaires sur de l’immobilier surévalué, accordés à des gens qui ne pouvaient pas rembourser l’argent ; ils savaient ce qu’il y avait derrière ces "actifs mystères". Ensuite, ils ont demandé aux larbins des agences de notation de leur attribuer la note A. Et puis ils les ont acheté eux-mêmes ! Qu’avaient-ils donc en tête ? Non seulement ça, mais ils ont en plus acheté en faisant jouer l’effet de levier — de sorte que si les choses tournaient mal, leur société toute entière coulerait !

* Et à présent, les mères ne veulent plus que leurs enfants deviennent courtiers ou banquiers d’affaires quand ils seront grands. A présent, elles veulent qu’ils fassent avocats spécialisés en faillite ! Voilà où l’on peut faire fortune !

* Mais arrêtons de jubiler et essayons de comprendre ce qui se passe…

* Nous vivons une correction déflationniste. L’industrie financière a fait fortune en refilant de la dette ; à présent, elle encaisse des pertes gigantesques parce que son nantissement tourne au vinaigre, la valeur de ses actifs décline et son activité patauge.

* Merrill Lynch valait 86 milliards de dollars en janvier 2007. A présent, il se vend à Bank of America pour 50 milliards de dollars. Pourquoi cette vente ? Parce que Merrill a peur d’emprunter le même chemin que Lehman Bros. Cette dernière société valait 45 milliards de dollars en février 2007. A présent, elle ne vaut rien… ou presque rien.

* Pendant ce temps, on dit que Goldman Sachs est la meilleure firme de Wall Street. Mais elle souffre aussi. Elle est censée annoncer des revenus en baisse de 73% sur le troisième trimestre.

* C’était écrit depuis longtemps. Une fois que l’immobilier qui lui servait de nantissement a commencé à baisser en 2007, la bulle du secteur financier ne pouvait durer longtemps. Nous avons vu ce qui se préparait, et nous vous en avons rebattu les oreilles à maintes et maintes reprises.

* Mais contrairement à nos lecteurs, les investisseurs sont choqués ; ils ne se sont pas donné la peine de lire les gros titres. Ils ont vendu les actions et le dollar. L’euro a grimpé… et l’or aussi.

** En parlant d’or…

* Cette semaine, le journal Barron’s a interrogé des sages de la finance.

* "Dans un désastre total", a déclaré Peter Bernstein, "lorsqu’il y a une ruée hors de la devise papier, le plus profitable, c’est l’or… si les choses tournent vraiment mal, l’or devrait valoir plusieurs milliers de dollars l’once".

* Cette semaines, quelques investisseurs au moins ont dû voir un désastre total leur arriver. Ils ont acheté de l’or.
[NDLR. : Et il n’est pas trop tard pour faire de même — dans des conditions exceptionnelles : n’attendez pas !]

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